Accueil A la une En pleine zone de turbulences : Ennahdha saura-t-il sortir de la crise ?

En pleine zone de turbulences : Ennahdha saura-t-il sortir de la crise ?

Tunisie: Ennahdha dévoilera son chef de gouvernement d'ici mi-novembre
• Des dirigeants de premier rang se retirent du Conseil de la choura en signe de protestation contre l’ordre du jour
• Le Conseil de la choura décide de reporter la tenue du congrès électif, prévu vers la fin de l’année courante, à une date ultérieure
• Rien ne semble pouvoir calmer certains dirigeants nahdhaouis qui ne veulent plus voir Rached Ghannouchi à la tête de leur parti. 

Le parti Ennahdha est-il au bord de l’implosion ? Les différents protagonistes de ce conflit si profond sauront-ils dépasser cette phase critique de l’histoire du mouvement islamiste avec les moindres dégâts politiques ? En tout cas, du côté de Montplaisir, rien ne va plus, même si certaines figures nahdhaouies assurent que ce conflit est un signe de bonne santé !

Les derniers rebondissements survenus au sein de la réunion du conseil de la Choura, structure qui monopolise la prise de décision au sein du parti, renvoient en effet à une image brouillée, voire à un contexte de divergences de points de vue, pour certains inconciliables.

Comme prévu, le conseil de la Choura a tenu à distance, dimanche dernier, sa 44e session alors que le parti traverse une zone de turbulences inédite. Tous les espoirs étaient pourtant permis : trouver un terrain d’entente et voir le bout de tunnel pour en finir avec une crise qui aura trop duré. Mais les choses ne sont pas passées comme espéré; pire encore, la tension est montée d’un cran et les esprits se sont encore une fois échauffés au point que nombre de dirigeants d’Ennahdha, même ceux de premier plan, ont décidé de se retirer de cette réunion après seulement quelques instants de son démarrage. Sous le couvert de l’anonymat, un responsable au sein de ce parti a affirmé à La Presse qu’un différend entre Rafik Abdessalam, dirigeant d’Ennahdha mais surtout gendre et personnalité très proche de Rached Ghannouchi, et certaines figures du mouvement a mené à cette situation de plus en plus envenimée.

A leur tête, des figures de proue du parti, comme Samir Dilou, Abdellatif Mekki, Mohamed Ben Salem, les mécontents qui se sont retirés de cette réunion, voulaient en effet protester contre l’entêtement de la direction du parti, formée par les partisans du Cheikh Rached Ghanouchi dont notamment Rafik Abdessalem et Abdelkarim Harouni, à vouloir maintenir un ordre du jour bien particulier et qui ne fait pas l’unanimité au sein de ce conseil. Résultat : un nombre de dirigeants d’Ennahdha décident de boycotter cette réunion qui portait surtout sur la situation épidémiologique du pays. Sauf que tout le mal réside dans la question de l’organisation du prochain congrès électif du parti. Alors que certains voulaient introduire à l’ordre du jour la discussion de la tenue du prochain congrès du parti avec obligation pour Ghannouchi de passer le flambeau et de ne pas se présenter à l’élection de la présidence du parti, une autre frange, parmi les fidèles du président du parti, estimait nécessaire, par contre, d’évoquer des sanctions à appliquer à certains membres en raison de leurs déclarations médiatiques «incendiaires».

Ennahdha précise

Sous pression, le mouvement Ennahdha a annoncé que seulement 24 membres parmi les 111 qui se sont inscrits aux travaux de la 44e session du conseil de la Choura, tenue en visioconférence, se sont retirés. De ce fait, Ennahdha a tenu à préciser que ces membres protestaient contre l’ordre du jour de la réunion et qui a été ensuite modifié à la demande de certains membres. Le parti souligne dans ce sens que les travaux de cette session, axés sur divers dossiers à caractère national et régional, se sont poursuivis de manière ordinaire.

Sauf que selon d’autres sources, contactées également par La Presse, le tiers des membres du conseil de la Choura d’Ennahdha se seraient retirés de cette réunion, soit près de quarante dirigeants qui ont claqué la porte en signe de protestation contre certains aspects organisationnels. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une première dans l’histoire du temple de Montplaisir, qu’un certain nombre, parmi les dirigeants de première ligne, se retirent d’une telle réunion du conseil.

Le Congrès reporté

En effet, décidément, rien ne va plus dans le navire d’Ennahdha qui commence à prendre l’eau de façon préoccupante pour les bases de ce parti, d’autant plus que la dernière décision de la Choura enfoncera certainement le clou. Dans un communiqué rendu public, hier, le conseil de la Choura annonce avoir décidé de reporter la tenue du congrès électif du parti à une date ultérieure, vu les circonstances sanitaires que connaît le pays.

C’est en tout cas ce que redoutait le «groupe des cent», qui voit en ce report du congrès une manière de maintenir Rached Ghannouchi à la tête d’Ennahdha et de lui offrir un nouveau mandat.

Pourtant, le président du mouvement Ennahdha et président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) affirmait qu’il n’a aucune intention, «pour le moment», de se porter candidat à la présidence d’Ennahdha ou à la présidence de la République.

Mais rien ne semble pouvoir calmer certains dirigeants nahdhaouis qui ne veulent plus voir Rached Ghannouchi à la tête de leur parti. Ces derniers sont allés jusqu’à appeler ouvertement à l’éviction de Ghannouchi coûte que coûte, en dépit de sa personnalité symbolique et son poids en tant que leader historique du parti à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

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