Les handicapés sont toujours mal lotis et défavorisés en Tunisie dans la mesure où ils ne trouvent pas de travail pour se faire un revenu régulier, et ce, malgré leur bonne volonté. En effet, toutes les portes des entreprises leur sont fermées or souvent ces personnes travaillent mieux qu’une personne ordinaire. Bien que la loi fasse obligation aux entreprises qu’au moins 2% de leur effectif soient dédiés à l’embauche d’une personne ou deux présentant un handicap physique disposant d’un talent confirmé et d’une formation poussée dans un métier, la réalité est tout autre.
D’ailleurs, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Ugtt a déclaré, récemment, que « les personnes handicapées sont toujours privées de leur droit au travail au vu du taux de chômage particulièrement élevé chez cette catégorie, qui s’établit à 40%, selon les chiffres officiels et à 60%, d’après les indicateurs des organisations qui les représentent, soit trois à quatre fois supérieur au taux enregistré dans le reste de la population active ».
C’est un constat d’échec des politiques successives mises en place par les autorités publiques qui ne sont pas parvenues à intégrer une bonne partie de cette population dans la vie active. A noter que les handicapés sont divisés en plusieurs catégories dont celle qui concerne les personnes qui ont un handicap léger et qui peuvent assumer les tâches qu’on leur demande sans problème. On compte aussi les handicaps plus profonds mais qui n’empêchent pas les personnes touchées de travailler comme, à titre d’exemple, répondre au standard, faire des appels téléphoniques pour les malvoyants. Les handicapés moteurs peuvent coudre, saisir des documents sur ordinateur, faire des recherches sur le web, fabriquer des objets d’artisanat.
Donner la place méritée au handicapé
De plus, l’expérience a montré que la personne portant un handicap est plus appliquée dans son travail et ne passe pas une grande partie de son temps à discuter de la pluie et du beau temps avec ses collègues. Tout ce qui l’intéresse c’est de s’acquitter de son travail à la perfection et de produire toujours plus pour se faire distinguer par ses supérieurs. C’est un défi que les handicapés veulent relever quand ils sont recrutés dans une entreprise. Un Colloque national sur « les droits civiques des personnes handicapées dans la Constitution de la deuxième République » a eu lieu, récemment à Sousse, et a permis d’examiner de long en large les problèmes auxquels fait face cette catégorie marginalisée de la population.
L’objectif de cette manifestation était de sensibiliser les parties concernées à l’importance de la consécration effective du droit des personnes handicapées à la vie publique. Noureddine Taboubi a souligné que « la réalité reste à la traîne des textes juridiques en termes de préservation des droits civiques, politiques, économiques et sociales de l’ensemble des individus incluant les personnes porteuses de handicap ». Plusieurs handicapés sont, d’ailleurs, dotés d’un savoir-faire et d’un talent inné dans plusieurs domaines comme la littérature, la musique, la psalmodie du Coran et le dessin. Même les malvoyants ont montré des prouesses dans les métiers de l’art et de la créativité. Les chefs d’entreprise ont tout à gagner en les recrutant, eux qui sont soucieux de rentabilité, de productivité et du travail bien fait. Il serait dommage de voir des personnes portant un handicap demander l’aumône ou faire appel à leurs parents pour leur donner l’argent de poche, chaque jour. Au final, l’on constaste hélas que la loi n’est pas appliquée
Des ambitions en l’air
Les ambitions des handicapés sont illimitées mais restent suspendues en l’air. Ces derniers rêvent toujours d’un emploi qui corresponde à leur profil, un revenu régulier leur permettant de subvenir ne serait-ce qu’à une partie de leurs besoins. Mais entre le rêve et la réalité le fossé est très large puisque personne ne semble s’intéresser à cette catégorie de la population et peu de gens leur donnent la possibilité de prouver leur compétence et leur talent. Même au niveau des administrations publiques et des institutions de l’Etat, les responsables s’intéressent peu aux handicapés quand il s’agit de les recruter !
Le secrétaire général de l’Ugtt a appelé à l’application effective des dispositions de la loi d’orientation de 2005 révisée en 2016 portant à 2% l’obligation de recruter les personnes handicapées dans le secteur public. Dans le domaine de l’enseignement supérieur, les résultats ont montré plus d’une fois que les handicapés réussissent leurs examens et comptent parmi les lauréats du baccalauréat et des diplômes supérieurs les plus méritants, car quand le handicapé se fixe un objectif aussi ambitieux soit-il, il fait tout pour l’atteindre même les exercices les plus difficiles.
Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, s’est montré rassurant quant à l’engagement du gouvernement à œuvrer dans le sens du respect de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Il s’agit aussi d’adopter des mesures adéquates incluant les législations, les programmes et les mécanismes appropriés pour leur faciliter l’accès à l’emploi, l’inclusion économique et les encourager à pratiquer des activités sportives, culturelles et de loisirs. A noter que le 19 mars dernier, plusieurs mesures en faveur des handicapés ont été annoncées par le chef du gouvernement dont l’exemption de cette catégorie de la condition de l’autofinancement, lors de la demande de prêts bancaires pour lancer des micro-entreprises. L’Etat s’est dit prêt à prendre en charge les dettes des associations actives dans la protection des handicapés auprès de la Caisse nationale de sécurité sociale, soit 500 mille dinars sans compter la remise de 30 bus aux associations concernées.