• Ouverture des cafés, restaurants, bars et salons de thé
• Reprise de la circulation entre les gouvernorats sans autorisation
• Ouverture des mosquées, des lieux de culte et des salles des fêtes
• Reprise des activités des secteurs économique et administratif à 100% de leur capacité
• Reprise des activités sportives à partir du 8 juin à huis clos
La ministre auprès du chef du gouvernement chargée des Grands projets, Lobna Jeribi, a annoncé qu’à partir d’aujourd’hui, les déplacements entre les différents gouvernorats seront permis sans aucune autorisation préalable. Ainsi, les citoyens peuvent se déplacer d’un gouvernorat à l’autre en toute liberté mais tout en respectant les dispositions sanitaires de distanciation sociale et du port du masque, une mesure qui a été prise suite à la nette amélioration des indicateurs épidémiologiques. Les secteurs économiques et administratifs concernés par ce plan de confinement ciblé reprendront leur activité à 100%, a-t-elle également souligné, rappelant que les différentes étapes de déconfinement ont réussi, et ont porté leurs fruits.
Il a été également décidé de rouvrir les cafés, salons de thé, restaurants et bars à partir d’aujourd’hui tout en respectant un protocole sanitaire qui a été élaboré par les autorités visant notamment à éviter la propagation du coronavirus dans ces locaux. Les mosquées rouvriront leurs portes aux fidèles à partir d’aujourd’hui et seront également soumises à un protocole sanitaire rigoureux. Idem pour les salles des fêtes qui rouvriront leurs portes aujourd’hui, mais celles qui ne sont pas en plein air doivent limiter le nombre de clients à seulement 50% de leur capacité et ce jusqu’au 14 juin.
Toujours selon la ministre auprès du Chef du gouvernement chargée des Grands projets, toutes les activités sportives reprendront à partir du 8 juin mais à huis clos, tout en appliquant les dispositions sanitaires fixées par le ministère de la Jeunesse et des sports.
Participant également à cette conférence de presse, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Ali Toumi, a annoncé qu’à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 14 juin, les Tunisiens rapatriés seront soumis obligatoirement à une semaine de confinement dans un hôtel et les frais seront à leur charge. Il a annoncé dans ce sens que 16 hôtels sont disponibles pour héberger ces Tunisiens à des prix allant de 60 à 100 dinars par nuitée, pour une pension complète, y compris le transport à partir de l’aéroport. Ces citoyens sont également appelés à se soumettre à l’isolement obligatoire pour une semaine supplémentaire dans leurs domiciles.
Pour sa part, le ministre des Transports, Anouar Maârouf, a affirmé qu’avec la reprise des déplacements entre les gouvernorats, le transport public interurbain routier et ferroviaires reprendra du service à 50% de ses capacités avec des tarifs inchangés. Les louages seront également autorisés à reprendre à 50% de leur capacité et en appliquant une majoration de 50% de leurs tarifs. Le port du masque sera obligatoire pour emprunter ces moyens de transport, a-t-il rappelé.
Lobna Jeribi a rappelé que le prochain point de presse, prévu le 14 juin, sera consacré à la période post-coronavirus et la sortie définitive du confinement ciblé, mais selon ses dires, d’autres dispositions seront annoncées à la lumière de la progression de la situation.
La Tunisie presque indemne
La Tunisie n’a enregistré aucun cas de contamination locale au coronavirus depuis le 20 mai dernier. La situation épidémiologique est de plus en plus maîtrisée d’autant plus que les rares cas enregistrés dernièrement sont importés et ont été systématiquement placés en isolement obligatoire pour éviter toute propagation du virus sur le sol tunisien. Un conférence qui intervient à la suite d’indicateurs épidémiologiques prouvant que la stratégie mise en place par la commission nationale de lutte contre la pandémie de Covid-19 a porté ses fruits, et que maintenant, tous les efforts de l’Etat doivent se concentrer sur la relance économique.
Le discours officiel fait état d’une quasi-maîtrise de la situation épidémiologique d’autant plus que la Tunisie était l’un des premiers pays à annoncer une date de l’ouverture de ses frontières et à prévoir déjà le lancement de sa saison touristique. En effet, pour les autorités, après les prouesses de la lutte contre la propagation du coronavirus, il est grand temps de se pencher sur la situation économique qui s’annonce en crise. Et c’est dans ce sens que le ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, s’est montré optimiste quant à la situation sanitaire en Tunisie, affirmant même que «la Tunisie est désormais presque indemne du coronavirus », soulignant la nécessité d’une reprise progressive de la vie sociale et économique. Pour lui le fait que plusieurs gouvernorats n’aient pas enregistré des cas de contamination depuis plus de 40 jours prouve la faible probabilité d’une deuxième vague de contamination en dépit des cas importés qui ne cessent d’être enregistrés.
La situation sanitaire est sous contrôle certes, mais requiert davantage de vigilance ainsi que la mise en œuvre de plans et protocoles interministériels pour préparer un retour à la normale dans les différents secteurs économiques. Le chef du gouvernement ne cesse, d’ailleurs, de multiplier les réunions pour mettre en place un plan étudié et participatif pour assurer cette relance économique qui s’annonce compliquée et délicate. « La Tunisie a réussi à maîtriser la propagation de la pandémie de Covid-19 », a déclaré Elyes Fakhfakh lors d’une réunion élargie avec des experts et des économistes en présence de plusieurs ministres, laissant présager que l’actuelle étape sera celle du redémarrage de l’économie nationale. Optant pour une approche participative, Elyes Fakhfakh a souligné l’importance d’intégrer le secteur informel dans l’économie nationale et de promouvoir l’entrepreneuriat et rompre avec tous les aspects de la bureaucratie.
S’accordant sur la nécessité de relancer l’économie, et faire tourner la roue, le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, qui a reçu récemment le chef du gouvernement, a souligné également la nécessité de marquer un retour à la normale dans les secteurs économiques tout en respectant les mesures de prévention et l’élaboration de protocoles sanitaires à même d’éviter une deuxième vague de contamination.
Mais cette opération de relance économique s’avère un casse-tête pour le gouvernement qui peine à assurer les équilibres financiers nécessaires aux caisses de l’Etat. Présentant les premières estimations de la situation financière et de l’impact budgétaire de l’actuelle crise, le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Slim Azzabi, a estimé nécessaire d’allouer une enveloppe supplémentaire de cinq milliards de dinars au budget de l’Etat, outre les financements inscrits dans le budget de 2020. D’après ses dires, la crise du coronavirus aura des impacts socioéconomiques de grande envergure sur le pays dont un repli de la croissance de 4,3% en 2020 et la baisse des ressources fiscales de 4,5 milliards de dinars.
Le tourisme comme gilet de sauvetage
Cette relance économique, qui s’annonce, en effet, comme étant le plus grand défi pour le gouvernement Fakhfakh, passera certainement par la reprise du secteur touristique. Connu comme un étant le gilet de sauvetage de l’économie nationale, le tourisme parviendra-t-il à limiter les dégâts économiques et budgétaires provoqués par cette crise ?
En tout cas, essayant de se positionner comme leader des destinations touristiques post-coronavirus, la Tunisie était parmi les premiers pays à annoncer la réouverture de toutes ses frontières et ce à partir du 27 juin. Même si la saison ne sera pas à l’image de la précédente, il faut s’attendre à un retour progressif des touristes étrangers en Tunisie. D’ailleurs, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat a multiplié les réunions avec les représentants des marchés touristiques européens, et ce sont les Allemands qui se sont montrés les plus prêts à visiter la destination dès cet été.
Pour ce faire, la Tunisie a déjà élaboré un protocole sanitaire ayant pour objectif d’assurer une reprise du tourisme tout en évitant un rebond de la contamination sur son sol. S’agissant d’un protocole scientifique imposé à tous les établissements du secteur touristique, hôtels, agences de voyages, restaurants touristiques, centres d’animation, et autres, il a été élaboré par les équipes de l’Office national du tourisme tunisien avec des hygiénistes et des experts du ministère de la Santé et comprend 250 mesures portant notamment sur les mesures barrières à appliquer.
En tout cas, le chef du gouvernement avait annoncé que la Tunisie espère une reprise de l’activité touristique au début du mois de juillet en prenant en considération l’évolution de la situation épidémiologique. Mais selon le ministre du Tourisme Mohamed Ali Toumi, la reprise sera assurée dans une première étape par les touristes locaux, puis les touristes des pays voisins, dont notamment l’Algérie, et puis ceux des pays européens. En prévision de cette reprise, Toumi, a effectué dernièrement une visite d’inspection à l’aéroport Tunis-Carthage, où il a pris connaissance des mesures sanitaires et préventives prises pour assurer la réouverture de l’espace aérien prévue le 27 juin. « Il fallait constater les mesures préventives mises sur le terrain. Nous sommes au point, à part quelques retouches à faire. C’est important de voir où nous en sommes afin de pouvoir discuter concrètement avec les tour-opérateurs. Nous sommes prêts, il n’y a aucune raison d’avoir peur », a-t-il souligné.
La Tunisie envisage également d’imposer à ses visiteurs de présenter des analyses négatives effectuées 72 heures avant d’entrer sur le territoire tunisien, outre l’obligation de remplir un questionnaire sanitaire fourni par une application du ministère de la Santé afin qu’ils donnent des détails sur leur état de santé.