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Billet : Un monde hyper-ingrat !

Il ne vient que rarement à l’esprit de ceux qui assistent et qui prennent garde à la politique sportive du pays de s’interroger sur les exigences du football d’aujourd’hui, de la situation financière des clubs. Dans un monde hyper-ingrat, il y a bien de ces présidents qui, non seulement se sacrifient pour leur club, mais qui ne méritent pas aussi les procès en sorcellerie que beaucoup sont en train de leur intenter. Un mois de gestion coûte presque un million de dinars. Il est indispensable aujourd’hui de tirer les enseignements de cette injustice sportive soulignée par le fait de considérer les présidents de club comme étant prédestinés aux sacrifices et seuls concernés par les dépenses. Le dernier à en faire les frais n’est autre que le président du CSS, Moncef Khemakhem. Depuis qu’il est au club sfaxien, aussi bien sous la casquette de président que de membre, il a offert à son club des  moments forts, voire éternels. D’ailleurs, ce qui a toujours fondé sa popularité, à Sfax et ailleurs, tient aussi bien  à sa passion pour le club qu’à l’apport financier qu’il n’a cessé de lui fournir. Les présidents comme Khemakhem, Meddeb, Charfeddine et autres sont  l’assurance de la vie et de la survie des clubs dont ils assument la responsabilité. Ici et plus qu’ailleurs, on ressent de l’adhésion, de l’affiliation, de la dépendance. Etant impliqués de manière bien particulière dans le quotidien, ils se sont transformés en véritables sauveurs. Leur présence est une étape captivante dans la vie de leur club. Cela représente même un état de grâce qui n’a jamais cessé d’entraîner une vague porteuse et bénéfique. Mais jusqu’à quand ?

Un modèle et une politique sportifs ne se décrètent pas. Ils sont toujours le produit d’un champ de tensions entre des forces qui s’opposent et qui définissent les contours de la forme et du fond de la restructuration souhaitée. Sur le double  plan qualitatif et quantitatif,  le football tunisien, avec ses différentes composantes, est à la baisse. Il n’y a plus pratiquement de structures sportives qui évoluent avec une référence explicite à une forme de gestion sportive et financière bien réfléchie. Le contexte actuel constitue un exemple révélateur de la dévalorisation comptable du capital humain. Il est temps de pointer du doigt  les manquements qui ont accompagné le football tunisien, mais aussi et surtout ceux qui ne cessent de lui porter préjudice. En l’absence des dispositions requises, c’est l’issue inévitable d’une activité toujours incapable d’aspirer à un nouveau statut. Au-delà des constats, les obligations et les contraintes continueront toujours à peser, voire à conditionner la réalité sportive. Surtout tant  qu’on n’a pas trouvé les solutions adéquates et pris les décisions nécessaires. Point de moyens, point de résultats, point de formation, point de stratégie, les clubs sont considérés par les textes en vigueur comme des associations qui ne peuvent, qui ne doivent pas se faire de l’argent. Sans recettes et sans ressources, ils n’ont plus qu’une marge de manœuvre de petite taille. Résultat : il est de plus en plus difficile pour un club de boucler une saison sans dégâts. Bien des choses devraient changer dans la compétition nationale, dans les choix, dans les rôles. Cela devrait résulter des effets conjugués de modalités sportives et de stratégies bien pensées, mais aussi d’un passage obligé vers l’adaptation aux exigences d’un nouveau monde sportif dans lequel le football tunisien tarde encore à accéder. Le football n’est plus en effet ce que l’on croyait. Même s’il restera toujours prêt à accepter certains dividendes, il est entré aujourd’hui dans un contexte innovant. A travers ses modes de fonctionnement, le milieu n’est plus conservateur. La crise que connaît actuellement le football tunisien révèle les lignes de fracture au sein d’une politique et une gouvernance sportives dépassées par le temps et par les événements. Solennelle, standardisée, l’évaluation apparaît de plus en plus en décalage avec le nouveau monde. Il est urgent de repenser le football tunisien pour aboutir à un échange plus rationnel, plus fréquent, plus axé sur ses véritables maux et exigences.

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