Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) commence à tirer la sonnette d’alarme concernant une éventuelle pandémie de coronavirus, et alors qu’en Italie, pays voisin, le virus a fait plusieurs victimes et a conduit à la mise en quarantaine de 11 villes, la Tunisie doit-elle se préparer au pire? En tout cas, face à ces informations et données inquiétantes, les autorités tunisiennes, qui affirment que toutes les mesures de prévention possibles ont été prises, assurent que pour le moment, aucun cas de coronavirus n’a été enregistré en Tunisie, ni au sein de la communauté tunisienne installée en Italie ou ailleurs dans le monde.
Depuis le début du mois de janvier, l’épidémie de pneumonie virale SRAS-CoV-2, appelée communément coronavirus, a touché plus de 80.000 personnes à travers le monde et a coûté la vie à plus de 2 700 personnes, principalement en Chine. Cette maladie s’étend aujourd’hui jusqu’en Corée du Sud, en Italie, en Iran ou encore en France et dans d’autres pays asiatiques.
Tedros Adhanom Ghebreyesu, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a ainsi appelé le monde à se préparer à une «éventuelle pandémie». Il juge «très préoccupantes» les augmentations soudaines du nombre de cas en Iran, en Italie et en Corée du Sud.
En Tunisie, la situation n’est pas si inquiétante dans la mesure où les autorités concernées, dont notamment les ministères de la Santé, de l’Intérieur, du Transport, du Tourisme et de la Défense nationale, avaient depuis le début du mois de janvier pris des décisions pour mettre en place tout un protocole médical notamment dans les aéroports et les ports pour éviter toute contamination par ce virus sur le sol tunisien. Aujourd’hui, le ministère de la Santé ne cesse de le répéter : aucun cas de contamination par le coronavirus n’a été jusqu’à présent détecté en Tunisie ou chez la communauté tunisienne installée à l’étranger. Mais la vigilance reste de mise, tous les hôpitaux ont été équipés de salles d’isolement médical pour faire face à d’éventuels cas suspects, d’autant plus que le virus se propage rapidement en Italie, un pays voisin de la Tunisie et où est installée une grande communauté tunisienne estimée à 200 mille personnes.
Vigilance accrue
C’est dans ce sens que le ministre du Transport par intérim René Trablesi n’a pas écarté la suspension de certains vols avec l’Italie notamment ceux à destination et en provenance de Milan. «Il est possible de suspendre les vols entre Tunis et Milan en cas d’accélération de la propagation du coronavirus en Italie. Aujourd’hui, la Tunisie suit de près ce qui se passe dans ce pays voisin et nous assurons que la surveillance au niveau des aéroports et des ports a été renforcée dans le cadre de la lutte contre ce virus et que les cellules de vigilance poursuivent leurs travaux conformément au protocole de prévention», a-t-il rassuré.
Pour sa part, la ministre de la Santé par intérim Sonia Ben Cheikh a expliqué que toute information qui concerne l’enregistrement d’un cas suspect ou confirmé d’atteinte du coronavirus sera rendue publique immédiatement et que les Tunisiens installés en Italie sont en contact avec les consulats de Tunisie dans ce pays et notamment à Milan, où le virus continue à se propager.
Le directeur général de la santé de base au ministère de la Santé, Chokri Hammouda, a déclaré, hier, lors d’une séance d’audition tenue par la commission parlementaire de la santé et des affaires sociales, qu’une enveloppe de quatre millions de dinars a été octroyée au département de la Santé par le ministère des Finances, afin de couvrir les dépenses relatives aux opérations de prévention contre le coronavirus. «Le ministère de la Santé a présenté une demande au ministère des Finances pour l’obtention de 16 millions de dinars consacrés à la mise en œuvre du plan national de prévention du coronavirus, mais le ministère des Finances a donné son accord pour l’octroi de seulement quatre millions de dinars, outre une enveloppe supplémentaire qui lui sera remise en fonction de l’évolution de ses besoins en matière de lutte contre le coronavirus», a-t-il laissé entendre.
Une réunion du Conseil de Sécurité Nationale sera, d’ailleurs, tenue dans les plus brefs délais pour discuter de la situation de propagation de ce virus, d’autant plus que cela constitue une véritable question de sécurité nationale.
Pas de panique !
Mais face à ces données qui parfois font paniquer l’opinion publique d’autant plus que le coronavirus commence à se propager aux portes de la Tunisie, il ne faut pas céder à la peur. Car pour l’instant, le monde n’est pas dans un stade de pandémie, l’OMS se dit encore dans une phase où il est possible de contenir l’épidémie.
Selon une étude publiée dans le Journal officiel chinois d’épidémiologie, la maladie est très contagieuse mais peu mortelle, voire bénigne dans 80,9% des cas. Elle peut toutefois être « grave » dans 13,8% des cas et « critique » dans 4,7% des cas. Jusqu’à 39 ans, le taux de mortalité reste très bas, à 0,2%, puis s’élève progressivement avec l’âge. Les hommes sont plus menacés que les femmes par une issue fatale de 2,8% contre 1,7%.
En Tunisie, le système sanitaire et hospitalier et les protocoles médicaux restent très performants en ce qui concerne la prévention contre les maladies contagieuses et la prise en charge d’éventuels cas de contamination. La ministre de la Santé par intérim avait dans ce sens indiqué qu’en dépit de la diffusion rapide de la souche du coronavirus, le nombre de décès reste raisonnable et que la plupart des morts sont des personnes qui souffraient déjà de maladies chroniques.
Le coronavirus chinois est apparu fin décembre 2019 dans la ville chinoise de Wuhan et s’est rapidement propagé faisant plus de 2600 morts dans ce pays. Le coronavirus est une sorte de virus entouré d’une petite couronne, d’où son nom. Il attaque surtout le nez et les poumons et peut provoquer un simple rhume ou des maladies très graves. D’après l’OMS, le coronavirus est une infection respiratoire aiguë généralement caractérisée par la fatigue, la fièvre, la toux ainsi que des difficultés respiratoires. Il n’existe actuellement ni vaccin ni médicament contre le coronavirus, et la prise en charge consiste à traiter les symptômes.