Le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) a présenté, hier, son dernier rapport portant sur l’état de la liberté de la presse en Tunisie, pour mettre en garde contre des menaces portant atteinte à ce principe. Dans ce sens, le président du syndicat, Néji Bghouri, s’est montré inquiet quant à la situation de la liberté de la presse en Tunisie, dénonçant des intentions de la part, notamment, des politiciens et des hommes d’affaires pour exercer une mainmise sur les médias en cette année électorale. Il a appelé à ce propos à mettre fin aux tentatives d’ingérence du pouvoir exécutif, des partis politiques, des groupes d’influence et de l’argent sale dans l’activité des médias tunisiens.
«Même si la Tunisie constitue une exception dans la région en matière de liberté de la presse, ce principe reste menacé, notamment par les politiciens qui veulent transformer le paysage médiatique en une arène de règlements de comptes. La liberté de la presse est connue comme étant l’un des rares acquis de la révolution, nous sommes libres, mais jusqu’à quand ?», s’est-il demandé, affirmant qu’en Tunisie, «la liberté de la presse est une réalité palpable, mais malheureusement précaire».
Le rapport du Snjt, qui couvre la période s’étalant du 3 mai 2018 au 3 mai 2019, a fait état de réelles inquiétudes quant au pouvoir de l’argent politique qui serait exercé sur les médias tunisiens. De même pour les intimidations et les agressions visant les journalistes qui se sont poursuivis tout au long de cette année, ce qui constitue un indicateur négatif témoignant d’une régression des libertés de la presse, précise encore ledit rapport. Durant cette période, 200 journalistes ont subi des atteintes et des agressions, notamment pour ce qui est du droit à l’accès à l’information, des fonctionnaires, des citoyens et des agents de l’ordre étant les principaux agresseurs.
On fait état également d’une précarité de la situation des journalistes, ce qui explique les cas de congédiement injustifié recensés qui atteignent les 150. Plus de 400 autres cas de non-paiement et retard de salaires sont parvenus également au syndicat durant la période de l’élaboration de ce rapport annuel. Le rapport dénonce en particulier la situation précaire des correspondants régionaux collaborant avec divers médias, dont ceux à vocation publique. Cette précarité s’accentue par le non-paiement ou le retard de paiement de leurs salaires.
Absence d’une vision claire
Néji Bghouri, qui s’est félicité de l’entrée en vigueur et la publication de la convention collective des journalistes tunisiens signée en janvier dernier avec la présidence du gouvernement, estime que les menaces qui pèsent sur le secteur s’expliquent également par l’absence d’une vision claire et de révision des lois organisant le secteur et les atermoiements dans la mise en place des instances de régulation, dont notamment la nouvelle instance de régulation des médias audiovisuels.
Bghouri a appelé à cet effet l’Assemblée des représentants du peuple à examiner le projet de loi relatif à l’organisation du secteur audiovisuel et octroyant des prérogatives concrètes à la nouvelle instance constitutionnelle car, d’après ses dires, il existe une situation confuse en ce qui concerne la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) dont la mission touche à sa fin après l’écoulement de six ans d’activité, comme le stipule le décret-loi 116.
Pour sa part, le président de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux, Taïeb Zahar, a exprimé ses inquiétudes quant à un éventuel recul des libertés dans le domaine de la presse et des médias, affirmant qu’il manque encore une volonté politique pour appuyer les médias en vue de créer des contenus médiatiques fiables et de qualité. Pour lui, tout passe par un appui financier, notamment à la presse écrite et électronique, qui connaît une situation difficile, selon ses dires, appelant à créer un fonds pour aider les organes de presse écrite et électronique.
Des télévisions qui risquent l’effondrement
Présent également lors de la présentation du rapport sur la liberté de la presse pour l’année 2019 élaboré par le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), le président du syndicat des chaînes de télévision privées, Lassaâd Khedher, a dénoncé la situation financière des télévisions tunisiennes, qui connaissent, d’après lui, une crise. D’ailleurs, «certaines chaînes risquent la fermeture dans quelques mois», a-t-il alerté, et ce en raison de l’absence de fonds et de revenus publicitaires assurant leur viabilité.
Il a rappelé dans ce sens que le syndicat attend, depuis janvier dernier, la tenue d’un Conseil ministériel pour revenir sur le paysage audiovisuel tunisien et notamment la situation difficile des télévisions tunisiennes. «Ce que nous demandons, c’est une vision claire pour le secteur, d’autant plus qu’elles contribuent à la création de postes d’emploi», a-t-il appelé.
Citant l’affaire Nessma, Khedher a sévèrement critiqué son patron Nabil Karoui, l’accusant d’avoir exploité son média à des fins politiques en «instrumentalisant le malheur et la pauvreté des gens».
« Un média n’a pas à distribuer des aides aux personnes qui ont en besoin, ce n’est pas sa mission et il est strictement interdit d’utiliser un média à des fins politiques, les apparitions médiatiques de Nabil Karoui sont inacceptables », a-t-il noté.
Adnen charbib
4 mai 2019 à 13:31
European governments put pressure on tunisian government to close down Nesma tv and zitouna
I am in the same situation as Julian assange.
Information from reliable source.
European government put pressure on tunisian government to close down nesma TV since October 2014.