Ce qui marque le plus l’actuel paysage politique en cours de formation, ce sont, en particulier, des déclarations politiques contradictoires qui émanent parfois des mêmes structures politiques, provoquant souvent des interrogations sur la véracité des faits et laissant perplexes médias et citoyens. Ce constat a également touché les structures et les institutions officielles, ce qui a brouillé davantage le paysage médiatique et politique. Qui dit vrai ? Qui dit faux ?
L’actuel contexte médiatique riche en actualité économique, sociale mais notamment politique provoque une surconsommation de l’information, et à l’heure des plateformes socionumériques où chaque faille ou bourde communicationnelle devient virale à la vitesse de l’éclair, on pourra dire et confirmer que trop d’informations tue l’information.
C’est dans ce contexte médiatique et informationnel que l’actuel processus de transition politique, qui a trop duré, marqué notamment par une opération entravée de formation du nouveau gouvernement, ne cesse d’attirer l’attention des médias et de l’opinion publique.
Mais ce qui a marqué, le plus, l’actuel paysage politique en cours de formation, ce sont, en particulier, des déclarations politiques contradictoires qui émanent parfois des mêmes structures politiques, provoquant souvent des interrogations et des questions sur la véracité des faits et laissant perplexes médias et citoyens.
Ce constat a également touché les structures et les institutions officielles, ce qui a brouillé davantage le paysage médiatique et politique. Qui dit vrai, qui dit faux ? A quoi est due cette situation de brouillage médiatique et politique et des déclarations politiques contradictoires ? Comment expliquer le fait que l’actuel paysage politique soit le terrain de déclarations et de discours politiques qui ne vont pas dans le même sens même au sein d’un seul parti politique ? En tout cas, à suivre ce rythme de plus en plus accéléré des déclarations politiques contradictoires, l’opinion publique tunisienne se trouvera dans l’incapacité de déchirer l’échiquier politique et de suivre l’actuelle conjoncture politique. Dans un contexte politique en perpétuelle mouvance et dans une conjoncture marquée par une importante actualité politique, il est assez justifiable que des déclarations politiques soient contradictoires, mais lorsque la cadence de ces discours incohérents passe la vitesse supérieure, il est du devoir des médias de tirer la sonnette d’alarme, car, en effet, le constat est généralisé.
Pire encore, lorsque des institutions officielles cèdent à ces tristes pratiques communicationnelles qui mettent à mal la crédibilité de tout le paysage politique, la situation devient embarrassante.
Dernièrement, il ne passe pas une journée sans que l’on entende, en consultant le journal, en écoutant la radio ou en suivant le journal télévisé, des déclarations politiques médiatiques qui partent dans tous les sens. L’exemple le plus frappant a concerné malheureusement des couacs et des déclarations contradictoires entre le chef du gouvernement désigné Habib Jemli et la présidence de la République.
Même si l’affaire date du 1er janvier, elle illustre parfaitement ce contexte politique et médiatique marqué par la contradiction, le contraste, la discordance et le défaut d’harmonie.
Couacs et déclarations contradictoires
Alors que le chef du gouvernement désigné Habib Jemli avait affirmé dans une conférence de presse tenue le 1er janvier à l’issue de sa rencontre avec le chef de l’Etat que la composition du nouveau gouvernement était prête, le communiqué de la présidence a contredit ses propos, en annonçant que les concertations sur la formation de ce gouvernement allaient se poursuivre.
En effet, la présidence de la République avait indiqué dans un communiqué que la rencontre entre le président Kaïs Saïed et le chef du gouvernement désigné, qui devait être suivie par une conférence de presse consacrée à l’annonce de la composition du gouvernement, mais il a été convenu de poursuivre les concertations, chose qui a eu lieu, effectivement, le lendemain matin, avant l’annonce, jeudi 2 janvier de la composition gouvernementale.
Un autre cas de discordance et de manque d’entente politique et d’harmonie des discours implique également le chef de gouvernement désigné, Habib Jemli, et le parti qu’il l’a choisi, Ennahdha.
En effet, alors que Habib Jemli avait annoncé qu’il formera un gouvernement de compétences nationales indépendantes, écartant ainsi tous les partis politiques des concertations, le président du parti Ennahdha et président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi, a affirmé, dimanche, que la composition proposée par Jemli n’est autre qu’un gouvernement de «compétences politiques».
«Le paysage politique actuel ne permet pas la formation d’un gouvernement de coalition, l’expérience l’a montré. Un gouvernement de compétences indépendantes n’est pas un gouvernement contre les partis. Au contraire, la réussite du gouvernement de compétences sera le meilleur appui pour les partis politiques», avait, pourtant, déclaré Habib Jemli, à l’issue de l’annonce de la compositions du nouveau gouvernement. Quelques jours plus trad, Rached Ghannouchi semble avoir rappelé le chef du gouvernement à l’ordre en affirmant qu’il s’agit bel et bien «d’un gouvernement politique et non pas un gouvernement de technocrates». Ces cas de contradiction sont également observés dans les déclarations des leaders du parti Au Cœur de la Tunisie, qui ont affirmé leur soutien au gouvernement Jemli, dans son actuelle composition.
Mais quelques heures plus tard, la réponse catégorique parvient du fondateur du parti lui-même qui affirme dans un communiqué que «son parti maintenait sa position de rejet du gouvernement Habib Jemli, estimant que certains membres de l’équipe gouvernementale sont membres d’Ennahdha».
Pourtant, Hatem Mliki et Iyadh Elloumi, deux grands dirigeants dudit parti, avaient soutenu Habib Jemli dans sa décision, jugeant positive la composition gouvernementale proposée. «Tous les indicateurs du gouvernement proposé sont positifs», a souligné, dans ce sens, Hatem Mliki.
Ces exemples illustrent, malheureusement, l’actuelle conjoncture médiatique et politique dans laquelle sont opérés des choix politiques qui s’annoncent cruciaux pour l’avenir du pays.
Ces déclarations contradictoires et ce paysage médiatique et politique brouillé cachent-ils une désorganisation et une incohérence dans la scène politique et dans les cercles de prise de décisions politiques ? En tout cas, les atermoiements observés, les hésitations des partis politiques, le grand brouillard médiatique et politique et les contradictions flagrantes qui caractérisent les discours des politiciens laissent les Tunisiens perplexes, en quête d’une information factuelle et vraie.