L’heure est grave. Cela, en effet, n’augure rien de bon quant à la situation générale du pays et celles d’ordre économique et financier en premier. Une situation qui pourrait facilement devenir catastrophique si des efforts supplémentaires ne sont pas fournis, à tous les niveaux, pour endiguer le danger.
Lorsque l’on perd 130.000 emplois au moins en trois mois, que bon nombre d’entreprises privées continuent de jour en jour de déposer le bilan, que des secteurs entiers sont sinistrés tels que le tourisme et que des centaines de milliers de familles au revenu précaire sont devenues totalement démunies, l’on ne peut que s’inquiéter.
Et lorsque les rentrées de devises habituelles effectuées par nos compatriotes à l’étranger seront infinitésimales par rapport à l’accoutumée, que l’Etat doit rembourser des sommes considérables aux créanciers, que l’épargne nationale tendrait vers zéro et que la production et la transformation du phosphate continuent d’être en berne, l’on est en droit d’avoir des sueurs froides.
Oui, le Covid-19, ce méchant petit virus, peut tuer notre économie, comme nous l’avons déjà dit avant le début du confinement, sachant que les prévisions les plus optimistes avancent une croissance nettement négative pour 2020 soit -6% et que notre pays n’est pas à l’abri d’une nouvelle vague de ce risque infectieux.
Il peut la tuer, car la situation politique et sociale n’est pas capable dans l’état actuel des choses de faciliter la réalisation du plan de relance de l’économie, annoncé tout récemment par le chef du gouvernement. Feuille de route qui, du reste, a été largement critiquée par plusieurs experts.
Ces derniers ont jugé le plan comme étant trop généraliste, dépourvu d’objectifs clairs et précis, de mesures concrètes et surtout n’avançant que très peu d’indications sur les sommes devant être allouées aux opérations à effectuer, sachant que le chef du Gouvernement a encore une fois assuré que l’Etat ne recourra plus à l’endettement extérieur.
Ils ont mis en garde tout comme le syndicat patronal contre l’augmentation de la pression fiscale et contre la persistance d’une économie parallèle et informelle qui continue d’asphyxier le secteur organisé et contre l’importation anarchique. Ils ont appelé par ailleurs à permettre aux entreprises de bénéficier de meilleures facilités auprès des banques.
Il faudrait ajouter à tout cela les appels à une meilleure justice fiscale et une lutte plus sérieuse contre la corruption. Cela à côté du refus catégorique de la centrale syndicale ouvrière de tout prélèvement supplémentaire sur les salaires.
Sur le plan politique, la situation était déjà explosive avant les révélations concernant le scandale dont fait l’objet le chef du gouvernement et qui risque d’emporter tout le gouvernement, d’autant que ce dernier a déjà essuyé plusieurs critiques sévères à la suite de dépassements jugés graves, commis par certains de ses membres alors qu’il a débarqué avec des slogans prônant la clarté et la transparence. Une perspective inquiétante, car pouvant replonger le pays dans l’instabilité et le flou. A cela il faudrait ajouter les conflits malsains au sein du pouvoir législatif qui se sont répercutés sur l’ensemble de la société et la fragilisation de la position du chef de l’Etat. Ce dernier a donné, encore une fois, l’impression qu’il est sur la défensive et qu’il continue de cultiver le flou quant à ses positions sur les dossiers qui entrent dans ses prérogatives.
Cela, sans oublier que sa position est également fragilisée par celle du chef du gouvernement, car c’est lui qui l’avait choisi pour ce poste-là.
Sur le plan social, nous sommes assis sur un volcan. Les conflits entre la centrale syndicale ouvrière et le gouvernement et entre elle et certaines formations politiques ont atteint leur paroxysme et le volcan est à deux doigts d’entrer en éruption. Ce qui ne fait qu’aggraver la crise générale par laquelle passe le pays. D’où la nécessité de provoquer un congrès national qui, éclairé par des rapports et des études effectués par des experts, aura pour mission de trancher sur l’ensemble des questions polémiques et de tracer le chemin à suivre par les décideurs.