Sidi Ali Lasmar : Corona ne passera pas

Les voisins ont bien entendu les chkacheks et le gombri battre le soir de Chaâbanya, mais confinement oblige, nul n’était convié dans ce lieu généralement ouvert et accueillant aux âmes en peine.

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Baba Rim, Baba Galadima, Mamagaji, ou Coury n’ont pas peur du corona. A la limite, on se demande si ce n’est pas le corona qui devrait avoir peur d’eux. « Eux », ce sont les jnouns que convoquent les adeptes du stambeli, et qui tiennent leurs assises à Sidi Ali Lasmar, une des dernières maisons de la confrérie. Ceux que l’on convoque au cours de cérémonies rituelles, à l’occasion de dates, sacrées au profanes, qui guérissent, punissent, informent, soulagent.

Dans la zaouia coquette, chaulée de blanc, au patio recouvert de tissages multicolores les jours de célébration, règne, en ce moment, un calme olympien. Seuls y passent la tête de temps en temps Zohra, la doyenne, Hasna, son émule, Abdou ou Saad, quelques-uns des huit membres de la confrérie que dirige Ryadh Zaouche, qui y habitent régulièrement.

Les voisins ont bien entendu les chkacheks et le gombri battre le soir de Chaâbanya, mais confinement oblige, nul n’était convié dans ce lieu généralement ouvert et accueillant aux âmes en peine, aux curieux, aux amis, aux amoureux des musiques populaires.

A Sidi Ali Lasmar, on tient cependant à ne manquer aucune des cérémonies traditionnelles. Et les jnouns  hantant la « beyt » qui leur est dévolue ne sauraient d’ailleurs l’accepter.

Il n’est pas question de les irriter en ces temps incertains où toutes les protections sont nécessaires. Aussi la nuit du 27 ramadhan sera-t-elle célébrée comme elle l’a toujours été, fût-ce dans l’intimité de la zaouia, et avec les seuls huit membres de la confrérie.

Mais peu importe : Baba Rim, le roi des génies, et Baba Galadima, son qadhi, vous l’affirment; corona ne passera pas.