Les îles Cani ou « isuli di pisci cani » en langue sicilienne, c’est-à-dire îles aux requins ou « jouzour el Klèbe » en langue arabe, couramment appelées « Dzirett el Klèbe », sont des petites îles calcaires de dimensions inégales situées à environ 10,5 km au Nord des côtes de Metline, Cap Zebib au nord-est de la Tunisie et dans la région de Bizerte.
Elles sont deux : Grande Cani et Petite Cani. En effet, leur nom italien n’est probablement pas lié aux chiens comme on le pense, mais il est plutôt lié aux requins « pisci cani » en sicilien. La grande île est surmontée d’un très beau phare construit entre 1856 et 1860 quand le gouvernement britannique demanda au Bey de Tunis l’autorisation d’en y hisser un. Sadok Bey autorisa et finança lui-même le bâtiment haut de 18 mètres faisant venir de Sicile (l’île ne faisait pas encore partie de l’Italie qui a été unifiée en 1861), deux gardiens pour allumer quotidiennement ce phare : Giuseppe Alacchi et Rosa Taranto.
Giuseppe Alacchi est né le 19 avril 1840 sur l’île de Pantelleria, l’île italienne la plus proche du Cap Bon (57 km.), qu’on peut admirer depuis Kélibia et dont le nom « Bint Al-Riah » indique la « fille du vent » en arabe. Giuseppe est donc un îlien et peut-être pour cela qu’il décide de quitter son île pour une autre île et de s’y installer avec sa femme, Rosa Taranto, elle aussi îlienne et originaire de l’île d’Ustica, située sur la mer Tyrrhénienne à environ 60 km. Au nord-ouest de Palerme. Rosa, en commun accord avec son mari, prit la décision elle aussi de s’installer sur l’île Cani.
C’est grâce à Mohamed Sadok Bey que le couple s’installera sur l’île tunisienne pour s’occuper quotidiennement du phare. Les Siciliens emmèneront avec eux depuis la terre ferme, un ami tunisien, un certain H’mida qui s’occupait de les transporter avec sa barque sur le continent pour pouvoir s’approvisionner. H’mida devait être très probablement originaire de Metline ou de Bizerte.
Les trois et uniques habitants de l’île étaient démunis de tout et ils portaient sur eux les mêmes vêtements pendant toute l’année. Le 29 janvier 1897, l’un des navires anglais qui assurait le commerce en Méditerranée, le « Danish Prince », a naufragé près des côtes de l’île Cani. Giuseppe et H’mida, sortiront en barque une froide nuit d’hiver pour sauver une partie de l’équipage, ensuite ramené sur l’île. Pendant quelques jours, ils partageront avec les naufragés le peu de nourriture qu’ils avaient à leur disposition.
Grâce à ce sauvetage, sa Majesté la reine Victoria d’Angleterre décida de décorer Giuseppe Alacchi pour avoir rendu service à la Couronne Anglaise et sauvé un grand nombre de vies humaines.
Peu de temps après, et grâce à la décoration reçue, Giuseppe et sa femme Rosa déménageront de l’île Cani pour aller s’installer sur la terre ferme et allumer tous les soirs le phare de Sidi Bou Saïd, ville située à quelques kilomètres de Tunis. Le couple s’installera alors à La Goulette, ou « la Goletta » (petite gorge en italien), là où habitait une importante communauté de Siciliens. Les enfants de Giuseppe et de Rosa, et les trois générations à venir, verront le jour dans cette ville côtière, traversée par le canal.
La fille du gardien du phare épousera Josèphe Farina, originaire, lui aussi, de Sicile dont les parents étaient déjà nés à La Goulette.
farina
7 avril 2020 à 11:43
Histoire très intéressante, je me suis mise à faire des recherches aujourd’hui sur mes ancêtres et je tombe sur cet article, ce sont mes arrières arrières arrières grand parents,car mon grand père s’appelai Joseph farina et son père aussi et sa mère était Mattéa Alacchi fille des gardiens du phare.Merci pour cet article.
Alfonso Campisi
7 avril 2020 à 15:39
Bonjour je suis ravi de connaître une descendante de cette famille. Je vous remercie pour votre message.
Mon mail est: alfonsocampisi@yahoo.fr
Ou bien sur fb Alfonso Campisi
TURKI
10 avril 2020 à 11:51
C’est tellement intéressant ! Merci, Alfonso de nous expliquer tout ça. Il ne faut pas l’oublier !!! nous sommes tous liés / reliés par cette coopération entre nos peuples
! Encore merci !
Alfonso Campisi
10 avril 2020 à 16:47
Merci infiniment !
Ben ayed
9 avril 2020 à 08:45
Magnifique
J adore ?
Sehili
9 avril 2020 à 14:55
Le lien est evident entre PortoFarina le toponyme ancien de Ghar el Milh et la famille Farina. Merci Alphonso
Alfonso Campisi
9 avril 2020 à 15:05
Bonjour, merci pour votre message.
Oui c’est fort probable.
A bientôt sur « Mes Odyssées en Méditerranée »
Abdelkafi
9 avril 2020 à 15:51
Magnifique témoignage. Merci.
Adeleine
10 avril 2020 à 06:03
Magnifique histoire merci. J’ai été beaucoup à l’île Cani avec mon père quand j’étais petite. Nous habitions à Bizerte.
Alfonso Campisi
10 avril 2020 à 16:47
Merci infiniment
Mohamed Rached Khayati
18 avril 2020 à 14:43
En lisant cet article, j’ai eu le sentiment de ne pas me confiner idiot. Merci à l’auteur qui m’a conforté dans ma conviction que l’appartenance à Mare Nostrum est la dimension culturelle qui sied le plus à notre identité tunisienne. J’espère un jour, avoir l’honneur et le plaisir de vous rencontrer et de vous connaître monsieur Campisi. Mon invitation sur Facebook est déjà lancée. Mon adresse e-mail: rached_k55@yahoo.com.
Alfonso Campisi
18 avril 2020 à 15:06
Cher Monsieur,
Je vous remercie infiniment pour votre mail.
Que dire sur la Méditerranée …c’est notre espace, c’est notre culture, c’est notre vie.
Un espace si complexe mais tellement riche et tellement beau. Cette mer/mère appartient aux riverains de la rive sud comme à ceux des rives nord et est.
Merci de me lire.
A.Campisi
Blanc
16 octobre 2022 à 18:14
Bonsoir, article très intéressant, mon arrière arrière grand-père Andréa Cannamela né en 1885 à la Goulette était lui aussi gardien de phare sur cette île.
Merci Mr Campisi.
Blanc
6 janvier 2023 à 11:33
Bonjour blanc nous avons le même grand père je vous laisse mon mail Valérieblanc83137@ Gmail.com