L’arrestation n’intervient pas dans le cadre de l’affaire initiale de «Cactus Prod» qui est pendante devant la justice depuis 2011 et concerne des dépassements commis par la société de production «Cactus Prod» sous l’ancien régime. Elle intervient donc dans le cadre d’une nouvelle affaire de corruption et qui concerne aussi la même boîte de production et dans laquelle sont aussi impliqués l’administratrice judiciaire de Cactus Prod et le gérant de la société.
Le parquet du pôle judiciaire, économique et financier du groupe de travail sur la recherche économique et financière a ordonné, au soir du mardi dernier, la garde à vue du magnat des médias Sami Fehri, de l’administratrice judiciaire de Cactus Prod et du gérant de la société pour des enquêtes relatives à une affaire d’abus et de corruption financière.
«Les trois personnes ont été arrêtées pour des enquêtes sur des soupçons de corruption commis par l’administratrice judiciaire de la société Cactus Prod objet d’une confiscation pour avoir conclu délibérément des contrats en violation des lois et dispositions en vigueur», précise Sofiene Sliti, porte-parole du pôle précité. L’arrestation n’intervient pas donc dans le cadre de l’affaire initiale de «Cactus Prod» liée à la plainte déposée par le Chargé du contentieux de l’Etat contre le ministère des Finances et plus précisément la Commission nationale de gestion des biens confisqués. Ladite affaire est pendante devant la justice depuis 2011 et concerne des dépassements commis par la société de production «Cactus Prod» sous l’ancien régime. L’arrestation de Sami Fehri, de l’administratrice judiciaire de Cactus Prod et du gérant de la société intervient donc dans le cadre d’une nouvelle affaire de corruption qui concerne aussi cette boîte de production.
Aucune enquête selon l’avocat
Réagissant à cette série d’arrestations, l’avocat d’Elhiwar Ettounsi, Abdelaziz Essid, a brisé le silence pour détailler quelques éléments de réponse relatifs à cette affaire marquée par le flou. En effet, dans une publication sur le réseau social Facebook, il a expliqué que Sami Fehri a été arrêté bien qu’il ne fasse pas l’objet d’aucune enquête judiciaire dans le cadre de cette affaire. Il a affirmé que des agents de la police ont fait une descente policière au domicile de Sami Fehri ainsi qu’au siège de la société et de la chaîne et même dans les domiciles de certains de ses proches et amis. «Les treize heures d’investigation ne portaient pas sur Cactus Prod avant la révolution, mais concernaient en particulier le partenariat avec Slim Riahi, et la manière dont le litige entre les deux parties au sujet de la société Eight Prod, a été résolu», a-t-il expliqué. Et d’affirmer que les mesures et les auditions allaient continuer, hier, mercredi 6 novembre, «sans qu’il y ait une affaire en justice, sans qu’il y ait un juge d’instruction chargé du dossier». «C’est le parquet qui agit tout seul» a-t-il encore affirmé.
Me Essid s’interroge même si ces descentes ont été effectuées dans l’objectif de trouver la vidéo relative aux enquêtes sur les financements du mouvement Ennahdha.
Il est à rappeler dans ce contexte que Sami Fehri avait annoncé la diffusion prochaine d’une enquête sur les cercles financiers du parti islamiste avant de se désister. Une annonce qui a provoqué un véritable conflit entre ladite chaîne et le parti de Rached Ghannouchi marqué notamment par un échange d’accusations.
L’affaire Cactus Prod
Le parquet près le pôle judiciaire économique et financier avait décidé, fin octobre dernier, d’émettre une interdiction de voyage à l’encontre du présentateur Sami Fehri et son épouse pour suspicion de corruption dans la société de production Cactus Prod. Selon le porte-parole du pôle, Sofiene Selliti, l’émission de l’interdiction de voyage à l’encontre des personnes citées intervient après l’avancement de l’enquête dont s’est saisie le parquet du pôle suite à la plainte déposée par le chargé du contentieux de l’Etat contre le ministère des Finances et plus précisément la Commission nationale de gestion des biens confisqués. Mais l’arrestation de Sami Fehri intervient dans le cadre d’une autre affaire de corruption toujours au sein de cette société, mais sans qu’il y ait une enquête à cet effet, selon l’avocat d’Elhiwar Ettounssi. L’affaire initiale de la société de production «Cactus Prod» traîne depuis 2011. Sont accusés dans cette affaire, outre le présentateur Sami Fehri, l’ancien ministre-conseiller auprès de la présidence de la République, Abdelwahed Abdallah, et cinq directeurs généraux de l’établissement de la télévision tunisienne (ETT): Mustapha Khammari, Mohamed Fehri Chelbi, Brahim Fridhi, Moncef Gouja et Hédi Ben Nasr. Est également impliqué dans cette affaire Belhassan Trabelsi, beau-frère de l’ex-président Ben Ali. L’affaire concerne, rappelons-le, des dépassements commis par la société de production «Cactus Prod» sous l’ancien régime et qui ont causé de grosses pertes financières à l’Etablissement de la Télévision tunisienne. La chambre pénale spécialisée dans l’examen des affaires de corruption financière près le pôle judiciaire économique et financier a décidé, lundi dernier, de reporter l’examen de cette affaire au 26 décembre prochain. En août 2012, Sami Fehri a été également emprisonné, puis libéré plus d’un an après, dans le cadre de cette même affaire qui marque, en effet, un feuilleton judiciaire qui dure depuis des années et dont la fin n’est pas pour demain.