Fake news au temps du coronavirus : Quand les Tunisiens cèdent à la panique !

La Tunisie, à l’instar d’une centaine d’autres pays dans le monde, poursuit sa guerre contre la propagation du Covid-19 ou coronavirus sur son sol avec l’application stricte de règles et de mesures préventives visant notamment les administrations et les lieux publics. Hier, même si la situation n’a pas considérablement progressé, les autorités continuaient à faire face à une éventuelle propagation de ce virus, notamment à travers les messages de sensibilisation et les opérations de dépistage.

Désinfection de lieux publics, mises en quarantaine, sensibilisation… Plusieurs mesures ont été, en effet, renforcées, hier, en prévention contre une large propagation de ce virus qui s’est transformé en un ennemi public pour pratiquement tous les pays du monde. Mais selon le ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, même si toutes les mesures nécessaires ont été prises, il faut s’attendre à la découverte de nouveaux cas de contamination en Tunisie. «Le département poursuit ses actions de dépistage dans plusieurs gouvernorats du pays, et d’un point de vue purement médical, la situation ne pourrait en aucun cas s’arrêter à ce niveau, il faut s’attendre à de nouveaux cas de contamination». C’est en ces mots que le ministre a diagnostiqué les derniers développements de la situation dans notre pays, misant sur la nécessité de renforcer les opérations préventives.

Il a souligné, à cet effet, l’extrême importance de montrer une prise de conscience collective qui sera, selon ses dires, cruciale dans la lutte contre ce virus. A travers différentes apparitions médiatiques, il a dans ce sens mis en garde contre «la diffusion des rumeurs et le partage de fausses informations qui ne cessent de créer un vent de panique parmi la population». Car, en effet, cette conjoncture mondiale et nationale marquée par la vigilance et la prévention sanitaires, a montré que les fausses informations se propagent aussi rapidement que le virus lui-même. En effet, de même que le virus, la rumeur se répand et avec elle son lot d’inexactitudes et de contre-vérités, ce qui complique davantage la situation. D’ailleurs, un enregistrement sonore a fait le tour de la Toile semant la panique parmi les internautes et les différents citoyens. Il s’agit d’une femme qui prétendait être une infirmière dans un hôpital ayant présenté des données sur la propagation du coronavirus en Tunisie faisant état d’une détérioration inquiétante de la situation. Les ministères de la Santé et de l’Intérieur ont rapidement réagi à ces fausses informations affirmant qu’il ne s’agit que d’une tentative pour induire l’opinion publique en erreur et créer un vent de panique.

Face à ces rumeurs et malgré les messages rassurants de la part des autorités, une large partie de la population a cédé à la panique et a pris d’assaut les grandes surfaces pour s’approvisionner en produits alimentaires et en produits de propreté et de désinfection. En effet, la ruée vers les produits alimentaires s’est poursuivie durant les derniers jours dans les grandes surfaces. Les citoyens ont afflué en grand nombre pour faire des stocks de nourriture, ce qui a provoqué, hier, une pénurie de certains produits alimentaires, dont notamment la farine.

L’Organisation de défense du consommateur (ODC) a, dans ce sens, dénoncé ce genre de comportements observés chez certains citoyens, notamment dans les grandes villes, appelant tous les Tunisiens à faire preuve de sagesse et de calme et à ne pas céder à la panique d’autant plus qu’actuellement, la situation n’est pas inquiétante. «Ce genre de comportements est inadmissible, rien ne pourrait justifier cette frénésie acheteuse d’autant plus que les différents produits alimentaires sont disponibles», s’est désolé Slim Saâdallah, président de l’ODC. D’après un communiqué publié hier par l’organisation, cette frénésie et cet afflux sur l’achat de plusieurs produits de consommation et des médicaments, perturbent les circuits de distribution et encourage les commerçants à la spéculation et au monopole ainsi qu’à l’augmentation des prix et la vente conditionnée.

Si la Tunisie poursuit sa guerre contre le coronavirus avec la prise de mesures strictes, c’est son voisinage qui inquiète le plus. Au nord, l’Italie est devenue le pays le plus touché par ce virus après la Chine, après avoir enregistré près de 200 morts, à l’ouest l’Algérie a également annoncé avoir enregistré son premier décès causé par ce virus, provoquant la suspension des cours dans toutes les écoles et universités du pays, et au sud, c’est l’inconnu. En effet, jusque-là même si la Libye n’a annoncé aucun cas de contamination ni de décès lié à ce virus, selon plusieurs observateurs, la situation reste inquiétante dans ce pays qui est dépourvu d’un système hospitalier performant à cause de la guerre civile déclenchée depuis plusieurs années.

Mais avec les moyens qu’il a, ce pays annonce avoir pris les mesures nécessaires pour éviter une éventuelle propagation de ce virus sur son sol. «Grâce à notre présence dans les terminaux de l’aéroport, le centre national de lutte contre les maladies continue de surveiller les passagers. Nous transformons et développons notre présence à l’aide de caméras de surveillance thermique fixes aux points de passage de Ras Ajdir et Wazen, près de la frontière avec la Tunisie, et au terminal de Misrata», a déclaré, dans ce sens, Badreddine Al-Najjar, président du Centre libyen de contrôle des maladies.

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