Des parties qui le soutiennent à son programme, en passant par la question des libertés et des relations franco-tunisiennes, le candidat au second tour de la présidentielle anticipée Kaïs Saïed a tout évoqué lors de son apparition médiatique, hier, sur la première chaîne nationale.

Le candidat au second tour de la présidentielle anticipée Kaïs Saïed a accordé une interview à la première chaîne nationale Al Wataniya dans laquelle il est revenu notamment sur l’organisation de sa campagne électorale qui lui a permis de remporter le premier tour, mais aussi sur la question des libertés en Tunisie.

Lors de sa première apparition médiatique après sa victoire au premier tour de la présidentielle, Kaïs Saïed a opté pour un discours direct, toujours en arabe littéraire, pour répondre aux différents sujets, mais aussi sur fond d’accusations. Le candidat à tout d’abord tenu à préciser que sa campagne électorale est le fruit des efforts des «jeunes Tunisiens spontanés et volontaires», et qu’il s’agit d’une nouvelle dynamique juvénile créée spontanément. «Ces jeunes ont choisi de soutenir mon projet, ma vision et non pas ma personne, la question de l’ idéologie n’est pas importante tant qu’on respecte la Constitution», a-t-il expliqué. Et d’affirmer que «ces jeunes ont créé un moment historique, une sorte de seconde révolution mais dans le cadre de la légitimité constitutionnelle».

Interrogé avec insistance sur son positionnement politique, le candidat à la magistrature suprême a, à plusieurs reprises, assuré qu’il a dépassé ces questions de catégorisation politique et idéologique, affirmant que son vrai combat est d’exprimer réellement la volonté du peuple en créant des mécanismes de gouvernement décentralisés.

«Je n’utilise que Google»

Evoquant la question des pages et groupes Facebook qui le soutiennent, Saïed a expliqué qu’il n’a aucune page sur ce réseau, affirmant même qu’il ne sait pas comment l’utiliser. «Je n’utilise que Google pour faire des petites recherches, mais pour Facebook, je n’en ai aucune idée».

Pour ce qui est du soutien de certaines parties «extrémistes» dont il aurait bénéficié, il a assuré qu’il n’a demandé à personne de le soutenir, soulignant sa forte opposition à tout discours de haine et à tout acte de violence. «Je dirais que si ces parties attendent un retour sur investissement, elles ne l’auront pas car il s’agit d’un esprit libre, et je ne demande à personne de m’apporter son soutien. Je dénonce tout acte de violence et de discours de la haine», a-t-il noté.  

Pour Kaïs Saïed, certaines parties ont imposé de faux débats aux Tunisiens portant notamment sur les libertés, notant que les sujets qui doivent faire l’objet d’un engouement sont ceux qui portent sur la situation socioéconomique. «Je ne suis, aucunement, contre les libertés mais dans l’espace public nous devons respecter les principes de la société, les Tunisiens meurent de faim et nous évoquons des sujets stériles comme l’homosexualité. Chacun est libre, il fait ce qu’il veut dans l’espace privé, mais en collectivité nous devons respecter les principes de la société», a-t-il expliqué. «La question des libertés ne devra plus faire polémique, car la Tunisie est un pays qui garantit les libertés. Idem pour le statut de la femme qu’on doit, d’ailleurs, préserver et renforcer».

Un pouvoir décentralisé

Pour son programme électoral, Kaïs Saïed a réitéré son appel à la mise en place d’un nouveau régime de gouvernement décentralisé pour promouvoir l’installation de comités régionaux, car, selon ses explications, c’est le seul régime qui pourra concrétiser la volonté du peuple. En effet, prônant une décentralisation pour rendre le pouvoir au peuple, il a souligné «qu’il n’est pas là pour vendre des rêves aux Tunisiens ». Et d’affirmer que son programme électoral est issu de la volonté du peuple et que sa mission est d’assurer toutes les conditions pour le mettre en place.

A propos du volet économique, il a proposé, dans le cadre de son programme, de reprendre l’argent des hommes d’affaires qui ont volé le pays pour créer des projets comme des écoles et des hôpitaux en suivant une démarche bien élaborée, de manière que l’homme d’affaires le plus corrompu s’engage à faire des projets dans le village le plus démuni.

Le cas Nabil Karoui

Interrogé sur la situation de l’autre candidat au second tour, Nabil Karoui, emprisonné dans le cadre d’une affaire de corruption, Kaïs Saïed a assuré «qu’il se sent mal à l’aise» vu l’emprisonnement de Karoui, affirmant qu’il aurait aimé le voir libre. «Si vous me demandez de lancer un appel pour le libérer, je ne vais pas le faire car ce n’est pas à moi de le faire, c’est une question de justice, et je pourrais confirmer que cette situation me dérange, et c’est pour ce fait que j’ai évité de faire des apparitions médiatiques mais, après tout, j’ai une responsabilité devant le peuple», a-t-il noté.

Concernant la question de sa vision sur les relations franco-tunisiennes, Saïed a affirmé que certaines parties ont essayé de nuire à son image en laissant croire qu’il allait réviser les relations avec ce pays. Il a, dans ce sens, démenti ces rumeurs, affirmant que la France est un partenaire historique pour la Tunisie, et que personne ne pourra porter atteinte aux relations entre les deux pays.

Pour ce qui est des affaires de l’éventuel appareil secret d’Ennahdha et des assassinats politiques, il a assuré que les Tunisiens doivent connaître la vérité, et pour ce faire, on doit garantir l’indépendance de la justice. «Une justice indépendante est meilleure que mille constitutions», a-t-il souligné, prônant à ce titre  l’indépendance du pouvoir judiciaire tunisien.

Faisant à la fin des promesses aux Tunisiens, le candidat s’est engagé à fournir tous les efforts nécessaires pour concrétiser la volonté du peuple, renforcer les droits de la femme et appuyer la dimension sociale de l’Etat tunisien.

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