Comme prévu, le bureau de vote installé à l’école primaire de Carthage Tanit à Carthage Byrsa, relevant de la circonscription électorale de Tunis II, a ouvert ses portes à huit heures du matin pour recevoir les électeurs de cette banlieue nord de Tunis. On s’attendait d’ailleurs à une plus grande affluence comme c’était le cas lors du premier tour de la présidentielle anticipée du 15 septembre. Mais malheureusement, la réalité était tout autre.

Les habitants de la banlieue nord de Tunis, Carthage, ville historique et lieu du Palais présidentiel, ont pris la direction de ce bureau de vote, installé à l’école primaire Carthage Tanit où l’affluence des électeurs n’était pas à la hauteur des attentes. Pis encore, un désintérêt pour cet événement électoral était assez palpable.

En effet, ce bureau de vote qui compte plus de 3.300 électeurs inscrits, n’a reçu qu’une centaine d’électeurs jusqu’à 11h00 du matin, dont la plupart des personnes âgées. Effectivement, contrairement au premier tour de la Présidentielle anticipée, l’affluence était très faible aux premières heures du matin. Pas de files d’attente ni de précipitation vers les six bureaux de vote aménagés dans ce centre de vote, on pouvait facilement constater un désintérêt envers ce rendez-vous électoral d’envergure. Pour les agents de l’Instance électorale, chargés du bon déroulement de ces élections dans ce bureau de vote, on commence à s’habituer à ce constat amer. « Pour les Législatives c’est toujours comme ça, en dépit de leur importance, les électeurs ne s’intéressent pas à ce rendez-vous électoral. Car dans l’imaginaire des Tunisiens, c’est toujours la présidence de la République et le statut de président de la République qui attirent le plus, comme si on était sous un régime présidentiel», nous confie l’un des six présidents de bureau affectés dans ce centre de vote.

Et comme toujours, dans ce centre de vote, les jeunes ont brillé par leur absence, bien que selon les habitudes de l’électeur tunisien, l’affluence de cette catégorie d’âge se fait plus importante durant l’après-midi. C’est en tout cas ce que nous confirme Sofiene, un jeune de 24 ans, originaire de la banlieue de Carthage. Il nous confie : «J’ai choisi de venir tôt ce matin pour élire celui qui me représente le plus. Il est vrai que les jeunes à cette heure se font rares, d’habitude ils commencent à venir à partir de 14h00».

Tension politique et pessimisme

Car en effet, jusqu’à midi, l’affluence des jeunes était désolante, le bureau numéro 6, qui leur a été consacré, était carrément déserté. En fait, pratiquement tous les bureaux de ce centre de vote étaient presque vides à 11h00 du matin, à part la présence de quelques citoyens.

Ce constat désolant, celui de l’affluence très faible dans ce centre de vote, n’a pas privé des habitants de cette banlieue de prendre la direction des urnes pour donner leurs voix. Des citoyens qui ont exprimé leurs craintes de voir le pays plonger dans des conflits entre des partis opposés. En effet, si l’opération de vote s’est déroulée dans des conditions normales, les électeurs étaient pessimistes quant à l’actuelle situation politique du pays. Le témoignage d’un père de famille résume l’état de l’âme des électeurs qui ont afflué vers ce bureau de vote. «Les Tunisiens se sont désintéressés de la vie politique en raison de la tension qui existe sur la scène politique. Nous avons des partis qui s’échangent des accusations, un candidat à la présidentielle en prison, des parties étrangères qui s’ingèrent dans le processus électoral, des fake news, des rumeurs et même des personnes qui appellent au port des armes. Tout ça semble avoir influencé les Tunisiens et leurs choix électoraux. Nous craignons le pire après ces élections, mais nous gardons toujours l’espoir, car la Tunisie s’en est toujours sortie et s’en sortira encore», explique-t-il.

Outre l’affluence jugée faible, le désintérêt des électeurs et leur crainte de voir le pays plonger dans une crise politique au terme de ces élections, l’opération électorale dans ce bureau de vote a également dévoilé une infrastructure au sein de l’école défaillante. En effet, même si l’école est installée dans l’une des zones les plus huppées de tout le pays, l’état de son infrastructure laisse à désirer, en raison notamment des travaux de rénovation inachevés.

Laisser un commentaire