Retrouver la maîtrise des flux migratoires

Editorial La Presse

 

Les récentes opérations d’évacuation de migrants irréguliers de bâtiments qu’ils ont illégalement squattés ont été perçues par des défenseurs des droits des migrants comme un durcissement de ton de la Tunisie à l’égard de cette communauté. Or, la vérité est que notre pays cherche à appliquer la loi sur son sol, qu’il s’agisse de délits perpétrés par des migrants ou par des citoyens tunisiens. Protéger les personnes et les biens est bien l’une des missions de l’Etat. Certes, sur le plan humanitaire, la question du délogement des migrants inquiète les organisations internationales. Mais la Tunisie apporte soutien et accompagnement à ces migrants dans la limite de ses moyens en coordination permanente avec les organismes locaux et internationaux à l’instar du Croissant-Rouge tunisien, de l’OIM et de l’Unhcr.
Le tollé provoqué à cause d’une présence massive de migrants irréguliers à Sfax par exemple ne découle pas du fait que la société tunisienne n’accepte pas la différence ou qu’elle soit xénophobe. Bien au contraire, la Tunisie, qui a accueilli par le passé des réfugiés russes, serbes, juifs, andalous ou espagnols, ne peut être taxée de pays renfermé sur lui-même. Mais les délits, les agressions, le trafic de dons d’organes qui sont l’œuvre de réseaux de traite de personnes sont à l’origine de ce cri de détresse des citoyens.
De plus, la Tunisie a clairement exposé son point de vue sur la question de la présence de migrants irréguliers sur son sol. Notre pays n’est pas contre l’immigration qui se fait dans le cadre de la loi. D’ailleurs, des milliers d’étudiants subsahariens poursuivent leurs études en toute quiétude dans notre pays. D’autres viennent se faire soigner. A ce propos,  il faut faire attention à ne pas traiter de la même manière les immigrés qui respectent les procédures et ceux qui ne les respectent pas. Ceux qui respectent l’Etat de droit doivent être respectés.  Les autres qui sont entrés illégalement sur notre sol n’ont aucune vocation à s’y installer durablement. Mais pour faire face à une immigration subie, il faut d’abord retrouver la maîtrise quantitative des flux. C’est une condition impérative si nous voulons restaurer le droit et la justice. Pour cela, notre pays a eu le courage de le dire crûment : ni transit, ni installation. Cependant, nos valeurs humanitaires nous commandent de traiter comme il se doit les migrants irréguliers en attendant leur rapatriement. Chose qui n’est pas simple mais qui incombe à l’Etat qui est le seul habilité à coordonner ses actions avec les autres partenaires. De ce fait, les ONG ou autres associations locales ou internationales se doivent d’opérer dans ce cadre réglementaire et de respecter la décision nationale souveraine en la matière. Toute dérive est non seulement une violation mais est aussi un ajout à la vulnérabilité de cette communauté.

Laisser un commentaire