Au vu de l’agressivité de ces attaques, des rumeurs et des mensonges qui visent l’Ugtt, qui pourrait tirer profit de la déstabilisation du rempart du syndicalisme tunisien? Que gagneraient ceux qui visent à décrédibiliser l’Ugtt si cette dernière perdait son rôle en tant que régulateur social et politique en Tunisie ? A qui profitent ces campagnes de dénigrement et de diabolisation ? En tout cas, ce n’est pas la première fois que l’Ugtt se trouve confrontée à une telle situation, inutile de rappeler les attaques qui l’ont ciblées après la révolution, car l’Union de Farhat Hached, Fadhel Ben Achour, Ahmed Ben Salah, Ahmed Tlili… s’en est toujours sortie.
A l’issue des récentes élections législatives et de la présidentielle et avec l’ascension de ce qu’on appelle le «courant révolutionnaire», une campagne de diffamation et de dénigrement, le moins qu’on puisse dire orchestrée et orientée, a ciblé la centrale syndicale. Pourtant, elle se présente comme étant la structure la plus importante dans la défense des droits des travailleurs tunisiens, mais aussi dans le maintien d’un certain équilibre politique et social dans le pays. Inutile de rappeler le rôle historique de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) dans l’œuvre syndicale, dans la protection des libertés et dans les négociations sociales. Le Prix Nobel qui lui a été décerné avec les trois autres organisations nationales en témoigne certainement.
Aujourd’hui, comme le confirment ses dirigeants, l’Ugtt se trouve au cœur d’une campagne de dénigrement qui met en péril même l’intégrité physique et morale de ses leaders et adhérents. Le dernier syndicaliste à avoir tiré la sonnette d’alarme quant aux dérives et aux menaces auxquelles fait face la centrale syndicale n’est autre que le secrétaire général adjoint du syndicat régional de l’Ugtt à Sfax, Mohamed Abbas. Ce dernier ne s’est pas abstenu de citer même les parties qui se cachent derrière de telles campagnes qui, selon ses dires, visent à «salir et entacher» l’image et la réputation de l’Ugtt auprès de l’opinion publique. Dans des déclarations médiatiques, Abbas a affirmé que «la diabolisation de la centrale syndicale est menée par la coalition Al-Karama, Hizb Ut-Tahrir et certains dirigeants du parti Ennahdha». Pour lui, quoi qu’il en soit, l’Ugtt restera toujours supérieure et immunisée contre les intentions, les plans et les projets visant à la décrédibiliser et à remettre en cause son rôle historique et son actuelle position en tant que garante du travail syndical en Tunisie.
En fait, cette campagne de dénigrement qui se manifeste notamment par des déclarations hostiles à l’Ugtt, des rumeurs, des fake news et une diabolisation sur les réseaux sociaux, a pris une tournure grave en octobre dernier lorsque le secrétaire général régional de l’Ugtt à Sfax, Hedi Ben Jomaa, avait reçu une lettre anonyme comportant des menaces de mort et de sérieuses menaces d’agression physique. L’intéressé avait indiqué que ces menaces étaient «sérieuses» et qu’elles ont été proférées sur la base de «fausses accusations» selon lesquelles il aurait «détruit les secteurs de la santé, de l’éducation et des transports».
Après cet incident Bouali Mbarki, secrétaire général adjoint de l’Union, a réagi en révélant que «des groupes étaient en train de s’organiser pour s’attaquer à l’Ugtt». Sans citer personne, Bouali Mbarki pointe du doigt des députés, mais également d’autres parties «gagnées par l’euphorie de la victoire aux élections et qui jubilent».
Al Karama pointée du doigt
Ce qui semble avoir alimenté cette campagne, ce sont les déclarations de certains dirigeants de la coalition Al-Karama, dont notamment son porte-parole, Seïfeddine Makhlouf, élu nouveau député, qui a accusé à plusieurs reprises l’Ugtt de corruption. La centrale syndicale a, du coup, décidé de porter l’affaire devant la justice après avoir porté plainte contre Makhlouf pour diffamation et fausses accusations. «Nous demanderons au porte-parole officiel de la coalition Al-Karama de soumettre à la justice les dossiers de corruption dont il est au courant», a affirmé le porte-parole de l’Union générale tunisienne du travail, Sami Tahri, affirmant que «l’Ugtt est disposée à rendre compte étant convaincue que nul n’est au-dessus de la loi. La justice tranchera cette affaire et je défie quiconque de prouver de telles allégations», a-t-il encore souligné.
Des parties étrangères impliquées
Réagissant à ces campagnes et agissements hostiles à la centrale syndicale à son, image, le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi avait indiqué dans un long entretien accordé à La Presse que «ces attaques ne peuvent aucunement perturber l’Ugtt», et qu’ils «tenaient à l’œil les parasites et les novices dans le monde de la politique, ces ennemis du militantisme syndical, de la démocratie, de la liberté et de la modernité». «Il faut souligner que ce n’est pas la première fois que l’Ugtt fait face à de telles campagnes de dénigrement. Pour mémoire, je rappelle que la centrale syndicale a été l’objet d’attaques en 1965, 1978, 1985 et le 04 décembre 2012 lors de la commémoration de l’assassinat du leader syndicaliste Farhat Hached. On n’est pas pris par un sentiment d’orgueil, mais l’Ugtt a été créée sur la base de principes immuables garantissant les droits sociaux et économiques et la liberté d’expression et défendant les entreprises publiques», a-t-il souligné.
«L’Ugtt est visée aussi par des parties étrangères qui voient en cette organisation une barrière se dressant devant une libéralisation sauvage. Toutefois, il ne faut pas avoir peur car notre organisation demeure unie et capable de dépasser les entraves et défendre les intérêts du pays dans les différents secteurs», a-t-il poursuivi.
Reste à se poser la question, au vu de l’agressivité de ces attaques, des rumeurs et des mensonges qui visent l’Ugtt, qui pourrait tirer profit de la déstabilisation du rempart du syndicalisme tunisien? Que gagneraient ceux qui visent à décrédibiliser l’Ugtt si cette dernière perdait son rôle en tant que régulateur social et politique en Tunisie ? A qui profitent ces campagnes de dénigrement et de diabolisation ? En tout cas, ce n’est pas la première fois que l’Ugtt se trouve confrontée à une telle situation, inutile de rappeler les attaques qui l’ont ciblées après la révolution, car l’Union de Farhat Hached, Fadhel Ben Achour, Ahmed Ben Salah, Ahmed Tlili… s’en est toujours sortie.