Un vent mauvais souffle sur la liberté d’expression et de la presse. Les insultes, les agressions verbales et l’incitation à la haine à l’égard des journalistes et des médias prennent une tournure inquiétante. Une détermination sans limites des ennemis de la liberté de la presse. Un déchaînement de haine qui alarme la profession.
Depuis quelque temps, ça reprend de plus belle et c’est systématique sur les réseaux sociaux. Sciemment visés, les journalistes et les hommes de médias sont copieusement insultés. Une tendance déjà enregistrée dans les premières années de la révolution et qui ne fait que restreindre les libertés à travers lesquelles les journalistes se revendiquent.
Certains acteurs de la classe politique, radicaux, violents et motivés idéologiquement, dont le miroir tendu ne correspond plus à l’image donnée, reprochent aux journalistes de ne pas refléter une image fidèle de la réalité. Mais pour beaucoup d’entre eux, cette image n’est que celle à laquelle ils croient et à travers laquelle ils tentent d’imposer leurs contre-modèles.
L’acharnement contre les journalistes, souvent revendiqué haut et fort, se traduit par une hausse inquiétante de violations graves qui se multiplient de plus en plus sur les réseaux sociaux. Des violations qui créent une faille dans l’équilibre médiatique et dans laquelle s’engouffrent des «militants» radicaux qui maîtrisent parfaitement les effets d’amplification. Des violations qui légitiment aussi les violences et affaiblissent un peu chaque jour la liberté d’expression et de la presse, et avec elle la démocratie. Quand un député n’hésite pas à traiter en direct et sur antenne un journaliste et chroniqueur de «chien et vendu», ce n’est plus la liberté de la presse qui est remise en cause, mais le pluralisme et la démocratie. Ils sont sévèrement réduits par les violences de toutes sortes et surtout l’impunité dont jouissent les coupables.
Si l’on reste convaincu que la liberté de la presse est et restera toujours garante de la vie démocratique, qu’elle est un moyen indispensable pour la démocratie, l’on se demande pourquoi la classe politique ne réprouve pas ces actes. Pourquoi ceux qui prennent la parole au nom de la liberté et de la démocratie ne s’en désolidarisent-ils pas ?
Il faut assurer l’existence et l’indépendance des institutions de presse «dont l’œil toujours ouvert met sans cesse à nu les secrets ressorts de la politique, force les hommes publics à venir tour à tour comparaître devant le tribunal de l’opinion… »