Objectivement, il ne s’agit pas d’une réquisition par l’Etat au sens propre, obligatoire et forcée des cliniques, mais plutôt de la consécration d’un travail en commun entre les structures publiques et privées. Travailler ensemble, main dans la main, pour assurer la prise en charge des patients, pour mobiliser en temps réel les lits de réanimation et tout le personnel qui s’y rattache.
On aurait aimé que l’Etat lance une proposition de concertation avec les établissements privés pour la prise en charge des patients. En même temps, on ne peut s’empêcher de penser à l’absence d’anticipation dans un contexte qui ne pardonne pas et face à un ennemi invisible. Cela ressemble à un déploiement sans vraie réflexion et sans concertation. Quelle que soit sa nature, une responsabilité politique ou autre n’a point de raison d’être si elle se renferme sur elle-même en temps de guerre contre une pareille pandémie. En termes sanitaires, une « législation » en la matière aurait dû être mise en œuvre pour définir les règles, les procédures et le mode d’emploi avec les établissements privés.
L’on sait aujourd’hui que les capacités publiques dans les différents hôpitaux sont dépassées. Ce n’est pas toutefois le cas des établissements privés, disposant des moyens nécessaires pour faire face à la pandémie, mais qui restent encore sous-utilisés. Le problème est que le citoyen à revenu limité, et même moyen, ne peut supporter les charges de l’hospitalisation dans les cliniques qui varient entre 20 et 30 mille dinars.
La lutte contre le Covid-19 impose nécessairement la sollicitation des établissements privés aux côtés des hôpitaux publics. Pour répondre aux fortes demandes sur l’ensemble du pays, c’est toute la politique et la stratégie sanitaires qui ont besoin aujourd’hui d’être modifiées en profondeur. Il s’agit de la mise en place rapide et efficace d’une coopération entre les structures publiques et privées.
L’on a déjà commencé par l’installation des hôpitaux de campagne dans certaines villes. Mais la saturation dans les hôpitaux est toujours de mise. Tout cela sans compter le manque d’effectif de plus en plus contraignant. L’Etat s’est fixé pour objectif d’atteindre 150 lits de réanimation d’ici le 15 octobre. Une mission presque impossible sans l’apport des cliniques privées qui ont déjà participé activement à la lutte contre le coronavirus lors de la première vague. Leur contribution pour soutenir l’effort national a consisté à fournir matériel médical et personnel soignant. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui, où l’on constate que la politique sanitaire mise en place avance à l’écart du système. On est loin de pouvoir instaurer une pratique intensive, du moins régulière. Quelque part, on est parti sur de mauvaises bases et on prend du retard par rapport à l’évolution de la pandémie.