Accueil Editorial Et si la personnalisation du pouvoir menait à la personnalisation de l’échec ?

Et si la personnalisation du pouvoir menait à la personnalisation de l’échec ?

Ennahdha vit aujourd’hui une transformation dans la manière d’exercer le pouvoir. Le parti islamiste veut un leader qui domine la vie politique. Pour une large part du mouvement, Rached Ghannouchi est le plus indiqué pour ce profil. Cette personnalisation du pouvoir autour de son leader n’est pas nouvelle. Ghannouchi exerce déjà un pouvoir personnel au sein du mouvement. Tout ce qui y est entrepris s’incarne dans la personne de son leader qui reflète son autorité et sa légitimité. Mais Ghannouchi, chef de gouvernement, cela change forcément la façon de voir les choses et de penser. La personnalisation du pouvoir se retrouve dans les partis politiques, mais pas dans l’exécutif.

«Laissez-les gouverner et mettez-les à l’épreuve», cela va de soi, d’autant que le mouvement Ennahdha est le principal vainqueur des législatives. Vainqueur, mais pas avec une majorité confortable. Maintenant et tout en étant respectueux de ce que chacun peut faire, on devrait partir du principe qu’on ne peut être performant que dans ce que l’on sait faire. En clair, celui qui vient à La Kasbah n’est pas là pour faire de la figuration. Il vient pour agir et apporter sa pierre à l’édifice, tout en étant capable de maîtriser les dossiers, notamment ceux liés au registre économique.

On a beau vouloir s’inscrire dans une alternative de compétence et de rigueur, avec une priorité pour les personnalités indépendantes, mais les bonnes solutions, les vraies, ne semblent pas être à l’ordre du jour. Et dire que la logique d’échec des partis politiques a atteint son paroxysme. Cela concerne Ennahdha comme tout autre parti. L’on sait comment tout cela a commencé. L’on ne sait pas cependant comment cela va  finir. La personnalisation du pouvoir ne risque-t-elle pas justement de mener à la personnalisation de l’échec ?

Quand on pense au mode de gouvernance à travers tout ce qui est entrepris ici et là, tout ce qui est envisagé, on n’évoque plus le bien commun. On fait comme si l’intérêt général n’était plus que la somme d’intérêts particuliers que les uns et les autres sont ponctuellement invités à défendre. Dans leurs déclarations, dans leurs apparitions médiatiques, dans leurs prises de position, ils ne sont plus que des lobbyistes des intérêts privés, des intérêts de clans.

C’est ainsi que la culture des arrangements «douteux» se développe!… Ceux qui se donnent le droit d’en dicter les règles sont-ils vraiment capables de faire valoir une vision et un projet valables ? Cela nous amène à constater que les manquements et les dérapages ne sont plus une affaire marginale, mais qu’ils risquent de faire système…

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