L’EST a encore une fois joué avec le feu face à un CA déchaîné tel un fauve blessé.
Quand deux équipes aux forces largement inégales se rencontrent, les pronostics vont généralement en faveur de la plus forte. Samedi dernier, le derby de la capitale s’annonçait 100% «sang et or», presqu’une simple formalité pour les habitués de la salle Zouaoui où baignent stabilité, sérénité et dynamique de victoire.
En face, un adversaire malade : joueurs et entraîneur impayés et démotivés, dirigeants démissionnaires, président du club en fuite, sit-in des supporters exigeant la dissolution du comité directeur, menaces persistantes de la Fifa, avalanche de plaintes contre le club déposées à la Fthb et tout le bazar! Engluée dans sa spirale étouffante, l’équipe clubiste n’avait, samedi, qu’à opposer son courage, ni plus ni moins.
Un trésor dilapidé
Cependant, la loi du parquet n’était pas de cet avis. En effet, à travers leur superbe production faite d’engagement physique, d’attaques limpides et d’une étonnante réussite offensive doublée d’un héroïque comportement défensif, on dirait que les rôles ont été inversés et que les Clubistes ont fini de manger leur pain noir pour manger du lion. Pendant la majeure partie du match, ils ont oublié leurs malheurs, la misère de leurs comptes bancaires, les fugues répétitives d’un certain Abdessalem Younsi et le chaos régnant sur une section de handball marginalisée, malmenée, livrée à elle-même et pleurant chaudement son passé glorieux. Tel un lion blessé, l’ensemble de Bab Jedid, qui a failli déclarer forfait pour ce derby, a démontré, à l’occasion, l’étendue de ses richesses collectives et individuelles qui constituent, potentiellement parlant, un trésor que lui envient les autres. En effet, Ghidaoui, Jelidi, Slama, Bhar et autres Ayari et Ala Mustapha feraient le bonheur de nos grosses cylindrées. Mais, au CA d’aujourd’hui sur lequel on tire de tous les côtés, on semble s’en balancer, c’est-à-dire que pour les responsables, la classe de ces joueurs et leur capacité de remporter un titre, qui est dans leurs cordes, importent peu devant la «priorité» accordée aux ballets folkloriques des règlements de comptes et des procès ! Triste réalité, douloureux revers de la médaille pour une équipe senior déprimée, opprimée et complètement paralysée par ses propres enfants, ou ceux qui prétendent l’être.
La douche écossaise
En face, l’EST ne semble pas près de se départir de son conservatisme, à savoir le régime de la douche écossaise. Cette fois encore, on l’a vérifié, lorsque les protégés de Néjib Ben Thayer, longtemps dominés, n’ont dû leur salut qu’aux trois dernières minutes de la rencontre. Et pourtant, rien, absolument rien ne leur manquait pour tuer le match dès son début. Avec leurs joueurs royalement payés et une pléiade d’internationaux, ils peuvent normalement battre le plus aisément du monde n’importe quel adversaire. Mais leur péché mignon, qui les pousse à jouer avec le feu à chacune de leurs sorties, a — paraît-il — la peau dure. Jusqu’où ira-t-il ? Que faire pour s’en débarrasser ? Le regrettera-t-on le jour du décompte final au printemps ?
Mohsen ZRIBI