Accueil A la une L’UGTT planche sur les neuf ans de la révolution : Et si la rue se réveillait ?

L’UGTT planche sur les neuf ans de la révolution : Et si la rue se réveillait ?

Pour Noureddine Taboubi, il est indispensable de mettre fin aux discours qui font l’éloge de l’ancien régime, mais aussi ceux adoptés par les courants extrémistes autoproclamés «révolutionnaires». «Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de ce genre de discours, car neuf ans après la révolution, nous pensons qu’il est temps de se pencher sur les vrais problèmes socioéconomiques du pays. Car sans l’amélioration du quotidien des Tunisiens et sans faire face à la pauvreté, la transition démocratique et politique n’aura aucun sens»

A l’occasion de la célébration du neuvième anniversaire de la révolution mais aussi de la commémoration de la date de sa fondation, l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a organisé, hier, une table ronde pour revenir sur les acquis et les défis du processus de transition politique en Tunisie.  « Neuf ans après la révolution », tel a été le thème de cette table ronde qui a réuni des universitaires, des économistes et des syndicalistes venus discuter des réalisations de la révolution tunisienne, mais aussi des défis auxquels elle est confrontée.

Inaugurant le débat, le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi, a insisté sur la période de turbulences politiques que connaît la Tunisie, ce qui pourrait mettre en péril tout le processus de transition démocratique. Car pour lui, il est indispensable de mettre fin aux discours qui font l’éloge de l’ancien régime et également ceux adoptés par les courants extrémistes autoproclamés «révolutionnaires». « Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de ce genre de discours, car neuf ans après la révolution, nous pensons qu’il est temps de se pencher sur les vrais problèmes socioéconomiques du pays. Car sans l’amélioration du quotidien des Tunisiens et sans faire face à la pauvreté, la transition démocratique et politique n’aura aucun sens », a-t-il expliqué mettant en garde contre une nouvelle révolution encore plus conséquente.

Plaidant en faveur d’une grande évaluation de l’expérience démocratique et politique neuf ans après, le secrétaire général de l’Ugtt est allé dans le sens de la nécessité de voir des compétences et des leaders politiques conduire ce pays, car pour lui c’est l’élite politique qui doit tracer les grandes lignes des choix stratégiques socioéconomiques. « Ce qui manque aujourd’hui, ce sont les sommités politiques qui peuvent mettre sur les rails les programmes de réformes stratégiques en vue de relancer l’économie et répondre aux aspirations du peuple », a-t-il noté, affirmant que « neuf ans après la révolution, il s’est avéré que la crise est morale et que la Tunisie se trouve à la croisée des chemins ».

Une nouvelle révolution ?

Pour sa part, le juriste Yadh Ben Achour a exposé sa vision de tout le processus de transition politique et sociale. S’il s’est montré clair en ce qui concerne la nature de la révolution, affirmant qu’il s’agit d’une véritable révolution provoquée par une révolte populaire contre les conditions sociales et la répression des libertés, il a en revanche dressé un bilan mitigé de ses résultats, estimant même que la Tunisie se trouve toujours dans une situation révolutionnaire. « Il est indispensable de reconnaître que la révolution tunisienne a concrétisé sa principale revendication qu’est la liberté dans ses différentes formes politique, sociale, individuelle, mais n’est pas malheureusement parvenue à accomplir la dignité des Tunisiens pour diverses causes », a-t-il considéré, laissant savoir que la classe politique doit mettre en place des programmes stratégiques pour mettre fin notamment au phénomène de la pauvreté. « Si on va continuer à penser que la pauvreté est une partie intégrante de la société tunisienne, on ne pourra en aucun cas éradiquer ce phénomène. La pauvreté est un mal, un élément étrange à la société, une maladie à soigner. C’est en pensant de cette manière qu’on parviendra à faire face à ce problème social majeur », a-t-il insisté.

Yadh Ben Achour a également expliqué l’échec de la révolution tunisienne dans ses objectifs sociaux et économiques par ce qu’il appelle la nature du régime politique tunisien post-révolution. Car pour ce juriste, le régime politique parlementaire a montré ses limites et a prouvé qu’il n’est pas capable de faire avancer la situation politique. « J’ai dès le début averti que la mise en place d’un régime parlementaire en Tunisie n’est pas la meilleure alternative, aujourd’hui nous sommes appelés à revoir les choses et à penser à un nouveau régime politique et économique propre au contexte tunisien prenant en considération ses différents aspects », a-t-il appelé. L’orateur a également mis en garde contre le déclenchement d’une nouvelle révolution en Tunisie, car pour lui les mêmes causes provoqueront les mêmes effets. Dans ce sens, l’universitaire a affirmé que trois scénarios sont envisagés quant aux aboutissements de l’actuel processus de transition politique. Soit le régime politique mis en place parviendra, avec les moyens et mécanismes légaux et pacifiques, à répondre aux aspirations du peuple, notamment en ce qui concerne les revendications sociales, soit nous continuons à évoluer dans un contexte et une situation révolutionnaires marqués par une perpétuelle conjoncture de déstabilisation sociopolitique et de turbulences. Selon lui, le troisième scénario n’est autre que le déclenchement d’une nouvelle révolution « et l’histoire a montré à plusieurs reprises que la révolution éclate de nouveau si elle ne parvient pas à accomplir ses revendications sociales et économiques de départ », a-t-il conclu.

La table ronde s’est clôturée par un débat durant lequel des économistes ont souligné que les problèmes économiques et l’absence d’une stratégie et de programmes économiques durables ont fait que la révolution n’est pas parvenue à accomplir sa principale revendication : la dignité humaine et l’emploi.

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Un commentaire

  1. Liberte

    17 janvier 2020 à 13:46

    Vous trouvez que neuf ans après la révolution c’est positif, pour moi on est vraiment plus dans la merde que dans le bonheur. A ce jour les biens de Ben Ali ne sont pas vendus et périssent et perdent de leur valeur, bref un peu de nerf et bougez votre gros cul pour liquider tous ses biens et renflouer les caisses de l’état

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