LA théorie du complot ! Vaste sujet qui ne cesse de traverser les époques et qui s’invite de plus en plus dans le débat politique. Mais le plus contraignant dans cet excès de thèse de conspiration, c’est qu’il touche les principaux acteurs qui gravitent tout autour de ce qui se conçoit actuellement dans le paysage politique. On y va du petit bourdonnement infondé, de la persistance d’une croyance absurde ou encore d’une vérité cachée. Une vérité qui n’est pas toujours celle des faits.
Ce qui est étrange avec la théorie du complot à la tunisienne, c’est qu’elle explique l’inexplicable, justifie l’injustifiable et accrédite l’invérifiable. Un prisme populiste pour qui parvient à s’en servir. La tentation médiatique est devenue le seul recours pour le dénigrement et la calomnie. La victimisation et la théorie du complot font leur apparition dans les différents discours.
La plupart des hommes politiques ont, depuis 2011, usé et abusé des dérapages et des excès en tous genres. Pourtant, il aurait suffi qu’on déclenche une véritable réflexion sur la situation actuelle du pays, sur les réformes, les rénovations, les dépoussiérages. Ceux qui sont passés par là ont failli. Ils ont tout gâché. Ils incarnent encore le syndrome de l’échec au grand jour.
La frénésie risque-t-elle de se poursuivre, de gagner du terrain dans les cinq prochaines années ? La barre de ce qui est permis risque-t-elle aussi d’être de nouveau franchie ? Ou encore doublée ?
Il ne s’agit plus aujourd’hui de savoir ce que vaut un homme politique, mais de déterminer ce que valent un gouvernement, une institution, un investissement, un Etat dans un environnement bien déterminé…
Dans les précédentes expériences des dernières années, les risques de hors-piste se faisaient sentir d’une étape à l’autre, d’un gouvernement à l’autre : responsables et personnalités de moindre qualité par rapport à ce qui devrait exister. Le temps d’intégration avait aussi ses travers. Il s’est transformé en handicap, surtout lorsque la transition devenait difficile à concrétiser.
A bien des égards, on a vécu pendant des années interminables dans un environnement d’excès, de dépassements et de dérèglement. On a besoin aujourd’hui d’un climat de sérénité pour ouvrir les allées de l’espoir, pour changer les conditions de vie des Tunisiens. Oser et agir, surtout ne pas se cantonner dans un refus viscéral qui fait tout le confort des opinions négatives. Quelles que soient les recommandations à prendre pour l’étape à venir, quelle que soit la nature des solutions envisagées, des réformes à adopter, l’on ne doit pas oublier que la Tunisie reste un pays de grandes valeurs et de grandes vertus.