
Alors que le pays entre aujourd’hui dans une phase de déconfinement ciblé, des craintes sur la situation épidémiologique sont toujours de mise. Selon la dernière actualisation du bilan épidémiologique, la Tunisie a dépassé la barre des mille cas confirmés et fait état de 42 morts. Le ministre de la Santé, Abdellatif El Mekki, s’est montré sceptique et même craintif face au risque d’une éventuelle détérioration de la situation en dépit des bons résultats jusque-là obtenus. S’agit-il d’un mauvais timing pour s’aventurer et libérer certains secteurs et métiers ? Pour le ministre de la Santé, un retour au confinement total s’impose en cas de rechute.
Sur un total de 529 analyses effectuées dont 110 sur des cas anciens atteints du Covid-19, 63 sujets ont été testés positifs au 1er mai 2020 dont 11 nouveaux et 52 anciens, portant ainsi le bilan à 1 009 cas confirmés sur un total de 22 055 prélèvements. Selon un communiqué du ministère de la Santé, 323 malades sont guéris, 644 sont encore porteurs du virus et sont toujours en observation et 42 sont morts des suites du Covid-19. 25 malades sont actuellement en réanimation et 59 autres sont hospitalisés.
Le ministère de la Santé a également souligné que depuis le 22 mars 2020, plus de 10 mille personnes ont été rapatriées dont 4 000 ont terminé leur isolement obligatoire.
La Tunisie a ainsi franchi la barre des 1 000 cas confirmés exactement deux mois après le début de la pandémie et fait mieux que plusieurs pays dans le monde, notamment au niveau de la prévention contre la propagation du virus. Les mesures préventives prises d’une manière rapide et efficace dès le début du mois de mars lui ont permis d’éviter 1000 morts causées comme le confirmait la commission de lutte contre le coronavirus.
Mais au vu du relâchement observé ces derniers jours au niveau de l’application des dispositions du confinement total et face aux risques de détérioration de la situation en période de déconfinement ciblé qui débute aujourd’hui, la Tunisie risque de perdre tout ce qu’elle a construit ces deux derniers mois.
Sur son compte Facebook, le ministre de la Santé n’a pas caché ses craintes et son scepticisme de voir le nombre de cas confirmés augmenter d’une manière considérable durant les prochains jours. En effet, dans un post Facebook publié hier, le ministre s’est montré même inquiet compte tenu du relâchement observé ces derniers jours et qui coïncide avec la levée progressive du confinement total, affirmant que les autorités sanitaires seront obligées de décréter de nouveau le confinement total en cas de rechute. Dans des déclarations médiatiques, El Mekki a également affirmé que « la Tunisie n’a pas encore atteint le pic de l’épidémie ». On pourra comprendre que celui-ci coïnciderait donc avec le plan de déconfinement progressif et ciblé, d’où les grands risques de rechute et de détérioration de la situation en dépit des résultats jusque-là réalisés.
Pic d’appels pour symptomatologie Covid-19
Pour sa part, Dr Samir Abdelmoumen, médecin urgentiste et membre de la commission de lutte contre le coronavirus, a signalé un nouveau pic d’appels pour symptomatologie Covid-19 enregistré à la salle de régulation du SAMU 01, ce qui laisse présager une éventuelle hausse des cas confirmés. « J’étais sceptique à cause du relâchement des mesures de confinement et de distanciation et depuis hier, à la salle de régulation du SAMU 01, on observe une reprise du pic d’appels téléphoniques pour symptomatologie Covid-19. C’est inquiétant me semble-t-il, j’espère que je me trompe », a-t-il posté.
La Tunisie entame aujourd’hui une période de déconfinement ciblé qui s’étalera jusqu’au 14 juin prochain. La première étape débutera le 4 mai et s’achèvera le 24 mai. La seconde étape s’étendra du 24 mai au 4 juin alors que la troisième étape durera du 4 juin au 14 juin. Les secteurs concernés par le déconfinement du 4 mai sont les artisans, les petits métiers, les secteurs du textile et d’import/export et les secteurs qui ne peuvent pas travailler à distance alors que les grandes surfaces, les coiffeurs, les friperies… pourront rouvrir à partir du 11 mai.
En dépit des risques épidémiologiques, la situation économique impose une levée progressive du plan de confinement pour réanimer certains circuits économiques. Ce plan de déconfinement partiel exige notamment le respect des mesures de distanciation sociale pour réussir un retour à la normale d’ici juillet. Toutefois, seront exclus de ce plan les personnes âgées de plus de 65 ans, les femmes enceintes, les personnes dont l’immunité est faible et les enfants de moins de 15 ans.
Ce plan mise également sur le port du masque de protection, notamment dans les moyens de transport en commun. La Pharmacie centrale a commencé à approvisionner les pharmacies en masques sanitaires à usage unique, pour une commercialisation au grand public qui a démarré hier, notamment aux concernés par la sortie pendant la période de déconfinement ciblé.