La rentrée scolaire est prévue pour le 15 septembre. C’est, du moins, la date annoncée par le ministère de l’Education nationale.
Les librairies, les vraies, commencent à revenir à la vie. L’intérieur s’anime et les couleurs flamboyantes des livres, protège- cahiers, crayons et feutres, trousses et cartables égaient les vitrines et les devantures.
Les faux libraires, ceux qui convertissent un magasin vendant des fruits ou des « glibettes » en point de vente de livres, qu’ils achètent en deuxième main et des fournitures scolaires dont ils font danser les étiquettes à leur guise, se préparent aussi. Il faudrait faire en sorte qu’ils arrêtent de nuire à cette noble profession et qu’ils cessent de gruger ceux qui ne font pas la différence entre les qualités et se laissent berner par des prix attirants pour des produits souvent cancérigènes. Bon nombre de parents ont choisi de s’y prendre à l’avance pour éviter les grandes bousculades. Ils ont, en effet, décidé d’acheter les livres et quelques fournitures considérées indispensables. Les grandes surfaces ont déjà distribué au porte-à-porte les catalogues pour donner le départ effectif de cette rentrée. Les prix annoncés par ces documents récapitulatifs se ressemblent, mais diffèrent d’un point à l’autre. Les différences sont énormes. Ce qui suppose que les services de contrôle auront du pain sur la planche avec l’espoir qu’il n’y aura pas d’intouchables, car les grandes surfaces ne sont pas toujours exemptes de reproches.
Les cahiers manquent
Si presque tous les livres sont sur le marché, les cahiers compensés, ceux qui sont les plus demandés par la majorité de la clientèle font défaut. Il semble qu’ils sont en préparation et que, pour éviter les hausses illicites de prix, ces cahiers porteront, à partir de cette année, bien en vue, leur prix de vente.
Une bonne initiative qui évite de faire gonfler la note pour les bourses qui peinent à chaque rentrée scolaire.
Une rapide comparaison par rapport aux prix de l’année dernière, toutes les fournitures scolaires ont augmenté. La dépense sera donc assez sérieuse et il est temps que les enseignants comprennent ce que subissent des parents dont les moyens sont limités.
Faire des économies
Sans entrer dans les replis d’une interminable polémique, il faudrait résumer en deux mots ce qui devrait être fait : essayer de limiter les listes au strict minimum. Il y a des parents qui reçoivent des aides de la part de leurs employeurs à la faveur de la rentrée scolaire. Ce n’est pas la chance de ce manœuvre, de ce maçon ou de ce fonctionnaire au bas de l’échelle. Il faudrait absolument le comprendre. Bien des générations, surtout celles qui ont donné à la Tunisie des cadres de très haut niveau, n’ont eu qu’un seul cahier à partager entre l’histoire et la géographie.
Actuellement, on demande de gros cahiers, dont la majorité des pages demeurent blanches et c’est la moitié d’un cahier que l’on jette dans la poubelle. On exige des cahiers à spirales qui coûtent très cher et qu’on n’utilise qu’en partie.
En ces années difficiles, alors que tout un pays souffre, que les parents bouclent difficilement les fins de mois, il est nécessaire que chacun en ce qui le concerne apporte sa contribution pour aider, soulager, alléger ces charges incontournables auxquelles les familles font face. Nous sommes sûrs que les enseignants comprendront la délicatesse de cette période que nous vivons tous et qu’ils agiront en conséquence.
Pas d’accord sur la date
Il n’en demeure pas moins que, d’après les informations qui nous sont parvenues, les enseignants ne sont pas d’accord à propos de la date de la rentrée. Ils le seront une fois que le département de tutelle et, bien sûr, le gouvernement en place, leur auront expliqué comment et par quels moyens faire respecter les mesures prises ou à prendre pour garantir la réussite et la bonne application de ces points essentiels des consignes sanitaires en rapport avec le Covid-19.
Dans notre édition du 26 août 2020, nous avions souligné le rôle de premier plan qui reviendra aux enseignants une fois le retour à l’école effectué. Ces enseignants, que ce soit en école de base, au collège ou au lycée ou même au supérieur, sont par essence-même des pédagogues. Ils savent comment transmettre le message, savent convaincre. La confiance réciproque entre le maître et l’élève est particulièrement importante pour la réussite de tout ce qui sera décidé.Mais et il y a un mais, ces enseignants ont besoin de moyens pour faire œuvre utile. A l’école, ils devraient disposer tout d’abord et avant tout de l’eau courante. C’est le premier point d’achoppement sur lequel butent les conversations à propos de cette reprise des cours.
Des centaines d’écoles ne disposent pas d’eau courante. Dans ce cas, comment faire respecter les consignes sanitaires. Cette absence d’eau est valable au sein des lieux d’habitation. Si nous considérons qu’il est possible, par exemple, d’amener de l’eau au moyen de citernes à stationner devant l’école, comment mobiliser ce matériel, qui en sera responsable et qui paiera les frais de toute cette logistique.
En sachant qu’en plein hiver, sous une pluie battante, un sol que nous supposons détrempé, ce sera une véritable souffrance pour les élèves et pour leurs enseignants. Comment régler la question relative à la distanciation, alors qu’on manque de classes, que la moyenne dépasse trente élèves par cours et qu’on est à court d’enseignants ?
Le port du masque n’est obligatoire qu’à partir de l’âge de douze ans. Cette limite est en train de changer à travers le monde et il n’est pas exclu que les choses soient appelées à évoluer avec le développent que connaît le virus au fil des jours et des saisons. En attendant, qui fournira ces masques et combien d’élèves sont-ils en mesure d’en acheter par leurs propres moyens ?
Pas que des formalités
Pour éviter la catastrophes, nous pensons sincèrement qu’il ne s’agit pas de poser par écrit et de diffuser des communiqués rien que par formalisme et pour soulager sa conscience. Les manquements à ces consignes équivalent à une propagation du virus à tous les niveaux. Une propagation qui emportera tous ceux qui ont agi sans accorder de l’importance à la logistique, aux moyens financiers et humains.
crédit photo : © Salma Guizani