Sghaïer Zouita, DTN à la FTF, revient sur le niveau du championnat, la formation des jeunes de l’élite, les chances de l’équipe de Tunisie en Egypte et sa relation avec le sélectionneur Alain Giresse.
Comment évaluez-vous le niveau de notre championnat ?
Je considère que le championnat est atypique à plus d’un titre en raison d’un rythme saccadé et de trêves interminables.
Ces multiples coupures, dues essentiellement à la participation de nos clubs aux compétitions africaines ainsi qu’au changement du calendrier de la CAN et aux engagements de la sélection olympique, ont bel et bien compliqué la tâche des clubs.
Ainsi, les clubs qui participent aux rencontres à l’échelle africaine ont longuement souffert du rythme intense de la compétition, alors que ceux qui militent en Ligue 1 ont, quant à eux, subi de plein fouet les arrêts récurrents de la compétition. En conséquence, le niveau du jeu a chuté et les blessures se sont multipliées. Par ailleurs, l’on ne peut passer sous silence l’état de délabrement avancé de notre infrastructure sportive. C’est quasiment impossible de développer son football dans ces conditions.
Y aura-t-il des changements au sein des jeunes ?
Evidemment. Nous avons déjà concocté un programme fort exhaustif en ce sens. Actuellement, nous sommes en train de former le groupe de l’équipe nationale cadette (U17) et celui de l’équipe nationale junior (U19). Il faut dire que les championnats d’élite U17 et U19 nous ont permis d’identifier les jeunes talents capables de renforcer nos équipes nationales. D’ailleurs, le noyau final de ces équipes sera connu dans les semaines à venir.
La formation des jeunes joueurs de l’élite est un travail qui se fait sur le long terme. Pour cette raison, nous sommes également en train de mettre en place le noyau des natifs des années 2005 et 2003. Ils rejoindront à terme le centre de Bordj Cedria. Quant aux natifs de 2006, ils mettront le cap sur les centres de formation sectoriels.
A quand la performance et l’excellence ?
Récemment, le président de la FTF a proposé à la CAF de changer les règles de qualification des sélections des jeunes pour la CAN et la Coupe du monde. Finalement, le bureau exécutif de la CAF a adopté la proposition de la FTF et a décidé de changer les méthodes de qualification. Le nouveau règlement et les éliminatoires pour la CAN seront effectués par zone.
Ce faisant, la Tunisie disputera donc la qualification dans la région d’Afrique du Nord. Nos équipes vont avoir des chances de qualification supplémentaires pour la CAN et la Coupe du monde car elles vont éviter les grandes nations africaines.
Il faut avouer, dans cette optique, que la FTF a toujours fourni les moyens financiers et logistiques nécessaires permettant de développer les sélections des jeunes et atteindre les objectifs tracés.
Quelle stratégie pour la formation des entraîneurs tunisiens ?
Concernant la formation des entraîneurs, nous avons mis en place une nouvelle stratégie de formation qui vise en premier lieu à renforcer et entretenir nos compétences évoluant à l’étranger, et ce, à travers l’organisation de sessions d’équivalence auprès de la CAF. Sur le plan local, notre stratégie est fondée essentiellement sur la séparation entre entraîneur et éducateur.
Au niveau des jeunes, on ne parle plus d’entraîneurs.
C’est la mission des éducateurs qui veillent sur la formation technique, physique et psychologique des jeunes. Le rôle de l’éducateur est désormais incontournable au niveau de la formation des jeunes. De surcroît, nous sommes en train de former une nouvelle génération d’entraîneurs capables de succéder à l’ancienne génération. Dans ce contexte, nous visons à organiser régulièrement des stages de formation de haut niveau en Tunisie ainsi qu’à l’étranger pour former et soutenir les jeunes entraîneurs. N’oublions pas que nous œuvrons également avec le concours de la CAF à faire en sorte que nos techniciens accèdent à la licence pro.
Le joueur tunisien est-il capable d’évoluer en Europe ?
Absolument. Nos joueurs sont capables de rallier le haut niveau.
Il y a de la qualité, mais la carrière et le processus de formation sont parfois mal gérés quand le joueur atteint les séniors.
C’est une question de suivi méthodique.
Quelle stratégie pour réformer les institutions sportives ?
Il y aura des changements majeurs. Nous avons proposé aux directeurs des instituts supérieurs de sport en Tunisie de changer leur méthode de formation afin de s’adapter à l’évolution incessante du sport au niveau international. Cela dit, les programmes de formation seront rectifiés à partir de la prochaine année universitaire en vue de permettre à nos étudiants d’avoir des diplômes universitaires qui cadrent avec les attributs de la CAF et de la Fifa.
Quelles chances du Team Tunisie en Egypte ?
Nos chances sont réelles. Nous devons juste trouver l’harmonie, l’osmose et l’alchimie nécessaires à un épanouissement de groupe.
Notre équipe a une âme et de l’ambition. Mais chez les Pharaons, il faut être solide. Ce sont souvent les équipes dotées d’un mental de fer qui vont jusqu’au bout. Il faudra débarquer en Egypte avec une confiance inébranlable. Cette génération est vertueuse. Elle doit écrire l’histoire. La pression, la détermination, la confiance et la cohésion de groupe, tout doit être géré avec doigté.
Vos relations avec Giresse ?
Des relations cordiales, amicales et même fraternelles.
Alain Giresse est un meneur d’hommes, un coach compétent et un bon communicateur. Il en connaît un rayon sur le football et sur les spécificités de notre sport-roi.
Maintenant, il doit faire ses preuves avec nous. J’y crois. Croisons les doigts!