Au Palais d’Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd : La romancière Kénizé Mourad raconte les souffrances d’un peuple spolié de ses droits

« On a beaucoup écrit sur les Palestiniens mais on a rarement fait des livres qui leur donnent la parole », déclare la romancière à La Presse lors de la rencontre-débat autour de son livre « Le Parfum de notre terre ».

C’est dans le cadre de ses rencontres littéraires que le Lyceum Club de Carthage a accueilli ce samedi 20 avril au palais d’Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd la romancière et journaliste franco-turque d’origine turco-indienne Kenizé Mourad.

Au programme, un retour sur son livre « Le Parfum de notre Terre » publié en 2003, et sur la chute de l’empire ottoman.

L’esprit toujours à Gaza, vingt ans après la publication de son livre

« On m’a invitée pour parler de mon livre et de la chute de l’empire Ottoman, mais j’ai tenu à parler cette fois de Gaza parce qu’il se passe aujourd’hui quelque chose d’abominable. Quelque chose qui défie toute l’humanité. Hélas, il y a tellement de pays en Europe qui prennent la question avec désinvolture. Il faut dire que la presse en Europe, est complètement infiltrée par le sionisme, ce qui fait qu’elle ne rapporte pas ce qui se passe réellement », déclare la romancière à notre journal. D’ailleurs, son livre qui relate la dure réalité sur le terrain du non-respect des résolutions onusiennes par l’occupant a été boycotté par les médias en Occident.

« J’ai écrit ce livre il y a une vingtaine d’années en pleine seconde intifada des Palestiniens. À cette époque, j’en avais assez de ce que racontaient les gens et de ce que racontait aussi la presse occidentale en général. Durant quatre mois, je suis allée sur le terrain pour interviewer aussi bien les Palestiniens que les Israéliens car on a beaucoup écrit sur les Palestiniens, mais on a rarement fait des livres qui leur donnent la parole. Je crois qu’ils ont pu donc s’exprimer à travers ce livre puisque je suis des fois restées longtemps avec ces gens pour qu’ils puissent s’ouvrir à moi, ce qui a donné une image beaucoup plus exacte et réelle du problème vécu », nous confie-t-elle.

 

Mais que vaut le poids d’un livre devant le poids des bombes ? À cette question, la romancière répond à La Presse que le livre demeure l’un des rares moyens en notre possession pour se battre contre les balles.

C’est toujours la tête qui commande la main et c’est en fin de compte l’esprit qui commande le fusil. Si les esprits changent un peu, le fusil se taira.

Kénizé Mourad est née à Paris, de père indien et de mère turque. Elle a fait des études de sociologie et de psychologie à la Sorbonne avant d’être journaliste. En 1970, elle rejoint l’équipe du Nouvel Observateur.

Au début des années 80, elle quitte le journalisme et se consacre à l’écriture. Parmi ses œuvres, son best-seller « De la part de la princesse morte » (1987) qui raconte l’histoire de sa mère la princesse Selma, petite-fille de sultan, « Le Jardin de Badalpour » (1998), “Les parfums de notre terre, (2003), « Dans la ville d’or et d’argent » (2012) et « Au pays des purs » (2018).

 

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