La Tunisie, au vu de sa situation économique actuelle, ne pourra pas faire face à une éventuelle contamination généralisée au coronavirus et les répercussions économiques seront malheureusement désastreuses, mettant en péril la souveraineté de l’Etat. En fait, selon l’avis des différents spécialistes, la première conséquence économique n’est autre que le ralentissement de la croissance économique, voire sa dégradation, compte tenu de la situation de blocage de la production et de l’activité économique et commerciale.
Le coronavirus continue sa propagation en Tunisie et ailleurs dans le monde. Si les risques sanitaires sont énormes, les retombées économiques le sont encore plus. Alors que l’économie mondiale fait face à une conjoncture de crise marquée notamment par l’effondrement des bourses, la chute vertigineuse du volume des échanges commerciaux et la baisse considérable du trafic aérien ainsi que du nombre de touristes, la Tunisie ne pourra en aucun cas échapper à cette conjoncture de crise économique généralisée. Et ce sont ses entreprises, surtout ses PME, qui semblent être les plus touchées. La crise du coronavirus n’est pas uniquement sanitaire, elle est aussi financière, et les répercussions sur l’économie nationale, déjà fragilisée pourraient être effrayantes.
Le taux de croissance s’est réduit à 1% en 2019 contre 2,7% en 2018, selon des données publiées par l’Institut national de la statistique (INS) en février dernier. Il s’agit d’un coup dur pour l’économie tunisienne dans la mesure où le taux de croissance constitue le plus important indicateur économique utilisé pour mesurer la croissance de l’économie et aura un impact direct sur l’employabilité, le développement et l’investissement. Si la Tunisie s’est engagée à améliorer la situation et faire hausser ce taux, elle a été secouée, à l’instar de la majorité des autres pays, par cette crise, dont les répercussions économiques commencent à se faire sentir.
«La conjoncture sanitaire et économique internationale causée par le coronavirus maintiendra malheureusement le taux de croissance en Tunisie à 1%, voire moins», s’est inquiété il y a dix jours le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh, au tout début de la crise. Aujourd’hui, cette tendance baissière du taux de croissance se confirme davantage alors que le pays plonge dans la crise provoquée par les risques de propagation du coronavirus sur le sol tunisien.
En l’absence d’une étude préliminaire sur les conséquences de cette situation et les risques de propagation du coronavirus sur l’économie nationale, les différents acteurs et spécialistes en économie s’accordent sur un seul fait : la Tunisie, au vu de sa situation économique, actuelle ne pourra pas faire face à une éventuelle contamination généralisée au coronavirus et les répercussions économiques seront malheureusement désastreuses, mettant en péril la souveraineté de l’Etat. En fait, selon l’avis des différents spécialistes, la première conséquence économique n’est autre que le ralentissement de la croissance économique, voire sa dégradation, compte tenu de la situation de blocage de la production et de l’activité économique et commerciale. Il s’agit surtout d’une baisse considérable des apports de l’Etat en devises provoquée surtout par une crise du secteur touristique, l’un des secteurs les plus touchés par cette conjoncture, et par la décroissance des échanges commerciaux, des exportations et du trafic aérien, notamment avec le continent européen.
Les entreprises lourdement impactées
D’ailleurs, selon les prévisions de l’ancien ministre des Finances Hakim Ben Hamouda, trois secteurs vitaux pour l’économie nationale, à savoir le tourisme, le transport aérien et le transport maritime, connaîtraient un choc de productivité qui pourrait atteindre dans certains cas 50%. Selon ce spécialiste en économie, des pertes estimées à 1,6% du PIB du pays sont à craindre si cette conjoncture de crise s’allonge. Les acteurs du tissu économique et financier craignent également une crise des exportations tunisiennes déclenchée par le blocage du transport maritime et aérien et la baisse des échanges commerciaux, notamment avec l’Union européenne.
Aujourd’hui, le monde économique est dans un équilibre précaire et fragile et risque l’effondrement à tout moment. Force est de constater qu’il s’agit d’une double crise qui débute en Tunisie comme dans le monde entier. D’une part, une panique boursière et financière qui va avoir des conséquences directes sur l’économie réelle et, d’autre part, des mesures sanitaires drastiques prises par les gouvernements qui vont mettre à l’arrêt de très nombreuses activités économiques et commerciales comme le tourisme.
Et dans ce contexte de crise, ce sont les entreprises et notamment les PME qui semblent être les plus touchées. «Les entreprises nationales sont fortement touchées par la propagation du coronavirus, étant donné que nos échanges commerciaux se font à 75% avec l’Union européenne qui traverse une crise sanitaire et économique sans précédent», s’est, d’ailleurs, alarmé, hier, le vice-président de l’Utica, Hichem Elloumi. Pour lui, ces entreprises commencent à ressentir les répercussions de cette situation avec notamment des difficultés au niveau de l’approvisionnement en certains produits et matières premières et des annulations de commandes. «Nous commençons à voir des entreprises qui diminuent leurs effectifs, certaines envisagent même de fermer leurs portes pendant des semaines», a-t-il affirmé.
C’est dans ce sens que le Conseil d’affaires Tunisia-Africa Business Council (Tabc) a proposé aux autorités et aux banques une batterie de mesures visant à protéger les entreprises tunisiennes et à les sauver d’une débâcle sans précédent. Parmi les mesures proposées, figurent le rééchelonnement de la dette et des échéances de remboursement des crédits avec deux à trois mois de non-application des intérêts, l’ouverture du robinet des crédits de gestion et crédits à court terme pour soutenir les trésoreries des PME tunisiennes, la facilitation des crédits d’investissement et la réduction des délais d’octroi ainsi que la diminution du taux directeur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) de 200 points de base minimum.
Le tourisme en péril !
Il est également connu qu’à la moindre crise économique ou situation de déstabilisation politique ou sécuritaire, le tourisme, secteur fragile, se trouve lourdement impacté et livré à lui-même même s’il contribue considérablement au PIB du pays. Aujourd’hui et face à cette situation, le constat est le même, le secteur, pourtant en pleine période de réservations touristiques, s’enfonce dans la crise.
Les opérateurs touristiques et notamment les hôteliers et les propriétaires d’agences de voyages sont dans le flou total, réservations annulées, baisse du trafic aérien et suspension de la Omra, l’inquiétude est à son paroxysme dans les milieux des voyages. D’ailleurs, une source relevant de la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav) confirme à notre journal que la situation est assez inquiétante non seulement au niveau des réservations étrangères qui ont été lourdement impactées, mais aussi du côté du tourisme interne en cette période de vacances de printemps. «Annulation de voyages dans le sud, d’événements, de randonnées et autres, les agences sont dans le flou total, une crise s’installe bel et bien dans le secteur», a-t-on confirmé. Les hôteliers broient également du noir, annulation de séjours, de séminaires, d’événements… la situation est loin d’être rassurante notamment à l’approche de la haute saison.
Il faut rappeler également que les agences de voyages spécialisées dans le tourisme religieux, dont notamment l’organisation des voyages de la Omra avaient encaissé un coup dur après la suspension de la Omra suite à la propagation du coronavirus. 42 chaînes charters Tunis-Jeddah et Tunis-Médine, dont 28 vols Tunisair et 14 Nouvelair, prévus pour la saison 2019-2020 de la Omra, avaient été d’ailleurs annulées.
Ainsi, face à cette situation de crise qui a frappé plusieurs secteurs simultanément, l’action de l’Etat est indispensable pour sauver ces structures économiques. Un plan d’accompagnement des entreprises, des PME, des hôteliers, des agences de voyages et d’autres acteurs lourdement impactés par cette conjoncture s’impose pour pouvoir gérer cette situation et éviter l’effondrement de tous les indicateurs économiques.
En tout cas, le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a indiqué que le gouvernement se penche actuellement sur l’examen de la situation et des répercussions économiques de cette crise, affirmant que des mesures seront prises pour limiter les dégâts.
Liberte
19 mars 2020 à 10:46
Les victimes du coronavirus doivent être indemnisées par l’état et l’employeur a 100 %, sans ça comment voulez vous qu’ils vivent et faire nourrir l’Eure famille ?