Ce sont les jeunes qui ont donné couleur à l’actuel processus électoral, soit par leur contribution à organiser les campagnes électorales de certains partis ou candidats, soit en suivant de près et en commentant, notamment sur les réseaux sociaux, le développement de cette phase électorale. Cependant, cet engouement ne s’est pas traduit, malheureusement, par un taux de participation assez considérable lors du premier tour de la présidentielle et s’est limité à des pratiques virtuelles, mais pour ces élections législatives, on espérait mieux. Interrogés, des jeunes Tunisiens ont exprimé leurs méfiance et craintes, mais aussi leur espoir de voir l’actuel scrutin législatif apporter un air de renouveau à toute la classe politique
Sabrine, 22 ans, étudiante en informatique : «Ce n’est pas seulement que la vie politique n’intéresse plus les jeunes, mais le fait de voir les mêmes visages occuper la scène politique nous rend frustrés et même dégoûtés. Je n’ai pas participé à ce scrutin, car franchement je n’ai aucune idée sur les listes électorales qui se sont présentées dans ma région, Nabeul ».
Mohamed Ali, 19 ans, bachelier : «J’ai exercé pour la première fois mon droit au vote et j’ai donné ma voix à une liste indépendante de la circonscription de Tunis 1, des candidats que je connais personnellement et que j’ai eu à examiner de près leur programme électoral et leur vision ».
Skander, 27 ans, agent dans une banque privée : «Je n’ai aucune idée sur ce scrutin, je boycotte les élections depuis 2014, car je pense qu’on a volé nos rêves, nous les jeunes, nous voulons voir une véritable classe politique qui œuvre au profit de la patrie, et non pas pour ses propres intérêts. Je n’ai pas voté et je ne voterai que lorsque je m’assure que toute cette classe politique est partie ».
Haifa, 24 ans, pâtissière : «Franchement, j’ai voté pour la liste du parti de Nabil Karoui, car je considère qu’il souffre d’une totale injustice, ils l’ont mis en prison pour le priver de son droit à faire campagne, alors j’ai décidé de voter pour son parti en signe de soutien».
Rihab, 30 ans, ingénieur : «J’ai voté pour une liste indépendante à la circonscription de Bizerte, je ne fais plus confiance aux partis politiques, car ils ont volé nos rêves, notre révolution et notre avenir, on ne tombera plus dans le même piège des partis politiques et de leurs fausses coalitions ».
Motaz, 28 ans, patron d’une agence de communication : «J’ai voté pour un parti de la famille centriste, je ne divulguerai pas mon choix mais je pense que la liste partisane pour laquelle j’ai voté représente parfaitement ma vision pour le pays et s’oppose surtout au projet de l’islamisation de la société ».
Mouna, 22 ans, étudiante en télécommunication : «J’ai voté pour la liste de Safi Said, Nahnou Houna, son discours me séduit ainsi que sa vision pour l’avenir du pays, en plus il incarne le courant révolutionnaire, car les jeunes craignent un déclin de la révolution et de ses principes».
Rabeh, 29 ans, ouvrier journalier : «Vous savez, la vie politique et tous ses aspects, y compris les élections, sont les derniers de mes soucis, parfois je ne parviens pas à subvenir à mes besoins alors qu’ils me demandent d’aller voter. Qu’on me donne à manger ou à nourrir ma famille et soigner mes parents avant de m’obliger à aller voter et donner ma voix à des hommes politiques que je ne connais pas et qui vont s’enrichir sur nos dos ».
Arwa 22 ans, styliste modéliste : «J’ai voté pour le Parti Destourien Libre car je considère que son programme est clair: rétablir le prestige de l’Etat et combattre le plan d’islamisation de la société».
Fadhel, 33 ans, agriculteur : «J’ai voté pour le parti Tahya Tounès, car je pense que Youssef Chahed est assez expérimenté pour conduire le pays, et je pense qu’il a un programme assez cohérent pour faire développer l’agriculture tunisienne ».
Souheil 34 ans, agent dans un centre d’appel : «Je n’ai pas voté et je ne le ferai jamais, car ma voix ne changera rien, quoi qu’il en soit, ce sont les mêmes personnes qui s’emparent de ce pays, on a volé nos rêves, malheureusement, nous n’avons aucune place dans notre propre pays ».