La FTF est coupable de la mauvaise préparation et de la gestion de son élite, avec cette affirmation qui fait que l’on se permet d’assurer que l’on est en mesure d’aller très loin sans qu’il y ait de véritables dispositions pour assurer un rendement digne d’une formation représentative.
De par le comportement de nos fans et de nos «analystes», il s’avère que nous sommes extrêmement influençables. Notre public se laisse facilement prendre en main par les «commentateurs» qui viennent de tous les horizons et de toutes les professions. Il est évident, qu’au niveau des techniciens auxquels on fait appel pour animer les plateaux, n’est pas Wenger qui veut, et nous retrouvons tous ceux qui sont aigris par leurs échecs, et qui trouvent l’occasion de se «venger» de leurs ex. Sans tenir compte de quoi que ce soit. Nous y retrouvons également (en Tunisie et ailleurs), ceux qui ont peut-être joué, ou entraîné à n’importe quel niveau, mais qui se transforment en stratèges.
Jouer en 4-6-8, changer en 26-32-49 sont les chansons que l’on ronronne sans discontinuer pour influencer des personnes qui se laissent embarquer par ces sornettes, alors que le monde du sport collectif (tous les sports collectifs) a énormément évolué. Le joueur est formé pour s’adapter sur le terrain et de la position de départ de l’équipe, on évolue en fonction du positionnement des joueurs adverses. Cela n’est pas le fait des entraîneurs, mais des écoles de formation qui «éduquent» les apprentis professionnels pour vivre leur match, lire le jeu et anticiper les réactions des adversaires. Et s’il y a échec, c’est au niveau des joueurs que l’on commence par demander des comptes. Un professionnel, ce n’est pas seulement une licence et un contrat. C’est un homme, un artisan qui sait pourquoi il est là.
C’est tout le contraire de ce qui se passe chez nous. Et c’est la raison pour laquelle nous nous élevons contre ce remplissage des crânes avec des formules toutes faites et contre les «analyses» qui se répètent d’un match à l’autre.
La CAN, plus difficile qu’un Mondial…
De toutes les façons des hommes comme Mahjoub, Chétali, Benzarti, Kolsi, et le reste des entraîneurs ayant eu une formation académique n’ont rien à voir avec ces empiriques qui ne peuvent qu’estimer et non pas analyser une rencontre. Ces hommes, de par leur formation pédagogique, technique et psychologique au sein des écoles de formation, en dépit de la difficulté de s’exprimer pour certains, voient juste et donnent des solutions issues de leur formation de techniciens meneurs d’hommes.
Voilà (avec tout le respect que nous devons pour leur application) pour ceux qui croient tout savoir et qui le plus souvent intoxiquent le public et l’envoient sur des sentiers battus qui ne mènent nulle part. Le froid de Sibérie ressemble à s’y méprendre à la chaleur suffocante des steppes africaines.
Tout le monde oublie que la CAN est beaucoup, beaucoup plus difficile qu’un Mondial. Dans un Mondial, tout est précis: le climat (hé oui !), l’ordre des matchs, les lieux d’entraînement, les horaires, les arbitres, les responsables devant communiquer avec les différentes parties prenantes, etc
A voir ce qui se passe dans les CAN les mieux organisées, on est bien surpris par le nombre des initiatives qui sont parachutées tout au long de la compétition.
La Tunisie, depuis l’avènement de l’actuelle direction, a pris part à quatre CAN. Au mieux nous avions atteint les quarts de finales.
L’entraîneur en chef de la fédération continue à tout diriger. Il fait tout et semble même imposer l’équipe rentrante. Le choix des joueurs est (c’est malheureusement l’avis, la conviction profonde) de son ressort. Ne parlons pas des entraîneurs et des adjoints qui ne sont là, visiblement, que pour appliquer. C’est comme à l’armée : le soldat n’a pas besoin de réfléchir. Il doit d’abord appliquer, exécuter ce qu’on lui ordonne de faire.
Nous connaissons les résultats.
Une préparation contre des adversaires choisis on ne sait comment a faussé toute la future randonnée de cette CAN. Le football irakien, ou croate, n’ont rien à voir avec le football africain. Le seul bon test a été celui livré face au Burundi.
Ne parlons pas du climat et de l’adaptation, car ce serait buter contre les excuses qui nous assureront que l’on ne peut avoir à sa disposition les joueurs qui évoluent en Europe. Même pas lors des journées Fifa ? D’accord. Mais il y a des joueurs qui évoluent en compétition nationale dont la valeur est autrement plus compétitive que ceux que l’on appelle pour des raisons qu’il serait maladroit de discuter.
Le choix des joueurs est en effet une suite de bêtises qui sont payées cash. Un Hassen qui n’a pas joué un seul match officiel avec son équipe à qui on confie le commandement d’une défense elle-même en rodage. Et on laisse sur le banc un Ben Chrifia ou un Dahmane que l’on se contente de récompenser ! Ne parlons pas de Ben Mustapha que l’on a sanctionné pour une bêtise, et qu’aucun entraîneur au monde n’aurait écarté, pour éviter de le déconcentrer davantage en l’abattant psychologiquement.
A la pointe de l’attaque, les problèmes sont aussi aigus avec un «meilleur joueur de son équipe» qui erre comme une âme en peine en attendant le ballon. Une équipe qui s’est classée douzième sur dix-huit et qui joue pour le maintien. Bien entendu, inutile de soulever le cas du football moderne où tout le monde défend et tout le monde attaque. Ce genre de joueurs attend l’arrivée du ballon dans sa zone pour effectuer les habituels slaloms qui, parfois réussissent mais qui le plus souvent se terminent par des simulations sanctionnées pour fautes imaginaires.
En fin de compte, nous sommes atterrés par la déclaration qui a fait état de la «forme» de l’équipe qui sera au rendez-vous lors du troisième match !
De l’indécence.
Un technicien est là pour que son équipe soit en forme au départ de la compétition et non le contraire. Dans le sport moderne, tout se calcule et se fait de manière scientifique. Comment peut-on sortir pareille affirmation ?
Maintenant, ces problèmes sont à résoudre. La FTF est coupable de la mauvaise préparation et de la gestion de son élite, avec cette affirmation qui fait que l’on se permet d’assurer que l’on est en mesure d’aller très loin sans qu’il y ait de véritables dispositions pour assurer un rendement digne d’une formation représentative.
Avec l’arrivée de Giresse, on pensait que cela allait changer, que l’équipe nationale allait entamer un virage décisif. C’était le mirage annonciateur de futurs orages.
Car dans tout ce magma, tout le monde se demande où est l’encadrement technique impressionnant de cette équipe nationale ?