Accueil Editorial Le droit à l’erreur n’est plus accepté

Le droit à l’erreur n’est plus accepté

Des faits regrettables et qui ne sont pas isolés. Des faits qui tendent à mettre en cause ce qui a été déjà accompli. L’image de gens de plus en plus dans la rue qui ne respectent ni le confinement, ni les règles de distanciation nécessaires. Les signes de laisser-aller qui se font jour et les mesures générales contournées. Dans les choix auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés pour lutter contre la pandémie, le droit à l’erreur n’est quasiment plus accepté. « Nous serons incapables de compter les morts si les gens continuent à ignorer les mesures de confinement », avertit Abdellatif El Mekki. C’est le grand gâchis qui risque d’être à jamais perpétué en Tunisie. A-t-on vraiment une idée de ce que cela représente ? De ce que cela pourrait être ?

Au vu des incidences dévastatrices qui pourraient avoir des répercussions sur les plans humain, sanitaire et social, la crainte d’une propagation rapide et horizontale du virus est de plus en plus plausible. Des personnes pourraient être contaminées et circuler librement dans la nature. Ce qui rendrait l’Etat dans l’incapacité de déterminer les zones infectées.

Face à la gravité de la situation et afin de repousser le pire, ne restons pas sourds à l’appel de détresse du ministre de la Santé. L’heure est au durcissement des mesures de confinement. Ce n’est pas en effet en fonction de la météo qu’on décide de sortir ou pas, c’est plutôt en fonction d’un combat que nous menons contre la pandémie. L’avis du Conseil scientifique sur la durée et l’étendue du confinement pour un strict respect des mesures de prévention recommande aux autorités de durcir le ton. Ne serait-il pas justement mieux de revoir certaines autorisations de déplacement et stopper même des activités certes productives, mais non essentielles ? Un impératif dont le gouvernement devrait tenir compte pour éviter de se voir accusé de ne pas en faire assez. Durcir le confinement, c’est réussir à le faire respecter correctement. Les résultats seront meilleurs dès lors que les gens l’appliqueront strictement.

La retranscription dans le droit de cette volonté sanitaire et politique peut susciter des interprétations différentes, mais nous demeurons convaincus que le recours au durcissement des règles constitue le meilleur moyen pour maîtriser l’évolution de la pandémie. La question ne relève pas du droit, encore moins de la morale. Il y a de plus en plus de dérapages qui restent impunis. Il est temps de neutraliser toutes les parties qui menacent la vie des Tunisiens. On est passé aux amendes, mais on fait d’ores et déjà aussi écho de contraventions qui peuvent conduire également à une peine pénale.

Selon le ministre de l’Intérieur, les patients Covid-19 qui refusent de se conformer aux décisions du ministère de la Santé seront poursuivis au pénal, pour mise en danger de la vie d’autrui et pour homicide involontaire si un décès est constaté dans leur entourage. « Les arrestations vont se poursuivre car nous ne sommes pas prêts à perdre nos acquis. Nous sommes déterminés à appliquer sévèrement la loi ».

Rien n’est pour autant perdu et il est toujours possible de contrôler la situation. Où qu’il se trouve, le citoyen a un rôle important et décisif à jouer dans la lutte contre le coronavirus. Cette transformation en termes d’attitude, mais aussi de comportement, renvoie à la cohésion morale de tous les Tunisiens pour faire face et résister à la crise. On a besoin de changer de trajectoire. Cela nécessite un engagement qui cultive le respect des règles et les obligations mutuelles.

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Un commentaire

  1. Dr. Ezzeddine Moudoud

    9 avril 2020 à 20:26

    Merci si Jalel pour cet édito si pertinent, et si douleureux…en même temps. Mais aujourdh’ui je ne pense qu’à nos martyrs du 9 avril 1938…qu’on a tendance à oublier…dans des « chamailleries »…bien Tunisiennes…

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