Cofondateur du mouvement national, Tahar Ben Ammar entra de plain-pied dans l’histoire pour avoir été l’homme ayant signé, le 20 mars 1956, au nom de la Tunisie, les protocoles grâce auxquels la France avait reconnu l’indépendance de notre pays, après 75 années d’occupation
Militantisme désintéressé et engagement responsable pour le bien du pays. Voilà comment l’on pourrait résumer l’œuvre et l’immense apport du grand leader Tahar Ben Ammar (1889-1985), tout au long de près d’un demi-siècle de lutte et d’abnégation.
Il restera à jamais vivant dans notre mémoire collective pour avoir été celui qui,au nom de la Tunisie, a signé, le 20 mars 1956, à Paris, les protocoles grâce auxquels la France avait reconnu l’indépendance de notre pays, après 75 années d’occupation.
Né le 25 novembre 1889, à Tunis, dans une famille de riches propriétaires terriens, d’origine libyenne, Tahar Ben Mohamed Ben el Haj Ali Ben Ammar, dont la mère est d’origine algéro-tunisienne,a toujours incarné l’idéal d’un militantisme à la fois intègre, désintéressé, courageux et sage.
Après ses études primaires, il intégra le lycée Alaoui, puis le lycée Carnot. La mort subite de son père, alors qu’il était en terminale, le priva de la chance d’obtenir son bac. Son grand-père encore vivant l’appela, en effet à ses côtés pour le seconder dans la gestion des biens de la famille.
Une année plus tard, son grand-père l’envoya au Sud de la France pour parfaire ses compétences en agriculture. Il en profitera pour entreprendre un voyage à Paris où il put assouvir sa soif de culture et nouer d’importantes connaissances dans les milieux culturels, politiques et des affaires. Il séjournera également en Italie pour les mêmes raisons.
Après son retour en Tunisie, en 1910, il se consacra à améliorer la gestion technique et financière des domaines de la famille et intégra le mouvement des «Jeunes Tunisiens» que dirigeait le grand leader Ali Bach Hamba et que soutenait le célèbre orateur zeïtounien réformiste, cheikh Abdelaziz Thâalbi.
Après un deuxième voyage d’affaires en France, en 1910, et un troisième en 1911, au cours desquels il profitera de son séjour pour renforcer ses relations avec les milieux influents, il replongera dans la lutte active visant l’amélioration des conditions de vie des Tunisiens.
Avec le président Wilson, à Paris
Après la fin, en 1918 de la Grande guerre, il sera chargé par ses compagnons de lutte de présenter les doléances tunisiennes à Woodrow Wilson, président des Etats-Unis ,qui avait appelé au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il réussira à le rencontrer, en juin 1919, à Paris, lors de la participation de ce dernier au congrès de Versailles et à lui remettre le fameux document.
Auparavant, notre jeune leader participait activement à la création, au cours du mois de mars, en Tunisie, du Parti libéral constitutionnel tunisien, le fameux «Destour», qui sera présidé par Thâalbi.
En octobre de la même année, il entreprit des démarches sérieuses auprès des autorités coloniales afin qu’elles acceptent la création d’une association sportive purement tunisienne, chose qui était interdite auparavant. Cette association deviendra célèbre, elle avait pour nom le Club Africain, et il en sera le président d’honneur.
La même année, il s’oppose activement à une demande formulée par la France, au nom du gouvernement tunisien, pour l’obtention d’un prêt obligataire qui était contre les intérêts du pays et sera ainsi signalé par les autorités coloniales comme étant une personne hostile à la France.
Grâce à ses influentes relations avec les milieux politiques, économiques, culturels et médiatiques et aussi pour ses qualités humaines, Ben Ammar sera chargé de présider la deuxième délégation du mouvement national dépêchée, en décembre 1920 à Paris, par le Destour, la première, envoyée quelques mois auparavant, n’ayant pu accomplir sa mission.
La délégation eut des contacts très fructueux, publia un document, «La question tunisienne», et fit publier les doléances des Tunisiens dans un journal de la place. Elle réussit, enfin, à rencontrer le chef du gouvernement français, également chef de la diplomatie. Rencontre au cours de laquelle la délégation lui remit la fameuse requête sous forme d’une pétition comportant quelque 30.000 signatures.
Terre tunisienne, un long combat
Voulant devenir plus pragmatique, Ben Ammar s’orientera vers la lutte au sein des structures associatives et représentatives à caractère économique et social. Ainsi et après avoir participé à la création d’une grande société agricole visant à aider les agriculteurs tunisiens du Nord à moderniser leurs méthodes de travail, il participa à la fondation d’une association pour les agriculteurs qu’il présidera à partir de 1930 et jusqu’en 1934.
Ben Ammar décida aussi d’intégrer le Grand conseil, une structure consultative mixte, et ce afin de faire entendre la voix des Tunisiens et mieux défendre leurs intérêts. Il sera élu, en novembre 1928, membre de ladite structure puis un peu plus tard président de sa section tunisienne.
En 1930, Ben Ammar sera élu président de la Chambre tunisienne de l’agriculture, qu’il avait intégrée quelques années plus tôt. Il présidera alors ladite structure jusqu’en octobre 1957, date à laquelle elle sera dissoute par une décision gouvernementale.
Au nom de cette organisation, mais aussi au sein du Grand conseil, Ben Ammar entreprit de dénoncer haut et fort les politiques agricoles coloniales qui visaient, à court, moyen et long terme à déposséder les Tunisiens de leurs terres.
Nous pouvons citer parmi ses actions, l’important discours qu’il a prononcé, en 1931 à Tunis, devant Gaston Doumergue, Président de la République française, en visite à l’époque en Tunisie. Discours au cours duquel il a insisté sur les problèmes fonciers engendrés par l’occupation, dont la spoliation, et leurs conséquences néfastes sur les Tunisiens.
Il a par ailleurs fustigé la politique des deux poids deux mesures, adoptée par les autorités coloniales et qui défavorisait les Tunisiens face aux Français, puis appelé à faciliter l’accès à l’enseignement agricole moderne pour les enfants des paysans, partout dans le pays.
Ben Ammar fera aussi partie de deux délégations dépêchées à Paris, la première en 1931 et la seconde l’année d’après. Mission : défendre les intérêts des agriculteurs tunisiens auprès des autorités métropolitaines. Surtout, régler le problème épineux de l’endettement dont souffraient les paysans tunisiens et à cause duquel des centaines de milliers d’entre eux risqueraient de perdre leurs terres.
L’échec de la première délégation à faire entendre la voix des Tunisiens, à cause de la pression exercée par les colons, surtout les prépondérants parmi eux a incité les concernés à reprendre la lutte et repartir pour Paris. Là, la délégation rencontrera les mêmes entraves et elle sera sommée par les autorités coloniales à Tunis de rentrer.
Ben Ammar ainsi que l’un de ses compagnons refuseront d’obtempérer et resteront plusieurs jours encore dans la capitale française et réussiront, enfin, à rencontrer le chef du gouvernement français. Ce dernier décidera la constitution d’une commission mixte pour aller enquêter sur place.
Au sein du Grand conseil, une présence fructueuse
En 1933, il a même réussi à convaincre ses pairs d’arrêter la coopération avec les autorités coloniales en Tunisie et de rejeter le projet du budget de l’Etat tunisien, ce qu’ils feront à l’unanimité (Action qui se répétera ultérieurement plusieurs fois).
A l’occasion des fameux événements d’avril 1938, Ben Ammar et ses compagnons uniront leur voix, au sein du Grand conseil, à celle de l’ensemble du peuple tunisien qui, en investissant la rue et en offrant son sang pour la patrie, réclamait de profondes réformes politiques, dont un Parlement tunisien élu et un gouvernement national tunisien.
Après la fin de la présence allemande en Tunisie au cours de la Seconde Guerre mondiale, Ben Ammar aura un long entretien avec le général de Gaulle, chef de «La France libre», le 26 juin 1943, à Tunis. Entretien au cours duquel il expliquera au général que la destitution du roi Moncef bey était une grande erreur. Il intercédera aussi auprès du chef des Français en faveur des Tunisiens condamnés à mort pour collaboration avec les Nazis et ces derniers auront la vie sauve.
Ben Ammar rencontrera encore le général à deux reprises. La première à Alger, en novembre 1943 au cours de laquelle il réussira à convaincre le général de lancer une nouvelle politique française en Tunisie qui devrait lui permettre de s’autogérer. Ce dernier donnera ses consignes pour que cette revendication devienne une réalité.
La seconde en mai 1944, à Tunis, au cours de laquelle Ben Ammar prononcera un discours grâce auquel il insistera sur la nécessité de permettre à la Tunisie de devenir une démocratie constitutionnelle. Sachant que les consignes citées plus haut sont restées lettre morte à cause de la pression exercée par les prépondérants sur le résident général.
Son voyage à Paris, en mai 1950, à la tête d’une délégation de la section tunisienne du Grand conseil lui permettra de rencontrer le président de la République française ainsi que le chef du gouvernement français et de leur remettre la liste des doléances tunisiennes.
A la tête du Front national tunisien
Ben Ammar avait réussi, entre-temps, en février 1944, à réunir autour de lui les dirigeants des différents partis politiques tunisiens ainsi que ceux des organisations nationales et à fonder et à présider une instance qui sera nommée «Front national» dont le secrétaire général sera le leader Habib Bourguiba.
Sollicité quelques jours plus tard pour prendre la tête d’un gouvernement qu’il devrait former, Ben Ammar déclinera l’offre, et se consacra à ses responsabilités à la tête du Front. Instance qui s’ouvrira à d’autres mouvances et structures nationales et comprendra, parmi ses membres, des Tunisiens juifs et aussi des savants de la Zitouna.
Le Front réclamera en novembre 1944, pour la Tunisie, une Constitution, puis en février 1946 demandera à la France d’accorder à notre pays son autonomie interne.Doléances qui seront publiées dans les journaux et envoyées à tous les partis politiques français.
Action qui rendit encore plus facile la réunion, en août 1946, de l’ensemble des composantes du mouvement national en un congrès qui formera un tournant décisif dans la lutte pour la libération du pays du joug de la colonisation. Ledit congrès revendiquera, en effet, l’indépendance totale de la Tunisie.
Le Front soutiendra en août 1950 le nouveau gouvernement qui venait d’être formé par M’Hamed Chenik. Il fera de même pour les revendications, pourtant moins radicales que celles adoptées en 1946, que ledit gouvernement adressera, en octobre 1951, à son homologue français.
Celles-ci seront rejetées le 15 décembre 1951. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Le peuple tunisien se prépara donc au pire. Et une grève générale de trois jours fut observée.Le Néo-Destour, représenté au sein du gouvernement par le leader Salah Ben Youssef, monta alors aux créneaux et réclama le recours aux Nations unies.
Ce sera Ben Ammar qui convaincra son ami M’hamed Chenik, le chef du gouvernement, de l’opportunité et de l’efficacité de ladite proposition. Ce dernier était hésitant pour plusieurs raisons, dont le refus de bon nombre de ces équipiers.
Il parvint, aussi, à réunir l’ensemble des composantes du mouvement national et à faire signer la requête par les représentants de chacune d’entre elles. Et le précieux réussit enfin à atterrir au bureau du secrétariat des Nations unies, à Paris.
Vers la conquête de la souveraineté nationale
Les autorités françaises nommèrent alors Jeande Hauteclocque, nouveau résident général de France en Tunisie. Celui-ci inaugurera dès son arrivée à Tunis, le 13 janvier 1952, une politique de la terreur. Le peuple répondra à cette attitude belliqueuse et les mesures coercitives qui la concrétisèrent, par des manifestations houleuses et déclenchera la résistance armée.
De Hauteclocque entreprit alors l’arrestation de plusieurs leaders du mouvement national, dont Habib Bourguiba, ce qui finira par faire entrer tout le pays en ébullition. Ben Ammar exprimera alors son indignation, à propos de la tournure qu’ont prise les événements, auprès du chef du gouvernement français.
Commencera, quelques jours après,l’oppression musclée du peuple et elle se poursuivra plusieurs jours pour atteindre son paroxysme au Cap Bon, qui sera victime du déchaînement sauvage et criminel des forces de l’occupation, contre les populations civiles.
En compagnie de plusieurs personnalités françaises influentes, qu’il invita spécialement pour l’occasion ainsi que quelques personnalités tunisiennes, Ben Ammar conduira une commission d’enquête, sur le terrain, afin d’établir un rapport détaillé des exactions commises par la France dans ladite région.
Le rapport sera accablant pour les autorités françaises et les personnalités françaises invitées se chargèrent d’éclairer l’opinion publique de leur pays sur les crimes qu’ils ont constatés. Ce qui provoquera le courroux du résident général.
Faisant fi des mises en garde de ce dernier, Ben Ammar parvint à réunir le Front national qui adoptera une série de revendications, dont la pleine autonomie interne de la Tunisie, l’élection d’un Parlement qui sera composé exclusivement de Tunisiens, un gouvernement formé exclusivement par des Tunisiens et la tunisification de l’administration publique.
Menu du document, il s’envola pour Paris afin de faire entendre la voix des Tunisiens auprès des décideurs français, en prenant soin de leur préciser que l’autonomie revendiquée ne devrait être qu’une courte étape vers l’indépendance totale.
Encore une fois, le colonisateur feint d’ignorer les revendications légitimes du peuple tunisien et contre-attaqua par la proposition de réformes qui projetaient d’instaurer, en Tunisie, d’une manière officielle et définitive, la cosouveraineté.
La Tunisie enfin indépendante
En compagnie de Farhat Hached, leader du mouvement syndical et chef secret de la résistance nationale et d’autres leaders et de personnalités issues de la société civile tunisienne, Ben Ammar se mobilisa contre le projet de l’occupant.
Une commission ad hoc dite «Conseil des quarante» verra alors le jour, le 1er août 1952, et s’emploiera à soutenir le roi afin qu’il refuse ledit projet. Le monarque résistera, ainsi, farouchement aux desseins encore plus hégémoniques de la France en Tunisie.
Une action qui coûtera à Ben Ammar de figurer sur la liste des leaders à éliminer, établie par les autorités françaises. Il faillit être liquidé le 4 décembre 1952 et il échappa à la mort par miracle. Ce ne sera pas le lendemain le cas du leader Farhat Hached qui, lui, tombera en martyr.
Ben Ammar réagira contre ces deux événements en mettant en branle la machine de ses multiples relations au sein de la société française, surtout auprès des personnalités françaises qui affichaient leur opposition à la politique colonialiste de leur pays.
Il continuera à participer activement à la lutte contre toutes les tentatives françaises visant à étouffer le mouvement national tunisien et à instaurer la co-souveraineté. Combat qui sera couronné par l’adoption, le 30 juillet 1954, par le Parlement français de la décision d’octroyer à la Tunisie son autonomie interne.
Ben Ammar sera appelé, à la suite de ce tournant décisif, à diriger le gouvernement tunisien (Les deux gouvernements Ben Ammar, consécutifs, I et II). Il conduira ainsi, au nom de notre pays,les négociations avec la France pour l’obtention de l’autonomie interne (1954-1955) puis pour celle de l’indépendance (1956).
Le 20 mars 1956, il signera au nom de la Tunisie, comme déjà dit, les protocoles ayant reconnu l’indépendance de notre pays. Enfin, il sera élu le 8 avril 1956 membre de la Constituante. En 1958, il vivra une dure épreuve, fruit de l’injustice et de l’ingratitude qu’il supportera avec dignité et qui le conduira à quitter la vie politique.
L’histoire retiendra aussi qu’en mars 1958, soit deux années seulement après l’indépendance, le leader Tahar Ben Ammar, celui qui signa les protocoles libérateurs, vivra, lui ainsi que sa famille, une dure épreuve, fruit d’une terrible injustice. Ne se basant sur aucun fondement légal, Ben Ammar sera jeté en prison (malgré le fait qu’il jouissait de l’immunité parlementaire) lui et son épouse pour se voir traduits cinq mois plus tard en justice. Une décision purement politique qui provoqua l’indignation de l’opinion publique aussi bien au niveau national qu’à l’étranger. Certains proches collaborateurs du Président Bourguiba n’hésitèrent pas à lui reprocher d’être derrière cette odieuse machination. Ainsi, la haine, qui assombrit le cœur des hommes voulut que l’un des rares leaders du mouvement national à ne pas vivre l’expérience carcérale au cours de l’occupation, la vive après l’indépendance et que celui qui avait participé activement à ce que notre pays recouvre sa dignité, soit humilié de la sorte.
Bourguiba avait, en effet demandé à Ben Ammar en septembre 1957 de lui fournir un témoignage écrit stipulant que le Bey avait trahit son pays peu avant l’indépendance, chose que Ben Ammar refusa catégoriquement, car contraire à la réalité, comme il le lui expliqua. Ce qui provoqua la colère du président. Il s’avérera, plus tard que Bourguiba voulait grâce à ce document apaiser Mohamed V roi du Maroc qui lui avait adressé ses reproches à la suite de l’abolition le 25 juillet de la même année, en Tunisie de la monarchie. Bourguiba reconnaîtra, plus tard aussi qu’il n’avait jamais assimilé le fait que c’est Ben Ammar qui signa les protocoles de l’indépendance, et non lui. Après plusieurs mois d’humiliation et de souffrances, Les Ben Ammar seront acquittés.
Une épreuve qui n’a fait que grandir davantage le leader aux yeux de ses compatriotes. Non seulement parce qu’il était innocent mais aussi parce qu’il avait réussi à rester digne et égal à lui-même tout au long de l’épreuve et jusqu’à son décès, le 8 mai 1985, à Tunis. Evénement rendu encore plus triste à cause du quasi-black out officiel et médiatique imposé par les décideurs politiques de l’époque et qu’il faudrait considérer comme une honte pour eux. Ces derniers n’avaient, ni organisé des obsèques nationales pour le grand leader, ni exprimé une quelconque solidarité avec la famille du disparu. Avant cela et jusqu’à la fin des années 1960, le parcours, le combat et les faits d’arme du grand leader seront occultés et systématiquement gommés de l’historiographie officielle du mouvement national, pour ensuite être évoqués d’une manière qui ne fait que les banaliser. Ce n’est qu’après la destitution,le 7 novembre 1987 du président Bourguiba que le nom de Tahar Ben Ammar refit surface. Commencera alors, petit à petit et à partir de cette époque-là, la réhabilitation de la mémoire du grand leader, dont la vie et l’œuvre reste, malgré tout inconnue pour le grand public.
Liberte
10 mai 2020 à 11:30
La France n’a libéré la Tunisie qu’en 1962 du dernier soldat de bizerte , alors parlons d’indépendance aujourd’hui c’est vraiment un rêve