
La polémique portant sur les déplacements des Tunisiens à destination des pays européens et les éventuelles restrictions de voyage que certains pays pourraient leur imposer surviennent alors que l’Europe fait face elle aussi à une nette détérioration de la situation sanitaire.
La situation épidémiologique va de mal en pis en Tunisie, en dépit des mesures prises pour freiner l’accélération de la contamination par le coronavirus.
Cette rechute épidémiologique fait bruit à l’étranger même si le monde entier fait face, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé, à une résurgence inquiétante de l’épidémie qui se propage actuellement à grande vitesse.
Si les anciennes procédures portant sur la fermeture des frontières ne peuvent plus être appliquées durant cette deuxième vague de contamination, certaines restrictions de voyage sont tout de même imposées pour certains pays. Les déplacements des Tunisiens à l’étranger sont actuellement au cœur du débat, l’Union européenne recommande même d’interdire leur entrée sur son territoire laissant le choix aux pays européens d’opérer librement. En effet, les déplacements des ressortissants tunisiens à l’étranger et notamment en direction du Vieux continent risquent de subir de considérables restrictions pour des raisons sanitaires.
Mercredi dernier, des sources européennes citées par l’agence française AFP avaient annoncé que les ressortissants de la Tunisie étaient désormais interdits d’entrer dans l’Union européenne, en raison de leur situation épidémiologique.
Sauf qu’en vérité il ne s’agissait que d’une recommandation faite par l’UE à ses pays membres pour mettre en garde contre les risques sanitaires issus des pays là où la contamination bat son plein. Face à la grande polémique provoquée par ces informations, le chef de mission adjoint de la Délégation de l’Union européenne en Tunisie, Francisco Acosta Soto, était contraint de donner sa version des faits et d’expliquer la position de l’UE quant aux déplacements des Tunisiens dans ses pays membres. Il a expliqué dans ce sens que l’émission d’une telle recommandation interdisant aux Tunisiens d’entrer sur le territoire européen est motivée par le nombre élevé de contaminations et de décès dus au Covid-19 et l’accélération de la pandémie en Tunisie.
Le responsable a assuré que jusque-là, il ne s’agit que d’une recommandation et non une décision, et les pays de l’Union européenne sont libres de choisir d’interagir avec cette recommandation ou non.
La France bientôt inaccessible ?
Sauf que certains pays ont pris au sérieux cette recommandation. Il s’agit notamment du cas de la France qui a annoncé le retrait imminent de la Tunisie de la «liste verte» des pays dont les ressortissants sont autorisés à accéder à son territoire.
Dans un communiqué rendu public vendredi dernier, l’ambassade de France en Tunisie a annoncé, en effet, que les voyages en provenance de Tunisie vers l’Union européenne seront «encadrés dans les prochains jours». «L’entrée sur le territoire français, depuis la Tunisie, ne sera autorisée que dans des situations dérogatoires spécifiques, qui incluent notamment les ressortissants français et les ressortissants étrangers qui résident en France», a-t-on expliqué, ajoutant qu’à ce stade les dépôts de demande de visa restent acceptés.
«Ces nouvelles mesures seront précisées par le gouvernement français dans les prochains jours.
Elles sont indépendantes des modalités d’entrée sur le territoire tunisien», a-t-on affirmé. «La pandémie progresse très rapidement en Tunisie depuis plusieurs semaines, et, compte tenu de la recommandation adoptée au niveau européen le 22 octobre, la Tunisie a été retirée de la liste verte de l’Union européenne. Cette décision est réversible», a-t-on justifié.
Contrairement à la France, l’Allemagne a choisi de temporiser avant de prendre une telle décision. Dans un communiqué rendu public, l’ambassade d’Allemagne en Tunisie avait expliqué qu’aucune interdiction de voyage n’est actuellement appliquée aux Tunisiens qui veulent se rendre en territoire allemand; cependant, explique-t-on, certaines restrictions sont appliquées depuis plusieurs semaines en raison des risques épidémiologiques. L’ambassade rappelle, dans ce sens, que la recommandation de l’UE n’est pas une décision contraignante.
Situation inquiétante en Europe
La polémique portant sur les déplacements des Tunisiens à l’étranger et les éventuelles restrictions de voyage que certains pays pourraient leur imposer intervient alors que l’Europe fait face aussi à une nette détérioration de la situation sanitaire.
En effet, plusieurs pays européens dont notamment la France, l’Italie, la Belgique, l’Espagne et l’Allemagne ne cessent de multiplier les nouveaux pics de contamination par le coronavirus enregistrés quotidiennement. D’ailleurs, l’Italie va adopter de nouvelles restrictions contre le coronavirus, dont la fermeture des cinémas et théâtres, après la publication de chiffres records de nouvelles contaminations, ont annoncé les services du Premier ministre, Giuseppe Conte.
Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la Santé publique français, 45.422 nouvelles contaminations ont été enregistrées en 24 heures, pire bilan depuis le début de la pandémie.
En moyenne, la Belgique enregistre 11.891 nouvelles contaminations au coronavirus par jour entre le 15 et le 21 octobre, soit 50% de plus que la semaine précédente. 17.508 nouveaux cas ont été signalés pour la journée du mardi 20 octobre, un record absolu depuis le début de l’épidémie.