Impossible d’éviter la survenue d’une catastrophe généralisée qui risque d’engloutir le pays, si nous continuons à nous comporter tous comme une autruche et si des efforts titanesques guidés par la sagesse et éclairés par le sentiment patriotique ne sont pas fournis, à tous les niveaux, dans le but d’endiguer le danger.
Le plan de sauvetage de l’économie proposé par le gouvernement et présenté dernièrement aux représentants du peuple ayant été jugé limité, il s’agit dès lors de penser à le renforcer par un effort qui devrait être grandiose de la part de la société civile. Ce qui n’est pas évident, les structures de cette dernière étant éparpillées.
Nous n’avons pas cessé, depuis plusieurs mois avant l’invasion « covidienne » mondiale, de répéter que notre pays est en danger et qu’il faudrait provoquer la mobilisation générale et pluridimensionnelle de l’ensemble de la population. Il est temps de le faire et le Chef de l’Etat est habilité à prendre cette décision.
Etat et société ne feront plus, alors, qu’un. Là, nous pouvons espérer quitter progressivement mais sûrement le modèle plusieurs fois millénaire basé sur le conflit Etat-société, avec domination musclée du premier sur la seconde, et qui a prévalu jusqu’à nos jours avec des pics tout au long des soixante années ayant suivi l’indépendance.
Période qui, au lieu de servir à construire et le pays et le citoyen, n’a réussi, hélas, à produire que ce que certains spécialistes ont appelé le mal-développement, à donner naissance à un monstre socioéconomique nommé « rurbanité » et à favoriser l’apparition de ce que nous avons appelé l’anti-citoyen.
Reconstruction qui nécessite tout un programme, dont nous avons proposé les grandes lignes sur ces mêmes colonnes il y a plusieurs mois et qui demande beaucoup de temps et d’énergie. D’où la nécessité d’intervenir sur deux fronts à la fois, celui des actions à entreprendre immédiatement et celles à moyen et long terme.
Parmi les actions urgentes à entreprendre, nous citerons : le sauvetage de l’Etat aujourd’hui très fragilisé, le sauvetage de l’appareil de production économique du pays, le sauvetage de l’appareil de production des compétences et le sauvetage de milliers de familles démunies.
Oui, l’Etat est en danger et son sauvetage est l’une des premières choses à faire. La crise gouvernementale sur fond de mauvaise gouvernance doit impérativement être résolue. L’intervention du Chef de l’Etat s’impose.
Et la classe politique doit reporter tous les débats n’entrant pas en ligne directe avec le sauvetage du pays. Tous les efforts seront alors focalisés sur la résolution des problèmes concrets auxquels le pays doit faire face.
Un peu plus tard et comme déjà dit, il est plus que vital de provoquer un congrès national qui, éclairé par des rapports et des études effectués par des experts, aura pour mission de trancher sur l’ensemble des questions polémiques et de tracer le chemin à suivre par les décideurs.
Pour sauver l’appareil de production du pays, il faut impérativement résoudre le problème des phosphates, faire appel à une solidarité poussée de nos compatriotes vivant à l’étranger, booster la consommation qui sera orientée vers les produits locaux, rationaliser les dépenses de l’Etat, rationaliser l’importation et baisser la pression fiscale tout en élargissant son assiette.
Il nous faut aussi fournir de grands efforts afin de remédier efficacement à la baisse continue et généralisée du niveau de nos futures compétences, baisse qui vient d’être aggravée par la crise du Covid-19. Un plan sérieux et urgent devrait voir le jour afin de rattraper tous les retards enregistrés au sein de ce secteur vital et le plus rapidement possible, en reprenant illico les cours, selon un calendrier adapté aux circonstances actuelles.
Etat et société civile devront développer considérablement le tissu associatif spécialisé dans la lutte contre la corruption, les pratiques contraires à la bonne gouvernance, celles portant atteinte aux droits des consommateurs et celles facilitant la désinformation et la manipulation médiatique.
Le nombre de structures associatives caritatives et celles renforçant la solidarité devrait se multiplier avec amélioration significative de leur qualité de travail. La multiplication des coopératives sectorielles et des mutuelles devrait avoir lieu. Il faudrait éradiquer la pauvreté et la précarité qui sont à la base de la plupart de nos problèmes.
C’est le seul choix qui nous reste pour sortir définitivement du tunnel et éviter ainsi la survenue d’une catastrophe pouvant plonger le pays dans le coma. (*)
IV et fin