Les récentes nominations de Rached Ghannouchi continuent à faire couler de l’encre et font polémique, créant une source de tension à l’hémicycle. Et pour cause, plusieurs députés, dont notamment ceux du Courant démocratique et du Parti destourien libre, accusent le président de l’ARP de vouloir politiser l’administration du Parlement et même d’y créer un bureau parallèle.
Comme prévu, la deuxième législature, qui résulte d’un Parlement effrité et loin d’être homogène, n’est pas à l’abri des tiraillements politiques, de la tension et même des accusations. La dernière polémique qui marque le paysage parlementaire intervient sur fond des récentes nominations du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi. Ces nominations, même si toute l’attention médiatique est concentrée sur le processus entravé de la formation du gouvernement, ne sont pas passées inaperçues et ont été largement critiquées par des députés de différentes couleurs politiques.
En effet, les récentes nominations de Rached Ghannouchi continuent à faire couler de l’encre et font polémique, créant une source de tension à l’hémicycle. Et pour cause, plusieurs députés, dont notamment ceux du Courant démocratique et du Parti destourien libre, accusent le président de l’Arp de vouloir politiser l’administration du Parlement et même de créer un bureau du Parlement parallèle.
Pour le député du bloc démocratique, Monji Rahoui, ces nominations sont de nature à porter préjudice à la neutralité de l’administration. Car, estime-t-il, « Rached Ghannouchi est en train de mettre en place un cabinet du président du Parlement parallèle à l’administration de l’ARP ». Rahoui, s’exprimant sur les ondes d’une radio privée, estime que ces nominations sont « suspectes », et appelle Rached Ghannouchi à « renoncer à ces agissements ». Et d’insister, dans ce sens, sur le fait que l’administration du Parlement doit rester à l’écart des tiraillements politiques.
Dans une plénière tenue récemment, Mustapha Ben Ahmed, député de Tahya Tounès, a appelé, de son côté, à éviter l’instrumentalisation de l’ARP par n’importe quelle partie, alors que plusieurs autres députés, de différents blocs, ont exprimé leur réserve face à ces nominations qui ne font pas l’unanimité des élus. Dans le même contexte, la députée du Courant démocratique, Samia Abbou, est allée jusqu’à dire que « Rached Ghannouchi est entré dans le monde du crime par la grande porte », laissant entendre que ces nominations sont illégales. « Ces nominations contribuent à mettre en place une administration parallèle au sein du Parlement. Rached Ghannouchi est en train de nommer des conseillers pour assumer des responsabilités déjà assumées par d’autres personnes », a-t-elle expliqué.
Face à ces accusations de taille, le président de l’ARP, Rached Ghannouchi, s’est défendu en affirmant que « chaque nomination à l’ARP est conforme à la loi ». « Les nominations relatives à mon cabinet seront abordées lors de la prochaine réunion du bureau du Parlement comme convenu », a-t-il fait savoir, tout en précisant que la discussion de cette question n’était pas à l’ordre du jour de la dernière plénière.
Le PDL passe à l’action
De son côté, le bureau de l’Assemblée a publié récemment une précision sur la polémique et les critiques visant le président du Parlement, Rached Ghannouchi, concernant les nominations dans son cabinet. Le bureau de l’ARP a indiqué qu’il est du droit du Président de disposer d’un cabinet pour l’aider dans l’accomplissement de ses tâches. Ce cabinet est composé d’un certain nombre de conseillers choisis pour leur compétence dans des spécialités définies par le Président.
Le communiqué indique que la mise en place de contrats avec les conseillers membres du cabinet du Président est différente de celle des nominations et des promotions administratives qui sont soumises à certaines conditions et passent par l’instance générale de la fonction publique.
En dépit de ces messages rassurants émis par le bureau de l’ARP, le Parti destourien libre est passé à l’action pour s’opposer aux nominations de Rached Ghannouchi. En effet, le parti de Abir Moussi a annoncé avoir envoyé une correspondance au chef du gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, Youssef Chahed, l’appelant à rejeter toutes les récentes nominations du président de l’Assemblée des représentants du peuple.
Le PDL a appelé dans ce sens la présidence du gouvernement à ordonner à ses services administratifs et financiers de refuser de signer tout contrat de travail relatif à ces nominations faites dans le Parlement. «Cet appel intervient pour éviter d’exploiter l’argent public au profit du parti Ennahdha», a-t-on affirmé.
Il faut rappeler, dans ce sens, que le président de l’ARP, Rached Ghannouchi, a procédé, dernièrement, à une série de nominations de conseillers dans son cabinet. Il s’agit de Habib Khadher, directeur de cabinet, Wassim Khadhraoui, chargé de la communication, Hatem Manaï, chargé du protocole, Meherzia Labidi, conseillère chargée de la coopération internationale, et Jamel Aoui, conseiller politique, tous issus du parti Ennahdha.