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Traitement médiatique des questions liées aux femmes porteuses de handicap : Pousser le débat plus loin

 

« Pour que l’invisible soit visible », tel est le slogan du projet intégrant une formation pour une information ciblée du Centre de la femme arabe pour la formation et la recherche (Cawtar), destinée à la protection et l’alerte sur les femmes malentendantes et malvoyantes, face à la violence sexiste et la discrimination basée sur le genre.

Une vingtaine de représentants de différents médias (radio, presse écrite et télévision) se sont mobilisés au cours d’un atelier sur les  femmes porteuses de handicap visuel et auditif, victimes de violence. Soit deux jours de formation organisée par Cawtar à l’intention des médias : «Dans le cadre d’un projet implémenté en Tunisie avec le support et le partenariat du United Nations Trust Fund, qui est un fonds onusien pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes, se tient cette session de formation au profit des professionnels des médias sur le traitement médiatique des questions relatives au handicap visuel et auditif», résume Lobna Najjar, rédactrice en chef du centre.

Les médias, porte-voix

Les femmes victimes de la violence basée sur le genre sont devenues le fer de lance des organisations internationales pour défendre leurs droits et leur intégrité physique et morale en toute transparence et de manière humaine et éthique. «Cette formation fait partie d’un projet intitulé ‘‘pour que l’invisible soit visible’’ qui cherche à creuser davantage au sujet des femmes handicapées victimes de violence». Sans fournir des statistiques à ce sujet, étant donné que c’est une étude qualitative et non quantitative, Mme Najjar alerte sur la situation devenue alarmante des femmes handicapées qui «souffrent de discrimination et sont exposées à toute forme de violence et de maltraitance souvent dans la sphère privée », soit de la part de leur famille et de leur entourage proche.

L’approche de Cawtar se base sur l’importance d’outiller les médias pour traiter la question de la violence faite aux femmes porteuses de handicap de façon juste et équitable. Il s’agit de donner la parole aux femmes handicapées. Car on ne peut pas changer la réalité sans intervention ciblée et efficace pour refléter la situation précaire de cette catégorie vulnérable de la population tunisienne et essayer de changer la donne en leur faveur. Ces cas de violence sont amenés à être plus visibles, mieux appréhendés et plus reconnus, à même de les dénoncer de façon neutre et impartiale.

L’intérêt d’une approche fondamentale

Plusieurs champs d’intervention ont animé l’atelier pour mieux cerner et connaître les droits des personnes vulnérables, notamment celles en situation de handicap. La présentation de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, ses principes généraux et les obligations générales ont été renforcés par les mécanismes de surveillance nationaux et internationaux. Les méthodes d’engagement des médias auprès des personnes handicapées sont donc susceptibles d’évoluer. Plusieurs questions ont été abordées sur les approches du handicap et leur reflet dans les médias, les droits des handicapés tels qu’énoncés dans la Constitution tunisienne, la loi directive n° 83 de 2005 et ses modifications et les responsabilités et rôles des médias conformément aux articles pertinents de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Les droits liés aux médias par le recours aux articles pertinents 8, 9, 16 et 21 dans cette Convention, ont été résumés. Ainsi les obstacles dans la vie quotidienne des personnes porteuses de handicap ont été signalés comme la qualité de l’infrastructure, le problème de mentalités de la société, le manque de connaissances des exigences du Code de la route en faveur des handicapés et leur protection. D’ailleurs, l’article 2 de la loi n°83 de 2005 qui a été passé à la loupe, lors de l’atelier de formation, stipule ce qui suit : «Est personne handicapée, toute personne qui a une déficience permanente dans les aptitudes physiques, ou mentales ou sensorielles d’origine congénitale ou acquise qui limite son aptitude à accomplir une ou plusieurs activités quotidiennes de base, personnelles et sociales et qui réduit les chances de son insertion dans la société». Le problème réside dans la perception de la part de la société des personnes handicapées face à leurs difficultés et leurs risques d’accidents. D’où l’intérêt de rappeler les principes généraux liés aux droits des handicapés, citoyens à part entière.

Par ailleurs, le formateur Bassam Mustafa Aisha, consultant international expert dans le domaine des droits de l’homme, a fait remarquer que cet atelier est, en fait, très spécialisé. Il développe son argumentaire : « Concernant le traitement médiatique des femmes malvoyantes et malentendantes qui ont survécu à des violences sexuelles, il n’est pas possible d’approfondir un tel sujet, sans se baser sur une approche fondamentale qui tient à la notion de handicap, sa nature et les principes et droits y liés». Et de souligner que la Tunisie a été le premier pays au monde à soumettre le rapport initial sur son engagement à la mise en œuvre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Cela témoigne de l’ampleur de l’engagement de l’Etat tunisien en faveur du système des droits des personnes handicapées.

Difficultés d’accès à leurs droits

Toutefois, ces handicapés sont confrontés à des problèmes d’intégration sociétale, soit des difficultés d’accès à l’administration, aux équipements, aux moyens de transport, aux moyens de communication. Et d’autres d’ordre culturel et discriminatoire. Mais la situation met en avant le statut de handicap, ce qui empêche une personne de jouir de droits sur la base de l’égalité avec les autres et non sur la base de ses capacités. Parce que nous avons tous des capacités différentes. Il n’est pas possible de distinguer les personnes, en fonction de leurs capacités. Ceci est considéré comme une violation des droits.

«Pour supprimer ces barrières environnementales, nous devons appliquer un principe appelé accessibilité. Ce qui est un enjeu stratégique, au niveau de la planification, et dans l’environnement.  L’autre problème est celui de l’accommodement raisonnable. Ce sont les mesures et actions que nous prenons maintenant, en fonction des besoins de la personne handicapée. Accepter la diversité et respecter la dignité de l’autre», conclut M. Aisha. Ces principes sont considérés comme des lignes directrices pour l’application de tous les droits et l’objectif stratégique pour un traitement juste et équitable. Un message implacable qui est porté par des associations telles que Cawtar qui luttent pour faire appliquer pleinement les droits des personnes vulnérables, comme celles en situation de handicap. Ainsi, Cawtar prône l’égalité des sexes et genres.

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