La plénière consacrée, hier, à la discussion et au vote de la motion exigeant des excuses officielles de la part de l’Etat français «pour ses crimes commis à l’encontre du peuple tunisien pendant l’ère coloniale» ressemblait, dans ses coulisses, à une salle de réunions, de discussions et de pourparlers politiques. En effet, si pour certains cette plénière était consacrée pour discuter et voter cette motion, pour d’autres la réalité et tout autre, il fallait plutôt se pencher sur les affaires politiques de l’actuelle phase. C’est ce que nous pouvons retenir des innombrables réunions et cercles de discussions des députés dans le hall principal de l’Assemblée.
Ainsi, ce sont les députés d’Ennahdha qui multipliaient les réunions avec les députés des autres blocs parlementaires, notamment ceux de Qalb Tounès. Des discussions qui portaient certainement sur les derniers rebondissements de la scène politique relatifs notamment à la position du chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui a exigé d’inclure le parti de Nabil Karoui dans le gouvernement.
En effet, les coulisses de cette plénière se démarquaient par les discussions officieuses sur l’actuel paysage politique, et les divergences au sein de la coalition gouvernementale. Car, en effet, si l’événement majeur était la motion présentée par Al-Karama, pour certains élus c’était une occasion pour discuter de l’avenir de la scène politique et des négociations autour de nouvelles alliances politiques qui commençaient à se tracer à l’horizon du paysage parlementaire.
Et c’est aussi ce contexte politique qui explique les relations tendues entre les députés d’Ennahdha et ceux d’Echaâb. Esquive, froideur et même tension, c’est ainsi qu’on pourrait décrire l’ambiance qui régnait entre ces élus, alors que le gap entre ces deux partis semble loin d’être comblé, leur conflit pourrait même faire éclater une crise politique d’envergure qui mettrait en péril la stabilité du gouvernement Fakhfakh.
Si médiatiquement cette plénière a été placée sous les projecteurs au vu de sa sensibilité, à l’hémicycle la réalité est tout autre. C’est dans ce sens que le président de l’ARP, Rached Ghannouchi, a confié l’ouverture de cette plénière à sa vice-présidente Samira Chaouachi. Lui, il conduisait un autre processus pour accélérer la mise en place de la Cour constitutionnelle. En effet, en coulisses de cette plénière, pour Rached Ghannouchi, l’enjeu était plus important d’exiger des excuses à l’Etat français. Il s’est penché plutôt sur les réunions avec les présidents des blocs parlementaires pour trouver le consensus nécessaire concernant les désignations des membres de cette Cour constitutionnelle dont la mise en place pose problème depuis plusieurs années.
L’absence de Rached Ghannouchi de cette plénière a fait polémique sous le dôme de l’ARP. La question évoquée notamment par la députée du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, qui a accusé le président de l’Assemblée d’avoir fui la plénière. «Qu’il présente un certificat médical avant de s’absenter», a-t-elle même lancé dans les couloirs de l’assemblée, chose qui n’a pas plu, visiblement, aux députés d’Ennahdha, et la suite est bien connue, altercations, tensions et échanges d’accusations. Cette tension s’est emparée également de la plénière où l’échange d’accusations entre Abir Moussi et les députés d’Ennahdha et ceux d’Al-Karama s’est poursuivi.