L’injection de viandes rouges importées sur le marché local est de la poudre aux yeux
Oui, c’est la colère noire dans les rangs des consommateurs. Et pour cause, la flambée des prix de la viande rouge, allant crescendo. Nos ménagères ont cru au père Noël en pensant que ces prix allaient «revenir à de meilleurs sentiments» et devenir au moins à la portée de la classe moyenne, entendez très moyenne ! Ceci, après l’annonce urbi et orbi de l’importation, à un rythme continu, de quantités de viande rouge, espérées suffisantes pour la régulation d’un marché de plus en plus biaisé.
Depuis, tout le monde attend l’impact heureux de cette mesure. Et, telle sœur Anne, l’on ne voit rien pointer à l’horizon! Le mercure a paradoxalement grimpé jusqu’à 28 ! (entendez dinars et non degrés), «à l’ombre» des boucheries de certains quartiers huppés de la capitale!
Un coup d’épée dans l’eau !
Il s’agit hélas d’un coup d’épée dans «l’eau trouble» du marché du «produit de luxe»! C’est la réalité du terrain qui nous le prouve sans équivoque. Les dindons de la farce sont non seulement les consommateurs, mais aussi les bouchers eux-mêmes. Que la mévente et le rythme d’abattage ont fait dégringoler à pic leurs recettes journalières. De guerre lasse, certains d’entre eux, ne rentrant plus dans leurs frais, ont dû fermer boutique et remettre, la mort dans l’âme, le tablier blanc, tacheté de sang !
De la poudre aux yeux
Cela dit, d’habitude, les importations de viande dans de pareilles circonstances sont de l’ordre de 3 à 5 % du besoin annuel national, selon les vétérinaires ayant eu, par le passé, à encadrer et piloter ce genre d’opérations. L’injection de ces stocks, reconnus par les connaisseurs dérisoires et insignifiants, n’est pas plus que de la poudre aux yeux. Histoire de donner des signes voulus dissuasifs à ces êtres parasitaires faisant de la spéculation leur raison d’être. Se tuant et s’exténuant pour brasser des mille et des cents en se «greffant» au circuit de distribution, faussant le mécanisme classique régulateur de l’offre et de la demande effectives et réelles.
Cette fois-ci, l’opération «SOS consommateur !» a fait notoirement chou blanc! Le pourquoi?
Tout bonnement, l’on n’a pas pu et su endiguer le fléau de la contrebande en serrant l’etau sur les contrebandiers et en se dressant contre les myriades de camionnettes allant, sans coup férir, combler le déficit de nos voisins en viande rouge. C’est dire que nous n’avons pas les moyens de notre politique. C’est dire, en revanche, que, en faisant la politique de nos moyens, l’on fait l’affaire des margoulins et le bonheur de nos voisins…
Sans cela, comment expliquer la persistance irréversible d’une flambée, jamais connue par les annales de notre pays?
Faute de grives…
Et, comme «un malheur n’arrive jamais seul», bonjour les dégâts au niveau du commerce de la viande blanche ! Lien de causalité oblige!
«Faute de grives, on mange des merles !», dit la sagesse populaire française.
Les consommateurs n’ayant plus les moyens de se payer un repas copieux de couscous au gigot d’agneau ou de veau, se contentent d’un vulgaire couscous à la dinde ou au poulet. Dont les prix ont évidemment eu, eux aussi, au fil du temps, tout le loisir de faire notre déplaisir de grimper à foison !
Au final, mon Dieu que faire pour nous sortir de cette galère, devant les difficultés de verrouiller nos frontières et l’inefficacité du numérotage des têtes bovines et des «boucles d’oreilles»? La balle est encore et toujours dans le camp de nos boucliers. Le problème demeurant entier.