Kaïs Saïed, élu président de la République au suffrage universel direct, a pris, hier, officiellement ses fonctions, au Palais de Carthage, au cours d’une cérémonie de passation des pouvoirs. Auparavant, il a prêté serment devant l’Assemblée des représentants du peuple où il a également prononcé son discours d’investiture. Un discours qui a été jugé sur le fond et sur la forme par différents intervenants de la scène politique. Si les réactions étaient nombreuses, elles sont allées, toutes, dans le sens de la concrétisation des paroles par des actes
Lors de son premier discours en tant que Président de la République, Kaïs Saïed s’est adressé aux Tunisiens, les remerciant pour leurs efforts visant à avancer et à créer une nouvelle histoire pour atteindre la liberté et la dignité. Il a souligné l’importance de sa mission pour répondre aux demandes du peuple qui a, selon ses dires, tant attendu cette démocratie. «Ce peuple qui s’est transformé en une société de lois, où tout le monde tient à les appliquer», ajoute-il «leurs rêves sont grands et ils en ont le droit».
Abordant plusieurs axes, dont notamment la suprématie de la loi et de la Constitution, les droits citoyens et ceux de la Femme, le rôle de la société civile et des organisations nationales, les problèmes socioéconomiques et la cause palestinienne, le discours du président de la République était, en effet, placé sous les projecteurs. Pour les différents partis politiques, le discours était à la hauteur des exigences de l’actuelle situation en Tunisie, même si pour certains, on ne peut attendre plus d’un discours d’investiture.
Pour Rached Ghannouchi, président du parti majoritaire au sein du Parlement Ennahdha, il s’agit d’un «discours qui consacre les valeurs de la liberté, de la révolution et de l’Etat de droit, mettant en avant l’esprit de la continuité de l’Etat et les liens qu’entretient la Tunisie avec les autres pays».
Le dirigeant au sein du Mouvement du Peuple et député Salem Labiadh a estimé dans ce sens, que le président de la République a évoqué tous les points essentiels qu’on attendait. Pour lui, les principaux points qu’on pourra retenir de ce discours étant la continuité de l’Etat, le positionnement et l’appartenance de la Tunisie à la nation arabe et notamment la cause palestinienne. «Le président de la République a transmis des messages positifs aux classes défavorisées pour garder l’espoir mais aussi au courant révolutionnaire et aux familles des martyrs», a-t-il estimé, indiquant, en revanche, que Kais Saied n’a pas évoqué la relation de l’institution de la Présidence de la République avec le Parlement ni le dilemme de la formation du nouveau parlement.
Pour Mohamed Abbou, secrétaire général du Courant Démocratique (Attayar), même si le discours du président élu a abordé les points essentiels, le plus important reste de pouvoir concrétiser les paroles par des actes. «Ce que nous pouvons retenir, c’est notamment les messages rassurants sur l’état des libertés en Tunisie et les droits et acquis de la femme tunisienne, mais aussi sa vision de voir l’Etat tunisien s’appuyer sur ses institutions pour s’immuniser et se renforcer. Ce que nous espérons, c’est qu’il transforme ces propos en de vraies politiques concrètes, et dans ce cas il n’aura que notre soutien», a-t-il dit.
Dans le même contexte, le secrétaire général du parti Machrou Tounes, Mohsen Marzouk, a appelé toutes les composantes de la scène politique à s’unir autour du président élu pour traduire ses propos en de véritables actes politiques. «Le plus important, c’est la concrétisation et les résultats de ce discours. Nous félicitons le président de la République pour ses positions qui soutiennent les libertés et les droits et acquis des Tunisiens et des Tunisiennes, et son affirmation de la continuité de l’Etat tunisien», a-t-il noté.
L’Ugtt approuve le discours du président
L’ancien chef du gouvernement Habib Essid a appelé, d’autre part, tous les intervenants et notamment les forces politiques à «aider le président de la République pour qu’il puisse appliquer ce qu’il a dit», estimant que le discours était à la hauteur des attentes des Tunisiens, étant donné qu’il a abordé les grandes lignes de la prochaine phase politique et sociale.
Présent également lors de cette séance extraordinaire, le secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du Travail, Noureddine Taboubi, a souligné notamment la position du président de la République vis-à-vis des organisations nationales dont notamment l’Ugtt. «Nous félicitons le président de la République pour son discours en attendant la concrétisation des paroles, et nous apprécions sa position quant à l’implication des organisations nationales comme une force de suggestion», a-t-il estimé. Evoquant l’idée exposée par le président de la République quant à faire don d’une journée de travail, chaque mois, durant 5 ans, Taboubi a indiqué qu’il s’agit d’une proposition émanant des appels lancés sur les réseaux sociaux. Il a assuré qu’il ne s’agit pas d’une décision, mais d’une proposition. «L’Ugtt est prête à faire des sacrifices à condition que le sacrifice soit partagé par tout le monde», a-t-il ajouté.
Pour le président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) Nabil Baffoun, le discours du Président de la République constitue ce qu’il a appelé un rêve que tous les Tunisiens doivent œuvrer à concrétiser. «Les attentes des Tunisiens sont très importantes, et nous avons toute la confiance de voir des concrétisations durant les cinq prochaines années», a-t-il dit.