Accueil A la une Présidentielle 2019 – Campagne électorale : L’émulation tarde à s’installer

Présidentielle 2019 – Campagne électorale : L’émulation tarde à s’installer

Rares sont les passages, interventions médiatiques ou meetings populaires des candidats à la présidentielle anticipée du 15 septembre qui ont marqué les esprits des électeurs au démarrage de cette campagne électorale, pourtant annoncée acharnée. S’agit-il de tactiques politiques pour ne pas dévoiler ses cartes jusqu’à la fin ou d’un véritable manque de contenu, d’inspiration et d’une incapacité à convaincre ?

La campagne électorale de la présidentielle anticipée a démarré, le 2 septembre, dans des conditions normales, sans oublier les tiraillements et la tension politiques qui ont accompagné la période préélectorale. En effet, les deux premiers jours de l’actuelle campagne électorale du scrutin présidentiel se sont limités principalement à des passages télévisés dans les médias privés, des meetings populaires dans les quatre coins du pays et des visites et des tournées dans différentes villes, mais rien à retenir, à l’exception de quelques promesses électorales qui ne semblent plus séduire l’électeur tunisien.

Le rythme long qui ne renvoie pas, parfois, à l’importance d’une phase électorale du processus démocratique tunisien s’explique en grande partie par «l’acharnement politique» qui a marqué la période préélectorale, chose qui a poussé le président de la République, Mohamed Ennaceur, à estimer que la campagne électorale a démarré prématurément. En fait, les Tunisiens, en majorité, n’ont pas remarqué une grande différence entre les deux périodes, ce qui a considérablement impacté l’aspect communicationnel de cette campagne électorale. D’ailleurs, on s’attendait à un véritable show politique, où la concurrence entre les différents candidats bat son plein, mais jusqu’à présent, il n’en est rien, ces prétendants à la Présidentielle cachent, semble-t-il, leurs cartes jusqu’à la dernière ligne droite de ce marathon électoral, où jusqu’aux débats politiques qui devront donner un nouveau souffle à cette course.

Parmi les rares stratégies, mais les plus claires, adoptées par les prétendants au Palais présidentiel de Carthage l’on peut citer le démarrage des campagnes dans des villes symboles. En effet, différents candidats à la présidentielle ont choisi de lancer leurs campagnes dans des villes précises, des choix qui cachent certainement des messages politiques. C’est notamment le cas de Hamma Hammami, candidat du Front populaire, qui a lancé sa campagne à Thala, dans le gouvernorat de Kasserine, estimant que cette ville «a droit à une reconnaissance pour ce qu’elle avait donné lors du processus révolutionnaire de Sidi Bouzid et Kasserine». Pour sa part, le candidat de «Tahya Tounes», Youssef Chahed, a choisi les quartiers populaires de El Kabaria et Jebel Jeloud, où il était présent dès les premières heures de l’ouverture de la campagne, voulant transmettre ainsi un message, ces quartiers seront au cœur de son programme électoral.

Les réseaux sociaux font-ils le poids ?

Fier de son appartenance tunisoise et accompagné du directeur de sa campagne, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) par intérim et candidat du mouvement Ennahdha, Abdelfattah Mourou, a accroché, dès les premières heures de l’ouverture de la campagne, son affiche dans le quartier Bab Souika de Tunis, son fief.

Le président du parti Al Badil Ettounsi, Mehdi Jomâa, a collé, pour sa part, son affiche au Bardo à Tunis, qu’il considère une ville symbolique. Idem pour le ministre de la Défense, Abdelkarim Zbidi, qui a choisi quelques quartiers de Tunis pour lancer sa campagne, avant de se diriger vers sa ville natale, Réjich, à Mahdia.

Si certains candidats ont été assez actifs, notamment lors du premier jour de la campagne, d’autres ont été pratiquement absents, ce qui pose diverses interrogations sur leurs chances dans cette course présidentielle. Mais malgré ces diverses activités électorales observées notamment durant le premier jour, un rythme long, des meetings populaires ordinaires, des passages audiovisuels peu séduisants ont marqué les deux premiers jours de cette campagne. En tout cas, ce que nous pouvons retenir ce sont les activités sur les réseaux sociaux, grande nouveauté de cette campagne électorale. En effet, pour la première fois dans l’histoire du processus démocratique, le poids des réseaux sociaux, et notamment Facebook, se fait sentir. De ce fait, les réseaux sociaux s’imposent comme un puissant canal entre les candidats et les électeurs. Sur ces canaux, les équipes de communication des différents candidats ne manquent pas d’imagination pour communiquer, contrairement aux canaux de communication les plus traditionnels. Chacun y va de son affiche, sa méthode, de son slogan et surtout de son «Hashtag» pour acquérir une identité numérique, qui semble être pesante, notamment les choix électoraux des jeunes internautes.

A l’exception, de cette activité remarquable sur les réseaux sociaux, et notamment sur la plateforme bleue, peu sont, pour ne pas dire rares, les messages et programmes qui ont été retenus par l’électeur tunisien. En communication politique, il faut redoubler d’ardeur pour sortir du lot encore plus en période électorale. Parfois, en raison de la similitude ou de la faiblesse des offres politiques, les électeurs ont tendance à se rabattre sur la personnalité des candidats. Ainsi,  vu l’actuel rythme de la campagne qui a démarré très lentement, et la similitude des programmes électoraux, étant donné que pratiquement les discours, les promesses et les ambitions sont les mêmes, l’électeur tunisien fera, probablement, son choix en fonction du profil du candidat, de quoi redoubler d’effort en matière de démarcation communicationnelle.

 Les premiers dépassements

Les premiers dépassements dans la campagne électorale, qui a démarré, rappelons-le, lundi 2 septembre, ont été constatés à Jendouba, où des affiches ont été accrochées dans des lieux interdits. Mais Tunis 1 n’est pas en reste avec l’enregistrement de plusieurs infractions au premier jour de la campagne électorale présidentielle. Le président de l’instance régionale indépendante pour les élections (Irie) à Tunis 1, Salah Riahi, a révélé que «plusieurs infractions avaient été enregistrées, notamment au niveau de l’organisation des activités électorales par les candidats sans en avoir informé l’Irie ce qui constitue une transgression de la loi électorale». Outre ces transgressions, l’Irie a constaté que de nombreux manifestes électoraux ont été affichés dans les lieux qui ne leur sont pas réservés alors que dans la circonscription de Tunis 1 qui s’étend de Bab Bhar et Lafayette jusqu’à la municipalité de Sijoumi et El Jayara, 172 espaces ont été réservés aux candidats pour afficher leurs portraits et leurs manifestes électoraux. Même son de cloche chez l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), dont le membre Farouk Bouasker assure que le nombre des dépassements n’a pas été important au premier jour de la campagne. « Les infractions sont relatives à l’accrochage d’affiches en dehors des zones réservées à cet effet. Nous avons aussi constaté la dégradation de certains portraits de candidats. D’un autre côté, l’Isie n’a pas été informée de l’activité de certains candidats», a-t-il expliqué.

Pendant ce temps-là, la société civile continue à faire le contrepoids pour contrôler, avec les moyens dont elle dispose, les dépassements qui peuvent y avoir lieu. Il est question notamment du réseau Mourakiboun et de l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections. Les premiers constats et rapports de ces composantes de la société civile ne doivent plus tarder.

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