Il y a assurément un décalage entre ce qui est souhaité, exigé et ce qui est présenté en sélection. Entre l’image qu’on veut donner de l’équipe et la valeur intrinsèque des joueurs choisis. C’est à se demander si le sélectionner se voit et se rêve ainsi en stratège ou bien en simple gestionnaire? Est-il davantage un simple utilisateur de joueurs ou encore un entraîneur qui tient à aller bien loin? Une chose est sûre: s’il sera maintenu, Giresse devrait partir du principe qu’on ne peut être bon et performant que dans ce qu’on sait faire. Autrement dit, son rôle consiste à faire ce qu’il sait faire, à apporter sa pierre à l’édifice et à doter l’équipe de ce qu’elle a vraiment besoin aujourd’hui. La façon dont il devrait faire jouer l’équipe compte aussi. En tout cas, désormais tout devrait être clair.
De toutes les façons, la période actuelle, celle qui vient après la CAN, devrait lui permettre de prendre un peu de recul dans ses positions et regarder surtout son équipe de l’extérieur. Cela pourrait être une bonne expérience car, quand on est à l’intérieur, on n’y voit pas tout ce qui se passe.
Au fait, on n’est jamais suffisamment réaliste lorsqu’il s’agit de donner son avis sur la sélection. Mais ce n’est pas parce qu’on parle beaucoup, qu’on peut faire les choses mieux que les autres. Pareil constat peut s’appliquer à la fois au sélectionneur et à ses détracteurs. Chacun, à sa façon, donne l’impression de faire du surplace. Ego, ou devoir de parole? Ici et là, on se laisse toujours prendre au piège de la tentation médiatique. Intéressante, passionnante, fascinante, intrigante, la sélection n’en finira jamais de susciter les débats, généralement sur fond de polémique. Le choix des joueurs ne fait jamais l’unanimité, les approches et les stratégies techniques aussi. Il y a et il y aura toujours des gens qui se voient plus intelligents que les autres, plus avertis ou mieux placés pour pouvoir parler de l’équipe nationale. Mais en même temps, il serait bon que le sélectionneur accepte l’idée qu’aucune équipe de football n’est parfaite, qu’il y a de bons, mais aussi de mauvais matches. Il serait bon aussi qu’il admette que même si l’objectif tel qu’il a été fixé dans son contrat (le carré d’as) a été atteint, la sélection a alterné des hauts et des bas lors de cette épreuve africaine, qu’il ne défende pas gratuitement les joueurs dont on connaît les limites et qui n’ont pas leur place dans l’équipe.
L’acte de remise en cause est avant tout une obligation plus qu’un choix. Il est censé éclairer les diverses options techniques et la façon de penser le football tel qu’il doit être exprimé en sélection. Jusqu’à présent, il n’y a pas vraiment de différence entre les nouvelles formes de jeu de l’équipe et les anciennes. Les mêmes tendances, les mêmes restrictions. Ce qui nous semble surtout inquiétant, c’est que la sélection perd de plus en plus les importants leviers qu’elle devrait avoir dans ses différentes épreuves: la créativité et la culture du jeu. Elle aurait besoin aujourd’hui de la remise en question de chacun dans le but de produire un véritable esprit d’équipe. Elle a intérêt à s’y inscrire avec tout le sérieux et la rigueur que cela impose. En football, et tout particulièrement dans le parcours des équipes nationales, la performance sportive est une chose et la persévérance en est une autre. La sélection se trouve aujourd’hui confrontée à la volonté de réussir et à la force de résister. Bien sûr selon ses moyens et le genre d’adversaire auquel elle est censée faire face. L’envie de gagner donne les victoires. D’une équipe en gestation, la sélection se doit de valoriser son jeu et tout le rendement de ses joueurs sur le terrain. L’inspiration, l’imagination et la créativité lui font toujours défaut. Mais la bonne graine est encore là.
L’image du football tunisien dépend beaucoup des résultats de la sélection. On juge, certes, aux résultats, mais aussi au jeu. Parfois le jeu avant les résultats. L’enjeu n’est jamais l’ennemi du spectacle. L’on peut pousser la démonstration jusqu’à la perfection et l’on doit accréditer l’idée selon laquelle la sélection est bel et bien le rassemblement des joueurs les plus costauds, avec une expression à base de talents additionnés. Le savoir-faire à la fois individuel et collectif de toute une équipe.
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