Un supposé mauvais regard, une parole plus ou moins déplacée, une petite bousculade peuvent coûter la vie. Il y a aujourd’hui une recrudescence de la violence gratuite dans la société tunisienne. Derrière le vocable froid de criminologie transparaît en réalité un phénomène particulièrement inquiétant. Le mot qui revient le plus souvent est… «normal», sans plus d’explication sur les actes, sur les faits, sur les responsabilités.
Les circonstances du décès d’Adam Boulifa, tabassé à mort par les agents de sécurité d’un restaurant-bar, puis jeté dans la cage d’un ascenseur en maintenance samedi dernier alors qu’il fêtait son 23e anniversaire, sont encore inconnues. L’avocate de la famille de la victime assure que le décès est dû à un traumatisme thoracique engendré par de multiples fractures au niveau des côtes, ayant également écrasé le cœur. Le chef du service de médecine légale à l’hôpital Charles-Nicolle nie pour sa part ces données et affirme que les examens et les analyses se poursuivent et que le rapport du médecin légiste n’est pas encore prêt.
Au-delà des raisons qui ont provoqué la mort de ce jeune à la fleur à l’âge, il nous faut hélas convenir du fait que, dans son horreur et sa gravité, cette mort soulève la question de savoir quelles sont les conditions nécessaires pour qu’un individu se civilise. Tout citoyen Tunisien peut être aujourd’hui victime d’une telle agression. L’impulsivité prime, l’autre n’est plus considéré que comme un objet sur lequel on peut décharger la tension qu’on ressent, comme «une gêne à éliminer». Il est évident qu’avec une pensée aussi primaire, détruire, comme frapper, est devenu le réflexe de ceux qui se voient aujourd’hui au-dessus de la loi. Au-dessus de tout. Le plus grave est l’absence d’empathie, de capacité de comprendre ce que l’autre peut ressentir. Ce que la famille peut éprouver. Quel sentiment de culpabilité peut-on ressentir devant ces violences gratuites ? La réponse judiciaire est-elle suffisante? Pareille reconversion n’est pas soudaine. Ces comportements extrêmes sont de plus en plus fréquents et de plus en plus graves. Un facteur parmi d’autres, ayant conduit là où nous sommes aujourd’hui, est l’impunité. Quand on n’est pas sanctionné, on recommence. Pire, il y en a qui revendiquent même le droit de tabassage !
Il est devenu inévitable de légiférer avec fermeté à tous les niveaux (école, respect de l’ordre, respect de l’autre…) pour restructurer le fonctionnement collectif et empêcher toute idée relative à la violence gratuite.
Les circonstances bouleversantes dans lesquelles le jeune Adam Boulifa a trouvé la mort exigent une intervention au plus haut sommet de l’Etat. Le sentiment d’impunité au sens large du terme renvoie à celui de la «récidive légale». Combien de vidéos et combien de «vues» faudra-t-il encore pour que les autorités réagissent ?
Hassen
21 novembre 2019 à 12:46
Je vous remercie vivement pour votre message. Mais j’ai peur que le gérant donne du backchiche au flics vereux(malheureusement il y en a toujours) ainsi que ceux qui travaillent à l’hôpital (c’est plus facile et moins cher). J’espère que ceux qui vérifient les vidéos tiennent comptent de la date ainsi que le jour. Je doute fort que le gérant parle tout de suite des vidéos sans avoir une idée derrière la tête. A bon entendeur sinon Tunis va devenir un pays comme les usa ou chacun peut prendre une arme(blanche) pour se défendre ou faire payer les autres alors que la loi est au dessus de tout le monde.