A l’issue d’un un long et périlleux parcours, le chef du gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh, soumettra aujourd’hui sa composition gouvernementale au chef de l’Etat, Kaïs Saïed. Après les longs tiraillements et la tension politiques, c’est l’heure de vérité pour Elyes Fakhfakh qui devrait également dévoiler son équipe gouvernementale aujourd’hui.
En effet, conformément à la Constitution, le chef du gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh, présentera aujourd’hui à 18h00, au Palais de Carthage, le bilan final des concertations en vue de la formation du gouvernement au président de la République, Kaïs Saïed.
Cette annonce intervient alors que les choix du chef du gouvernement désigné ne font pas le consensus des grands partis représentés dans le Parlement et qui forment pourtant la ceinture politique de son gouvernement. En effet, Ennahdha, le Courant démocratique, le Mouvement du peuple, la Coalition Al-Karama et même Tahya Tounès ont appelé Elyes Fakhfakh à revoir certains de ces choix avant le jour J.
Selon les dernières données disponibles et sauf nouveau rebondissement, le gouvernement Fakhfakh sera composé de 28 ministères : 14 postes politiques et partisans et 12 membres parmi les compétences dans les domaines économique, financier, des énergies et de la technologie en plus des ministères de la Défense et des Affaires étrangères qui seront nommés en concertation avec le président de la République. Elyes Fakhfakh a également décidé de neutraliser les ministères de souveraineté pour les tenir à l’écart des tiraillements politiques et pour assurer un meilleur rendement. Et ce sont notamment les profils indépendants proposés pour assumer les responsabilités de ces départements régaliens qui étaient au cœur des tiraillements politiques. C’est dans ce sens que le Mouvement du peuple et le Courant démocratique ont fait part de leurs réserves quant à certains noms proposés pour ces portefeuilles. En effet, le parti de Mohamed Abbou a fait part de son insatisfaction compte tenu des noms proposés à la tête des ministères de l’Intérieur et de la Justice. Le parti réclame aussi un quatrième ministère qui s’ajoute aux portefeuilles proposés par Elyès Fakhfakh, chargé de la formation du prochain gouvernement. C’est en tout cas ce qu’a confirmé Ghazi Chaouachi, dirigeant du Courant démocratique.
Ennahdha mécontent
Selon toute vraisemblance, la répartition des ministères sera faite en fonction de la représentativité parlementaire des partis concernés. Ainsi, la part du lion reviendra à Ennahdha qui aura cinq ministères dont notamment les ministères de la Santé et de l’Agriculture. Outre la question de représentativité, le mouvement Ennahdha s’est montré également mécontent notamment en ce qui concerne la méthode adoptée par Elyes Fakhfakh et certains de ses choix. Le chef du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, a affirmé dans ce sens que son parti a opté « dès le début pour un gouvernement d’union nationale et que le passage à des élections anticipées maintiendra cette situation de flou ».
Concernant la représentativité d’Ennahdha au sein du nouveau gouvernement, le porte-parole d’Ennahdha, Imed Khemiri, a indiqué que la réunion du bureau exécutif du mouvement islamiste a jugé qu’avec seulement cinq ministères la représentation d’Ennahdha au sein du prochain gouvernement n’était pas proportionnelle avec sa taille parlementaire.
Qalb Tounès out !
En tout cas, ce qui est sûr, c’est que le parti Qalb Tounès a été exclu de ce gouvernement malgré les pressions faites par le mouvement Ennahdha qui a réaffirmé son attachement à un gouvernement d’union nationale. L’information a été confirmée par les dirigeants du parti de Nabil Karoui, qui ont affirmé que le vote pour ou contre ce gouvernement se fera en fonction de sa composition et ses programmes. D’ailleurs, le président du bloc parlementaire de Qalb Tounès, Hatem Mliki, a affirmé que bien qu’il ne soit pas concerné par le gouvernement, son parti pourrait accorder le vote de confiance au gouvernement Fakhfakh afin d’agir dans l’intérêt du pays et faire face à la crise actuelle.
Egalement insatisfaite, la coaltion al-Karama a annoncé qu’elle ne votera pas pour le gouvernement Fakhfakh, qui n’a pas répondu favorablement à leurs exigences. Seifeddine Makhlouf, porte-parole de ladite coalition, a annoncé sur le plateau d’une chaîne privée de TV que la coalition n’avait plus aucun contact avec Elyes Fakhfakh.
En tout cas, durant toute la journée d’hier, les concertations se sont poursuivies à travers les structures des différents partis concernés par ce processus. D’ailleurs, pratiquement tous les partis ont tenu des réunions tardives pour trancher concernant la participation et vote au gouvernement Fakhfakh.
Rappelons que le président de la République, Kaïs Saïed, avait chargé, le 20 janvier dernier, Elyes Fakhfakh de former le gouvernement. Cette désignation était intervenue après le rejet, le 10 janvier 2020, du gouvernement Habib Jemli, par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Fakhfakh avait entamé des concertations avec les partis politiques, les groupes parlementaires, les organisations nationales et plusieurs personnalités pour la formation du gouvernement.
La Constitution accorde au chef du gouvernement désigné par le président de la République un délai maximum d’un mois pour former son cabinet ministériel.
Liberte
14 février 2020 à 16:52
On commence vraiment à en avoir ras-le-bol de ce future gouvernance qui n’arrive pas à être constitué, formé , présente, élu et installé