Accueil A la une Dernière ligne droite du processus de formation du gouvernement : Où sont les programmes ?

Dernière ligne droite du processus de formation du gouvernement : Où sont les programmes ?

Qui veut quoi ? Qui réclame quel portefeuille ministériel ? Qui force la main pour avoir la plus grande part du gâteau ? Qui fera des concessions et qui persistera dans ses positions ? Tant de questions alors que l’actuel processus de formation du gouvernement est entré dans sa dernière ligne droite, celle de la composition et de la proposition des noms des futurs ministres. Rien n’est encore sûr et tous les scénarios sont envisageables tant que ce processus reste tributaire des rapports de force, des concessions et des tiraillements politiques de dernière minute. La formation du prochain gouvernement, un exercice périlleux et entravé, ressemble actuellement beaucoup plus à un bras de fer engagé entre plusieurs forces politiques dont les discours, les intentions et les intérêts sont carrément opposés. Mais dans tout cela, où sont les programmes et qui pense à l’intérêt général du pays, surtout dans cette conjoncture économique difficile ?  

Désigné le 20 janvier dernier, par le président de la République, pour former son gouvernement, Elyes Fakhfakh ne dispose que de dix jours pour présenter la composition de son gouvernement à Kaïs Saïed avant de solliciter la confiance du parlement le 20 février prochain. Après le dernier rebondissement si pesant dans ce processus, celui du rapprochement des points de vue avec le parti de Nabil Karoui Qalb Tounès, Fakhfakh a poursuivi les réunions et les concertations consacrées à la proposition des noms des prochains ministres, mais surtout à prendre connaissance des réclamations des différents partis impliqués dans ce processus dont notamment les partis à grande représentativité parlementaire. Les dés sont jetés, place maintenant à la phase la plus compliquée celle du partage du « gâteau » du gouvernement et des ministères. Qui aura la part du lion? S’agira-t-il d’un gouvernement politique ou de compétences ? En tout cas, lors de son discours à l’issue de sa désignation, Elyes Fakhfakh avait affirmé que son gouvernement sera composé de dirigeants politiques et partisans, de compétences et de technocrates, donc, on peut s’attendre à un gouvernement composé de certains grands dirigeants des partis les plus représentés au parlement, dont notamment Ennahdha, le Courant Démocratique, le Mouvement du Peuple, en attendant la position finale d’Elyes Fakhfakh compte tenu de la participation de Qalb Tounès.

Les ministères de souveraineté dans le collimateur

Ce bras de fer et ces tiraillements politiques qui marquent la dernière phase de formation du gouvernement portent notamment sur les portefeuilles de souveraineté, dont notamment les ministères de l’Intérieur de la Justice. Même si le chef du gouvernement désigné n’a pas encore dévoilé son intention de vouloir neutraliser ou pas ces portefeuilles, plusieurs partis les ont réclamés en premier. Il s’agit notamment du Courant démocrate qui persiste à avoir les ministères de l’Intérieur et de la Justice, car, pour lui, ces départements sont primordiaux pour mettre en place son programme de gouvernement bâti sur la lutte contre la corruption. D’ailleurs, Mohamed Abbou, secrétaire général du Courant démocrate, a continué son forcing alors que la marge de manœuvre politique ne fait que se rétrécir, en annonçant samedi qu’il n’est pas parvenu à un accord avec Elyes Fakhfakh et que son parti pourrait se retirer du prochain gouvernement. « Le pays a atteint une phase de corruption politique qui ne permet à aucun parti de réussir. Nous avons proposé que certains départements soient confiés à des noms intègres et qui auront pour fonction d’appliquer les lois pour combattre la corruption », a-t-il expliqué, laissant entendre que le chef du gouvernement désigné a refusé leurs suggestions. Et d’ajouter que « le parti n’a pas eu de problème avec les grandes lignes du programme soumis, mais aujourd’hui il n’est pas parvenu à un accord sur la formation du gouvernement tel que convenu par son conseil national ».

A cet effet, le mouvement Ennahdha a fait part de son ambition de voir le chef du gouvernement neutraliser les ministères régaliens, tout en affirmant avoir soumis une liste de noms à Elyes Fakhfakh. C’est le dirigeant Imed Hammami qui a dévoilé la position de son parti à l’issue de son entretien avec le chef du gouvernement désigné Elyes Fakhfakh. « Nous estimons qu’il serait mieux de neutraliser les ministères régaliens et de les écarter de tout tiraillement politique surtout dans cette conjoncture politique et économique assez compliquée », a-t-il affirmé, se disant satisfait de l’avancement du processus de la formation du gouvernement, « après que Fakhfekh a démontré, hier, qu’il était contre le principe d’exclusion ».

Selon les échos qui parviennent de Montplaisir, parmi les ministères réclamés par le parti de Rached Ghannouchi, figurent notamment les départements de la Santé, de l’Agriculture, des Tic et celui de la Formation professionnelle et de l’Emploi.

Le mouvement du Peuple propose six noms

Mais contrairement à Ennahdha, le Mouvement du Peuple s’est fortement opposé à l’idée de neutraliser les ministères de souveraineté, préférant de mettre en place un gouvernement politique incluant des leaders de plusieurs partis « qui assument leurs responsabilités et leurs choix ». C’est dans ce sens que le secrétaire général du Mouvement du Peuple Zouhaier Maghzaoui a dévoilé avoir présenté une liste de six noms au chef du gouvernement désigné réclamant les départements de l’Agriculture, de la Jeunesse et des Sports, de la Formation professionnelle et de l’emploi et du Commerce.

Pour sa part, alors que le flou persiste encore sur son éventuelle participation au prochain gouvernement, Qalb Tounès n’a pas présenté jusque-là de noms de futurs ministres, et attend toujours la position du chef du gouvernement désigné Elyes Fakhfakh à son égard.

Le parti Tahya Tounès a également demandé au chef du gouvernement désigné cinq ministères dont, essentiellement, ceux de la Santé, de la Formation Professionnelle et de l’emploi et celui de la Coopération internationale et de l’Investissement, proposant une liste de 12 de ses dirigeants pour assumer ces responsabilités.

Autant dire que la logique du butin et non celle de la proposition et de l’application des programmes marque l’actuel processus de formation du gouvernement. Certains partis persistent  dans cette approche et font le forcing alors que le chef du gouvernement désigné ne bénéficie plus d’une grande marge de manœuvre politique. C’est notamment le cas de la Coalition Al-Karama qui a exigé plusieurs ministères pour accorder sa confiance au gouvernement Fakhfakh dont notamment le département de l’Intérieur. Il y a une semaine, la Coalition Al Karama, formée au passage par d’anciens membres des Ligues de la protection de la Révolution (LPR), revendiquait les ministères de l’Intérieur, de l’industrie et de l’Energie…

Jeudi dernier, le fondateur et porte-parole du bloc parlementaire d’Al Karama, Seifeddine Makhlouf, a annoncé que la coalition exigeait le contrôle de six ministères, l’Intérieur, le Développement et la coopération internationale, l’Energie, la Jeunesse et les sports, les Affaires religieuses et les Domaines de l’Etat. Plus récemment, Makhlouf a déclaré que le Chef du gouvernement désigné Elyes Fakhfakh a rejeté une proposition de son bloc de confier le ministère de l’Intérieur au député Yosri Dali. « Aussi, les noms de personnalités indépendantes proposées par la coalition ont également été rejetés », a-t-il ajouté, indiquant que la part de son parti des portefeuilles ministériels était «marginale» et «injuste». En tout cas, le chef du gouvernement désigné avait promis de former un gouvernement restreint ne dépassant pas 27 ministres sans secrétaires d’Etat, incluant des compétences nationales et des personnalités politiques et partisanes. Les représentants des partis Ennahdha, le Courant démocrate, le Mouvement du peuple et Tahya Tounès avaient favorablement accueilli la proposition d’un tel gouvernement affirmant leur prédisposition à contribuer à son succès.

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Un commentaire

  1. Liberte

    10 février 2020 à 16:41

    La Tunisie est un pays du pere noel, on y croit à toutsaufqueque rien n’y si passeconcretet , desoromesseses toujours des promesses et rien’´y se passe ?

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