Fraîchement recruté par l’EST au poste de directeur technique, Kamel Kolsi nous livre ses impressions sur sa nouvelle expérience, ses objectifs et son départ du Club Africain.
Félicitations pour votre nouveau poste à la tête de la direction technique de l’EST. Parlez-nous un peu de vos projets avec le club de Bab Souika ?
Merci beaucoup. J’ai été initialement contacté par des responsables du club « sang et or ». Des négociations ont été engagées depuis plusieurs semaines. Dans un deuxième temps, je me suis entretenu avec le président du club Hamdi Meddeb à de nombreuses reprises. Nous avons discuté les objectifs du club au niveau de la formation des jeunes tout en lui proposant les grandes lignes de mon plan d’action au sein du club. Le courant est très bien passé et j’ai déjà entamé mon travail à la tête de la direction technique de l’EST. Je suis très fier de faire partie de la famille espérantiste et j’espère que tout ira bien.
Justement, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre projet de formation ? Quels sont les objectifs visés ?
C’est un projet de formation dans son ensemble. Je vais mettre en place un nouvel organigramme. C’est un projet réaliste, ambitieux et qui est très bénéfique sur le plan opérationnel. Nous voulons accéder au haut niveau sans renier notre jeu, former des gagneurs, mais avec la manière. L’idée est d’avoir la même sensibilité et la même vision dans toutes les équipes. Cela facilite l’adaptation des joueurs d’année en année, mais cela permet aussi la progression constante des jeunes. Et, bien sûr, ça joue sur l’image du club et son identité de jeu. Et chaque année, on peut resserrer un peu plus les critères de sélection. Mais dans la formation, il y aussi le reste, l’éducation, le comportement et l’état d’esprit du joueur. Cela compte dans la formation. Et on a plusieurs actions éducatives au club pour permettre aux jeunes de découvrir autre chose et de s’épanouir. Un tel projet nécessite beaucoup de travail et surtout de la détermination. Hors de question de gérer toutes les catégories des jeunes, tout seul. Ce faisant, je serai épaulé par deux assistants. Il s’agit de Haithem Rouissi qui a déjà travaillé avec moi lors de mon passage par la direction technique de l’équipe nationale où il a fait un très bon boulot. Il s’occupera de l’académie du club et de la catégorie d’école. Mon deuxième assistant est Moez Ben Hassan. Il veillera au bon déroulement et l’exécution des programmes de formation mis en place. Notre objectif consiste en la bonne gestion des différentes catégories. N’oublions pas que notre mission consiste également à dénicher les oiseaux rares tout en essayant d’alimenter l’équipe « A » avec des talents formés au sein du club. Il y aura certainement de nombreux obstacles, c’est normal, mais nous allons tout faire pour bien réussir notre mission.
Comment cela va se passer sur le terrain ?
Au niveau des jeunes, nous avons plusieurs catégories. Chaque catégorie est encadrée par un entraîneur titulaire d’une licence CAF. Notre objectif est de former les joueurs de demain capables de rivaliser dans le football de haut niveau. Chaque entraîneur dispose d’un programme détaillé à mettre en œuvre. De plus, il y a un suivi quotidien des entraîneurs et des joueurs. Notre politique technique vise à développer le football de base, à l’amélioration, la détection et la formation des jeunes talents pour alimenter les catégories des jeunes. Il y a également un volet qui concerne la formation des cadres. Nous dispensons une formation continue à nos encadreurs suivant un programme rigoureux. ‘
Votre départ du Club Africain reste toujours controversé. Quelles sont les raisons de ce départ ?
D’emblée, il faut préciser que le principal facteur de réussite dans une équipe de football réside dans la stabilité. Au sein du Club Africain, les conditions de travail étaient complètement défavorables. Personnellement, je refuse de travailler dans des conditions pareilles. N’oublions pas que l’ambiance au sein du club est très tendue et même décourageante. Quand je me suis engagé au Club Africain l’année dernière, je croyais en un projet. De nouveaux joueurs arrivaient, une stratégie de formation au niveau des jeunes était mise en place et une équipe allait se créer. Tout cela prend du temps. Les premiers mois étaient bons. Mais, l’année d’après, j’ai compris que les décideurs du club avaient changé de point de vue. L’arrivée de la nouvelle direction a complètement changé la donne. Ils ont décidé de m’écarter. C’est leur choix et je l’ai respecté. À un stade ultérieur, ils m’ont contacté de nouveau et j’ai accepté le défi malgré que la tâche s’annonçait bien compliquée. J’ai donc entamé le travail tout en essayant de rectifier le tir dans la perspective de remettre le club sur les rails. En vain. La détermination, l’ambition et la volonté font défaut chez les responsables du Club Africain. Il y avait un esprit d’irresponsabilité et d’indifférence chez quelques responsables. Personne n’a affiché sa volonté et sa détermination pour changer les choses et faire sortir le club de la crise à laquelle il faisait face. Il y avait même des intrus qui circulaient aux alentours du club et qui ne cessaient de s’immiscer dans les affaires intérieures de l’équipe. Dans un environnement pareil, il était impossible de travailler. C’était insupportable. J’ai donc décidé de quitter le club.
Bon nombre de joueurs nord-africains et plus particulièrement des Algériens ont débarqué en Tunisie ces derniers temps. Comment jugez-vous ce nouveau règlement ?
D’abord, il faut dire qu’on ne peut pas d’une façon ou d’une autre jauger l’utilité de ce nouveau règlement qu’après quelques années. Il est très difficile d’évaluer sa valeur ajoutée dès maintenant. Personnellement, je trouve que ce nouveau règlement contribuera certainement au développement du niveau de notre championnat compte tenu du talent incontestable des joueurs nord-africains. Mais il faut souligner qu’à long terme, ce règlement pourrait avoir des conséquences négatives sur notre football, car la majorité des clubs a opté pour le recrutement des joueurs nord-africains sans prendre en considération les jeunes talents de notre championnat. Ce faisant, les centres de formation des jeunes au sein des clubs pourront être marginalisés. Les clubs devront donc aller chercher les talents dans leurs pépinières avant de chercher ailleurs. Finalement, on ne peut pas empêcher les clubs de profiter de ce règlement tant qu’il est encore en application.