
Priorités, axes stratégiques et plans de travail, Elyes Fakhfakh a exposé hier, lors de sa deuxième conférence de presse tenue à Dar Dhiafa à Carthage, sa vision de gouvernement à court, moyen et long termes. Il était également question de faire le point sur l’avancement des concertations avec les partis qui constitueront la ceinture politique de son gouvernement. Elyes Fakhfakh a annoncé, à cet effet, que dix partis politiques participeront à la formation de son prochain gouvernement. Le parti Qalb Tounès est toujours exclu, alors que la semaine prochaine sera consacrée à la formation du gouvernement et la répartition des ministères.
Le chef du gouvernement désigné Elyes Fakhfakh a annoncé hier que la formation du gouvernement démarrera officiellement la semaine prochaine dans le cadre des différentes concertations avec les partis concernés. Pour Elyes Fakhfakh, «si la volonté politique existe et est partagée par tous, il est fort probable que la composition du gouvernement sera fin prête au milieu de la semaine prochaine».
«L’objectif n’étant pas de former un gouvernement mais plutôt d’édifier une Tunisie nouvelle, de mettre en place un projet politique viable et soutenu par plusieurs partis politiques», a-t-il dit en présence d’un grand nombre de journalistes nationaux et internationaux. Il a affirmé dans ce sens que c’est pour la première fois que tous les courants et familles politiques tunisiens se réunissent autour d’un projet de gouvernement national et ont exprimé leur disposition à y contribuer «sans conditions préalables».
«Nous avons choisi cette méthodologie, et dix partis et formations politiques ont félicité notre choix et soutenu nos décisions. C’est mon projet politique, ce sont mes choix, j’invite tout le monde à y contribuer, et j’appelle ceux qui sont en train de nous critiquer à nous montrer de quoi ils sont capables».
Elyes Fakhfakh a souligné que grâce à la méthodologie adoptée, son projet jouit actuellement d’une large ceinture politique représentant les deux tiers du Parlement. Et d’ajouter qu’Ennahdha, le Courant démocratique, le Mouvement du Peuple, la coalition Al-Karama, Tahya Tounès, Machrou Tounès, Al-Badil, Afek Tounès, l’Union patriotique libre et Nida Tounès ont déjà exprimé leur soutien au gouvernement qu’il va composer. Pour le chef du gouvernement désigné, la mise en place de ce gouvernement restreint, composé au maximum de 28 ministres, ne nécessite pas plus de temps, «si une réelle volonté politique existe».
Après avoir achevé l’élaboration de ce qu’il appelle le document de référence pour une coalition gouvernementale, une sorte de pacte politique comprenant à la fois des actions urgentes et d’autres à moyen terme, le chef du gouvernement a présenté, hier, aux médias sa vision de gouvernement tout au long des cinq prochaines années, mais surtout les décisions et les mesures urgentes à prendre. En effet, Elyes Fakhfakh a clairement estimé que l’actuelle conjoncture nécessite la mobilisation d’une batterie de mesures dans plusieurs domaines pour débloquer certains verrous, notamment sur le plan économique.
Cette conférence de presse a été également l’occasion pour le chef du gouvernement désigné d’exposer les priorités de son prochain gouvernement, dont notamment la question sécuritaire. Pour lui, il est plus qu’urgent de combattre avec tous les moyens de l’Etat toute forme d’insécurité, et notamment les braquages et la violence. «Aujourd’hui, les Tunisiens ne se sentent plus en sécurité, la question des braquages les préoccupent tous, il n’est plus possible de continuer dans cette situation. Le futur gouvernement s’emploiera à rétablir la sécurité et à garantir la quiétude des citoyens», a-t-il promis.
Mesures urgentes
Elyes Fakhfakh a également estimé que la question du pouvoir d’achat des citoyens sera une des priorités de son gouvernement. Cela passera, selon ses dires, par la maîtrise des prix et par le redressement de l’économie tunisienne. A cet effet, le chef du gouvernement désigné a suggéré d’installer dans les ministères concernés par ces question une sorte d’unités de suivi et d’étude qui se pencheront sur ces dossiers prioritaires dans les plus brefs délais.
Outre ces dossiers urgents, le chef du gouvernement désigné s’est engagé également à mettre sur les rails des projets à long et moyen termes portant notamment sur les secteurs de l’économie, de la santé et de l’éducation. Et d’insister sur le fait que ces décisions et mesures ne nécessitent pas des projets de loi, ce qui rendra leur mise en œuvre possible et rapide.
Dans ce sens, il a évoqué la mise en place d’une stratégie à moyen terme divisée en plusieurs axes et bâtie notamment sur le rôle social de l’Etat . «Il est question de la restructuration et la numérisation des institutions de l’Etat à travers le renforcement des ressources du pouvoir local et la promotion de la décentralisation, la réforme de l’enseignement et du système de santé à l’horizon 2040, la modernisation de l’agriculture, la transition énergétique et la conquête du marché africain», a-t-il annoncé, soulignant la nécessité de mettre en place un nouveau schéma de développement, fondé sur les investissements et la création de richesse.
«Les investissements stratégiques qui seront engagés dans divers domaines devraient garantir la transition économique et sociale, selon une approche participative», a souligné Fakhfakh, estimant indispensable de réviser l’actuel plan de développement, qui est devenu, selon ses dires, obsolète.
Pour Elyes Fakhfakh, l’Afrique est un marché à conquérir dans la mesure où il s’agit d’un continent en pleine croissance. L’Afrique offre désormais de grandes opportunités pour les investisseurs tunisiens, a-t-il dit, citant notamment les secteurs porteurs comme l’énergie, le transport et les banques.
Ce qu’il faut retenir, donc, de la deuxième conférence de presse du chef du gouvernement désigné, c’est que le parti Qalb Tounès est toujours exclu de la formation du gouvernement, et qu’Elyes Fakhfakh aurait décidé d’aller jusqu’au bout dans sa position quant à la participation de ce parti malgré l’opposition du parti Ennahdha, ce qui compliquera davantage les concertations. Il faut retenir également que la semaine prochaine sera cruciale dans ce processus, car il s’agira de la répartition des portefeuilles ministériels dont notamment les ministères de souveraineté.
(crédit photo : Abdelfattah BELAID)