Depuis le début de l’été, la Tunisie vit au rythme d’incessants incendies, qui se déclenchent un peu partout sur le territoire et notamment dans le domaine forestier et dans les zones montagneuses. Si, pour certains, les causes sont purement naturelles, liées notamment à la hausse des températures, les autorités, elles, n’écartent pas d’autres pistes. Mais pour le Chef de l’Etat, les choses sont claires, ces incendies sont d’origine criminelle.
En effet, comme chaque été, la Tunisie fait face à une multiplication des incendies dans ses domaines forestiers, mais aussi dans les champs d’agriculture et notamment ceux des grandes cultures. Alors que les premières causes sont, en effet, naturelles, liées en grande partie à la hausse considérable des températures, la piste criminelle et les cas de pyromanie ne sont pas à écarter.
Seulement entre le 30 juillet et le 2 août dernier, 42 incendies ont été recensés dans une vague d’incendies ayant dévasté plusieurs régions boisées du pays notamment dans les gouvernorats de Jendouba, Béja, Le Kef, Siliana, Bizerte, Kasserine, Kairouan, Nabeul, La Manouba et Sidi Bouzid.
Mercredi dernier, les unités relevant de l’Office national de la protection civile ont effectué 115 interventions d’extinction d’incendies qui ont dévasté plusieurs régions du pays.
Dans la seule journée du lundi dernier, ces unités ont également effectué, 114 interventions d’extinction d’incendies notamment au Nord-Ouest. Ces incendies ont été enregistrés surtout dans les zones forestières et montagneuses où l’accès des unités de la Protection civile et de la Garde nationale est extrêmement difficile. D’ailleurs, depuis le début de l’année courante et jusqu’au mois de mai dernier, le nombre d’incendies de forêt a atteint 35, étalés sur plus de 55 hectares.
Le phénomène est d’une telle ampleur que les rumeurs se multiplient. Les départs de feu seraient-ils criminels ? Aucun élément tangible n’a été dévoilé, mais pour les autorités, certains incendies seraient d’origine criminelle.
C’est dans ce contexte marqué par la multiplication des incendies notamment dans les zones forestières, que le Président de la République Kaïs Saïed s’est rendu, récemment à Amdoun, délégation de Béja où l’on a enregistré un gigantesque incendie ayant ravagé 820 ha de superficies forestières. Pour le Président de la République, la conclusion est déjà tirée : « Ces incendies sont des actes volontaires et criminels visant à semer le trouble dans le pays ». Lui, qui insiste sur l’importance de traduire en justice les commanditaires de cet acte, rappelle que la richesse forestière est lourdement impactée par ces sinistres. Lors de cette visite, le Chef de l’Etat s’est également enquis de la situation des familles dont les biens, bétails et cultures agricoles ont été endommagés par l’incendie.
Qualifiant ces incendies de « crimes contre la nature », le directeur général de la Direction des forêts, Mohamed Boufaroua, a expliqué qu’en Tunisie, seulement 4% de ces incendies sont dus à des facteurs naturels, en raison notamment de la hausse des températures, 3% sont causés volontairement et de manière criminelle et 96 % de ces incendies ont pour origine des «pratiques irresponsables» de l’homme, telles que l’allumage des feux dans ces zones.
Actes prémédités ?
Il n’empêche que certains incendies seraient dus à des actes prémédités dans l’objectif de camoufler des crimes contre le domaine forestier liés notamment à l’abattage des arbres. Contacté par La Presse, l’ex-directeur général de la Direction des forêts Salem Triki, a expliqué que des criminels provoquent, en effet, des incendies prémédités en vue de camoufler des actes de pillage de la richesse forestière. Il a expliqué, également, que certains lobbys qui s’activent dans le domaine de l’importation du bois et des spéculateurs de cette matière seraient derrière ces actes criminels passibles de lourdes peines d’emprisonnement.
Salem Triki rappelle que «depuis l’indépendance, les feux ravagent en moyenne plus de 3000 hectares de forêt chaque année, ce qui a provoqué de considérables pertes à l’Etat tunisien». «En 2017, plus de 17 mille hectares ont été ravagés dans une série d’incendies inédits», a-t-il encore expliqué.
Ces séries d’incendies viennent s’ajouter à d’autres ayant ciblé même les zones militaires fermées. Deux incendies s’étaient récemment déclarés dans les profondeurs des deux zones militaires fermées de Selloum et Semama, dans le gouvernorat de Kasserine. Vu qu’il s’agissait de zones fermées, c’était l’Armée qui avait mené les interventions nécessaires pour maîtriser les feux, d’autant plus que les causes de ces incendies sont inconnues.
En tout cas, les autorités promettent « les peines les plus lourdes » aux criminels qui s’avéreront responsables de ces actes. En Tunisie, en vertu de l’article 307 du Code pénal, quiconque allume intentionnellement le feu dans des forêts sera emprisonné pendant 12 ans. Le contrevenant est passible d’une peine d’emprisonnement à perpétuité si les lieux incendiés sont habités ou destinés à l’habitation. Il peut même courir la peine capitale si l’incendie entraîne la mort d’une personne.
Crédit photo : © ABID SAMOUD
Liberte
7 août 2020 à 18:19
Nous subissons tous les malheurs du monde, les canicules, les incendies,le coronavirus, le chômage …
On peut faire quoi pour alléger ces drames ?