Quelques mois après sa rupture avec le bureau fédéral de la FTF, Bilel Foudhaili revient, avec un peu de recul, sur sa décision tout en évoquant la situation délicate du Club Africain ainsi que la mauvaise passe par laquelle passe l’Olympique du Kef.
Avec du recul, regrettez-vous votre départ du bureau fédéral ?
Je n’ai pas de regrets. C’était une décision consciente, mûrement réfléchie et basée sur des considérations et des convictions.
Au sein même du bureau, plusieurs collaborateurs ont tenté d’infléchir ma décision, arguant que de l’intérieur, j’aurais pu faire pencher la balance. Néanmoins, il faut avouer qu’il était quasiment impossible de lutter contre des moulins à vent… Vous savez, la majorité des membres du bureau fédéral s’efforcent de servir leurs intérêts personnels et les intérêts de leurs clubs.
Il est impossible de travailler dans des conditions pareilles.
Au départ, j’étais optimiste, ambitieux et constructif à l’envi.
Sauf que la majorité des membres fédéraux qui étaient avec nous, dans l’opposition comme on dit, ont brusquement fait volte-face.
Du coup, il était impossible pour nous de continuer dans cette atmosphère suspicieuse. Ma démission coulait donc de source.
Le patron de la FTF est-il un hyper président ?
Assurément, il prend des décisions majeures et décisives sans tenir compte de l’avis des autres membres. C’est la politique de l’échange de bons procédés. Tu m’es redevable donc je te renvoie l’ascenseur et ainsi va la vie…Tout le monde pense à ses propres intérêts. Sans exception aucune! L’intérêt du football national est le dernier de leurs soucis ! Concernant les clubs, ils sont également incapables de réagir, de faire face et de contrer le président de la FTF. Celui qui conteste une décision le paiera très cher. Les sanctions vont pleuvoir et l’avenir sera incertain…
En raison de ces dépassements, il était vraiment impossible de travailler. C’est pour cette raison que j’ai choisi de démissionner.
Ce que je reproche aussi au président de la FTF, c’est le manque de transparence. La réforme devra donc commencer par ce volet !
Quel regard portez-vous sur le Club Africain ?
Cette saison est maudite ! Les jeux sont faits et rien ne va plus.
Le CA enchaîne les désillusions et aligne les déboires. La rupture entre la base et l’exécutif clubiste est rompue.
Le club croule sous les sommations de la Fifa. C’est vraiment le spleen au Parc A ! Et dire que ce club centenaire est une institution populaire qui devrait se situer au sommet. C’est vraiment hallucinant comme notre sport-roi marche sur la tête !
Comment sortir du marasme alors ?
Il faut prendre des décisions radicales et courageuses, quitte à être impopulaire. Tout d’abord, il faut faire abstraction des rancunes tenaces et des vieux contentieux. Bref, il faut rassembler et brasser large. Et puis, il faut communiquer et échanger sans pour autant s’enflammer. Pour revenir au bureau clubiste, le président Abdessalam Younsi doit être soutenu en dépit de certaines erreurs de casting notées lors de son intronisation. La fièvre acheteuse s’est emparée de lui. Sauf qu’il n’a recruté que des seconds couteaux, du menu fretin comme on dit ! Maintenant, il ne faut pas oublier qu’il a sorti le chéquier à maintes reprises pour parer au plus urgent. C’est louable et il faut le remercier.
Ce faisant, je trouve que cette direction doit apprendre de ses erreurs et poursuivre le travail jusqu’à la fin de son mandat.
Inutile d’organiser un assemblée générale élective en fin de cette saison. Ce sera improductif.
Quid de la situation de l’Olympique du Kef ?
Le blocage de l’Olympique du Kef est d’ordre financier. Le pronostic sur le volet sportif n’est donc pas engagé.
La région est une pépinière de talents. Mais l’OK n’a pas les moyens de ses ambitions. Les catégories des jeunes sont donc délaissés pour des raisons financières. Eh oui, l’argent est le nerf de la guerre. C’est cru mais c’est comme ça. Par ailleurs, volet encadrement, les dirigeants sont aux abonnés absents.
Ce faisant, il vrai que l’ancien président a fait de son mieux en l’absence de soutien de la FTF. Il a cependant dû se rendre à l’évidence et abdiquer. Vous savez, toute la région du Kef est marginalisée depuis un bon bout de temps déjà.
Quant à moi, de par ma modeste contribution, je n’ai de cesse de soutenir mon club de cœur. L’Etat doit prévoir un véritable plan Marshall pour Le Kef car une hirondelle ne fait pas le printemps.