Engagement, propositions et messages rassurants, c’est ainsi qu’on peut résumer le premier discours de Rached Ghannouchi en tant que président de l’Assemblée des représentants du peuple.
Jeudi soir, le chef et leader historique du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, élu président de l’Assemblée des représentants du peuple, a prononcé son premier discours pour annoncer ses priorités, mais aussi proposer de réformer certains règlements internes au Parlement et de mettre en place de nouveaux comités. Si Rached Ghannouchi tenait tant à ce poste, c’est en raison de ses ambitions de revaloriser le rôle du Parlement dans le régime politique et de lui restituer son pouvoir comme pièce maîtresse du système de gouvernement en Tunisie. Du moins c’est ce qu’assure Rached Ghannouchi. Car, pour lui, l’enjeu étant de repositionner le Parlement comme véritable force dans l’actuel régime politique tunisien. Pourrons-nous s’attendre alors à un véritable régime parlementaire et à ce que l’Arp soit le centre du pouvoir en Tunisie ?
En tout cas, ce discours inaugural était aussi l’occasion pour faire des promesses, mais aussi s’engager à poursuivre la mise en place des instances constitutionnelles, en l’occurrence, la Cour constitutionnelle. Pour Rached Ghannouchi, l’instauration de cette Cour sera la priorité des priorités de la deuxième législature au vu de son importance dans la consolidation du modèle démocratique tunisien. En effet, Ghannouchi a souligné que la première priorité du travail parlementaire consiste à achever l’élection des organes constitutionnels, en premier lieu la Cour constitutionnelle, soulignant, à cet égard, son engagement à déployer «tous les efforts pour la mettre en place au plus vite».
« Parmi les priorités figure également le lancement des réformes et des grands projets », a-t-il ajouté, proposant au Parlement de créer un comité spécial chargé de soutenir, d’accompagner et de suivre les efforts gouvernementaux et communautaires en faveur des réformes et des grands projets. Donc, pour le leader historique du parti Ennahdha, le défi étant d’accompagner, mais aussi de suivre et de contrôler les réformes économiques et sociales que devra mettre en place la nouvelle formation gouvernementale. Ce qui laisse présager, en effet, que Ghannouchi se dirige vers la consolidation du rôle du Parlement dans le système de gouvernance, d’autant plus que le prochain chef de gouvernement sera, le moins qu’on puisse dire, proche d’Ennahdha. Une entente, prévue entre les deux têtes des pouvoirs exécutif et législatif, sera, selon le raisonnement de Ghannouchi, une condition sine qua non pour aboutir aux réformes nécessaires, qui requièrent, d’une part, une volonté et une action politique, et, d’autre part, une législation efficace. «Il s’agit d’objectifs essentiels pour la durabilité de l’expérience démocratique et de renforcer sa base économique et sociale, en fonction des possibilités offertes, en donnant la priorité aux jeunes, en renforçant la digitalisation, en luttant contre la corruption et en apportant la dignité au peuple tunisien», a-t-il ajouté.
Redoubler d’efforts
Mais pour le nouveau président du Parlement, l’autre condition pour mener les réformes nécessaires et améliorer le climat social et économique n’est autre que le travail. Dans son discours inaugural, Ghanouchi a misé sur la valeur du travail, appelant les nouveaux élus à redoubler d’efforts et faire prévaloir « les hautes valeurs morales », soulignant à cet égard « l’importance de débattre des meilleurs moyens de modifier le règlement interne du Parlement, ce qui mettrait fin de façon irréversible à la transhumance des députés, en ôtant la qualité de celui qui quitte son parti, afin de moraliser la vie politique en général et parlementaire en particulier ». En effet, Ghannouchi s’est penché sur le dilemme de ce qu’on appelle le tourisme parlementaire, proposant d’amender le règlement interne du Parlement pour mettre fin à ce phénomène en privant les députés qui décident de changer de bloc parlementaire de leur qualité en tant qu’élus du peuple. Rached Ghannouchi n’a pas oublié de transmettre des messages de rassurance aux élus, mais aussi au peuple tunisien. « Aujourd’hui, je suis devenu le président de tous, au service de tous et surtout au service de la Tunisie, de ses institutions et de son peuple », a-t-il insisté. Et de poursuivre : « Il faut garder à l’esprit la mission dévolue par le peuple aux députés, l’attente du citoyen pour un changement réel de son vécu, à alléger la lourde charge de la vie, à fournir la dignité à tous, à sévir contre les réseaux de corruption et éradiquer les filières du monopole, par le biais de l’économie numérique et la mise en place des législations et de lois qui favorisent la création de richesses ainsi que la bonne répartition et le développement des fondements de l’économie solidaire ».
Lors de la session inaugurale de l’Assemblée des représentants du peuple, tenue mercredi et jeudi, Rached Kheriji Ghannouchi a été élu, rappelons-le, président du nouveau Parlement après avoir raflé 123 voix sur 217, Samira Chaouachi, de Qalb Tounes, première vice-présidente et Tarek Ftiti, du bloc de «La Réforme nationale», deuxième vice-président.