C’est la période du grand flou en attendant la nouvelle grille automne-hiver 2019/2020. Après les vacances d’été et leur lot de festivals, voici venue l’heure des élections présidentielle et législatives. Les talk-shows politiques sur les chaînes de télévision n’en finissent pas. Les plateaux s’étalent tard dans la soirée pour décrypter et commenter les résultats du scrutin. Chroniqueurs, politiciens et experts défilent sur l’écran pour fournir des explications aux téléspectateurs sur la portée de ces élections.
Dans la foulée, Mounira Hamdi, une chanteuse confirmée encore active sur la scène artistique tunisienne, est décédée subitement le jour même du scrutin le 15 septembre 2019. L’information est passée entre deux commentaires politiques sur certaines chaînes privées. Le service public s’est contenté de diffuser le faire-part à la fin du JT. On comprend que, pour l’heure, les télévisons aient d’autres chats à fouetter. Sans doute reviendra-t-on sur cet événement avec plus de détails les prochains jours ?
Ceci pour dire que la culture ne représente en aucun cas un souci pour les chaînes de télévision, du moins celles privées, mais même le service public ne semble pas accorder de l’importance à la culture. La culture telle que proposée sur le petit écran se résume à des reportages sur les spectacles de chanteurs dans les festivals d’été ou encore des talk-shows auxquels participent des artistes. Mais peut-on appeler cela émissions culturelles ? Il paraît évident qu’il y a confusion entre divertissement et culture.
Parler de culture à la télévision peut paraître pour certains quelque chose de dépassé, d’un autre temps. Il fut un âge d’or où la télévision publique remplissait sa mission en proposant des rendez-vous culturels fédérateurs à l’instar des culturelles de Frej Chouchane, Hassen Ben Othman, Kamel Riahi ou des ciné-clubs de Mustapha Nagbou, Moncef Charfeddine ou encore celui de Khemais Khayati. Plus récemment, la culturelle « Joumhouriat Ethaqafa » de Abdelhalim Messaoudi. Une émission orpheline diffusée tard dans la soirée sur la Wataniya 1 et regardée par une poignée de spectateurs.
Le constat est donc déplorable et ne semble pas déranger qui que ce soit notamment ceux du service public. L’espace et le temps consacrés à la culture sont quasiment nuls, pourtant, la vocation du service public est essentiellement didactique. Pourquoi un tel rejet de la culture ? Même si la demande est faible, ne faut-il pas continuer à produire des émissions culturelles susceptibles d’apporter de nouvelles connaissances aux spectateurs, les aider à mieux évaluer le monde et à développer leur regard critique pour leur permettre de ne pas être pris au piège de la manipulation exercée par des télévisions partisanes. D’ailleurs, les scores du scrutin de 2019 sont une preuve irréfutable de la manipulation qu’ont subie des électeurs qui suivent des chaînes privées à la solde de certains candidats.
Il paraît évident que le concept de culture tel qu’il est adopté jusque- là n’a plus beaucoup de sens pour la génération actuelle dont le niveau intellectuel est en net recul. «La culture pour tous», un slogan éculé ? Qui s’en soucie ?