Billet : Le rapport de force inversé

La frénésie des dépenses gagne encore les clubs. C’est une évidence. La barre des dépenses est à chaque fois et selon le contexte de nouveau franchie. Ou encore doublée…Comme en témoignent les transactions des joueurs. Toutefois, il ne s’agit pas de savoir ce que vaut un joueur, mais de déterminer ce que vaut un investissement dans un cadre et dans un environnement bien déterminés…
Le prix dit réel du joueur ne l’est pas complètement. C’est l’adaptation et l’acclimatation qui comptent plus que le salaire et le prix du transfert et qui reflètent le talent du joueur. Outre la valeur du joueur, cela donne une indication sur l’espérance de revente.
Autre constat : plus le joueur est proche de la retraite sportive, moins son prix de transfert sera élevé. Et vice versa.
Les transactions des temps modernes reflètent la situation d’un marché où le rapport de force s’est inversé en faveur du footballeur au détriment des clubs. Auparavant, les clubs avaient les moyens de s’acheter des stars. Aujourd’hui, ces joueurs sont de plus en plus nombreux et ils ont le choix. Donc, la concurrence entre clubs pour obtenir un joueur est plus grande et au fur que les négociations avancent, le prix du transfert peut toujours augmenter.
Mais au fil du temps, ce qui se conçoit financièrement dans la plupart de nos clubs est devenu une crainte avérée. Les stars du football tunisien sont loin d’inviter à rêver. Il n’y a plus de modèle auquel le public et les amoureux du foot peuvent vraiment s’identifier. Lors de chaque «mercato», une transaction choque et génère divers commentaires. Il y a des montants de transfert de joueurs qui entrent dans les annales. Mais, ce qui choque encore le plus, c’est qu’il n’y a pas de politique sportive dans la plupart de clubs. Encore moins les personnes qui ont une véritable expertise et un avis autorisé sur la question. En tant que gestionnaires des intérêts financiers d’un ou de plusieurs joueurs, les agents revêtent un rôle particulièrement important dans les transferts. Si une vente est effectuée, 10 % du montant du transfert reviendra à l’agent. Il s’agit donc d’une activité hautement rémunératrice au très haut niveau, mais cette sphère est dominée par une poignée d’agents et de sociétés et l’on oublie que le travail d’un bon agent ne se résume pas aux seules périodes de transfert. L’on oublie aussi que l’agent est aussi appelé à veiller aux intérêts du joueur lorsque la situation dégénère et à rester régulièrement en contact avec le joueur afin de s’assurer qu’il dispose de tout ce dont il a besoin pour rester à son meilleur niveau.
Mettre un joueur en avant, et l’aider à construire sa carrière : les agents y pensent-ils vraiment ? Que font-ils pour que leurs joueurs se forgent une image positive, qu’ils soient épanouis sur le terrain ? Il ne s’agit pas bien entendu de se substituer aux clubs ou aux entraîneurs. Mais, il serait bon qu’ils veillent, même dans l’ombre, à ce que tout se déroule bien pour leurs « protégés ».
Au-delà des doutes sur la valeur de telle ou telle recrue, des éternelles interrogations, des objectifs et attentes rarement atteints, des fois même compromis, au-delà aussi de l’incapacité de beaucoup de joueurs à s’imposer, et encore moins à mériter ce qu’ils perçoivent, le football tunisien est resté immobilisé au stade absurde d’une starification généralement négative des joueurs et une injustifiable approximation.
Et c’est tout le système qui a besoin d’être révisé.